Laboratoire de l’intime. Les natures mortes d’Ozias Leduc
Commissaire : Laurier Lacroix
Sans palier à une relecture de l’ensemble de l’œuvre d’Ozias Leduc (1864-1955), le Musée d’art de Joliette (MAJ) souhaite jeter un nouveau regard sur un aspect de sa production qui est en lien avec d’autres aspects de son travail. Dans ce but, le MAJ se penche sur un aspect significatif de son travail en réunissant ses natures mortes autour de l’une des œuvres maîtresses de sa propre collection, Nature morte, oignons rouges (1892). En début de carrière, Leduc s’intéresse particulièrement à ce genre pictural réalisant treize natures mortes entre 1887 et 1899. Il revient ultérieurement à deux reprises sur ce sujet et intègre à de multiples occasions des natures mortes dans des compositions religieuses et des scènes de genre. Il prend comme sujet des objets familiers qui se trouvent dans son atelier.
Le genre pictural de la nature morte, traité en début de parcours, permet à Leduc de réfléchir sur ce qu’est l’art pour lui et d’énoncer certains de ses principaux centres d’intérêt à savoir, comment reconnaître le beau dans la nature, comment l’art se nourrit-il de l’art ? En explorant ce microcosme personnel, l’artiste porte sa réflexion sur les conditions de leur production (tradition, cadre matériel, source d’inspiration) et sur les manières par lesquelles advient une œuvre d’art picturale.
L’objectif de cette exposition centrée qui réunit une dizaine d’œuvres, vise à bien les mettre en valeur afin de souligner les relations qui s’établissent entre elles. L’exposition permet de faire valoir l’univers pictural qui nourrissait l’artiste, d’explorer les structures formelles de ses compositions et de présenter la fortune critique de ses tableaux.
Laurier Lacroix
Commissaire
Biographie
Ozias Leduc
Né à Saint-Hilaire de Rouville en 1864, Ozias Leduc a réalisé le décor de plus d’une vingtaine d’églises, mais il est également l’auteur d’un important corpus d’œuvres profanes. Il s’adonne à la peinture de chevalet tout au long de sa carrière réalisant des portraits, des natures mortes et des paysages. Cet artiste, poète et intellectuel exerça une influence considérable auprès de plusieurs générations d’artistes d’avant garde, que ce soit les membres du Nigog (1918) ou des automatistes, tels que Paul-Émile Borduas, dont il fut le maître et Jean Paul Riopelle. En 1938, l’Université de Montréal lui décerne un doctorat honorifique. Il décède à Saint-Hyacinthe en 1955.
Laurier Lacroix
Laurier Lacroix, C.M., est professeur émérite de l’Université du Québec à Montréal où il a enseigné l’histoire de l’art et la muséologie. Il est reconnu comme un spécialiste de l’œuvre d’Ozias Leduc auquel il a consacré son mémoire de maîtrise (1973), une douzaine d’articles et quatre expositions, dont la rétrospective de 1996, Ozias Leduc une œuvre d’amour et de rêve qui a été présentée à Montréal, Québec et Toronto. Il est membre de l’Académie des lettres du Québec et de la Société des Dix.
Oliver Laric – Tous droits réservés
La démocratisation d’Internet et l’apogée des réseaux sociaux ces dernières années ont ouvert un accès illimité à la connaissance et favorisé la circulation en libre accès de données de toutes sortes. Outil propice à la création, Internet est devenu une source d’inspiration esthétique sans limites et autosuffisante, permettant à plusieurs artistes de développer de nouvelles pratiques. S’inscrivant dans cette voie, la recherche artistique d’Oliver Laric questionne le devenir des droits d’auteurs et de la propriété intellectuelle dans un contexte dominé par les principes du partage et de l’appropriation.
Que penser du concept d’originalité? Sur quoi repose la valeur d’un objet à partir du moment où sa rareté est remise en question? À qui appartient l’information dès lors qu’elle circule librement? Laric joue avec ces questions en s’immisçant dans une zone « grise » où il exploite les failles de la légalité. En effet, ses œuvres reprennent, détournent et reproduisent des images, associées aussi bien à la culture pop qu’à l’histoire de l’art, qu’il tire d’Internet et qu’il recopie grâce à des procédés numériques. En explorant le piratage et la réinterprétation, l’artiste rend les concepts d’authenticité et de valeur obsolètes, soulignant au passage la façon dont les nouvelles technologies modifient notre rapport à ces derniers.
Ses sculptures, des reproductions de statues grecques et romaines classiques dans des matériaux modernes tels que le polyuréthane, sont réalisées grâce à des imprimantes 3D. Il peut ainsi copier une œuvre à l’origine unique, mais aussi archiver les informations nécessaires à leur reproduction, pour reprendre ce même processus indéfiniment. Il s’intéresse également à l’économie de la contrefaçon en composant des images à partir d’hologrammes qu’il a fait produire en Chine et qui servent habituellement à authentifier les documents officiels. Finalement, sa vidéo présente un univers où l’hybridité est la règle : des extraits de dessins animés et des images de jouets trouvés sur YouTube subissent d’étranges mutations, croisant les règnes animal, végétal, humain et technologique sans égard pour les théories de l’évolution. Ce corpus d’œuvres, présenté pour la première fois au Québec, témoigne ainsi de la diversité des médiums utilisés par Laric pour alimenter sa recherche.
Biographie —
Oliver Laric, né en 1981 à Innsbruck en Autriche, vit et travaille à Berlin, en Allemagne.
Diplômé de l’Université des Arts appliqués de Vienne en 2007, il se situe dans le courant artistique post-internet. Ses travaux interrogent les concepts d’auteur, d’authenticité et d’appropriation.
Il a déjà participé à de nombreuses expositions individuelles et de groupe en Europe, aux États-Unis et au Canada. Ses œuvres ont notamment été exposées à la Sécession viennoise et à la Biennale de Liverpool en 2016. Il est représenté par la Galerie Tanya Leighton, à Berlin.
Prémices d’un musée. Les acquisitions de 1943 à 1967
L’année 2017 marque le 50e anniversaire du Musée d’art de Joliette, c’est-à-dire de sa constitution en société autonome en 1967. En cette occasion, le MAJ a choisi de présenter une sélection d’œuvres parmi les premières acquisitions datant de 1943, effectuée sous l’impulsion du Père Wilfrid Corbeil, c.s.v. Ces œuvres charnières justifieront la collection à l’origine de la création du MAJ, et en marqueront son identité future.
Laboratoire de l’intime. Les natures mortes d’Ozias Leduc
Commissaire : Laurier Lacroix
Sans palier à une relecture de l’ensemble de l’œuvre d’Ozias Leduc (1864-1955), le Musée d’art de Joliette (MAJ) souhaite jeter un nouveau regard sur un aspect de sa production qui est en lien avec d’autres aspects de son travail. Dans ce but, le MAJ se penche sur un aspect significatif de son travail en réunissant ses natures mortes autour de l’une des œuvres maîtresses de sa propre collection, Nature morte, oignons rouges (1892). En début de carrière, Leduc s’intéresse particulièrement à ce genre pictural réalisant treize natures mortes entre 1887 et 1899. Il revient ultérieurement à deux reprises sur ce sujet et intègre à de multiples occasions des natures mortes dans des compositions religieuses et des scènes de genre. Il prend comme sujet des objets familiers qui se trouvent dans son atelier.
Le genre pictural de la nature morte, traité en début de parcours, permet à Leduc de réfléchir sur ce qu’est l’art pour lui et d’énoncer certains de ses principaux centres d’intérêt à savoir, comment reconnaître le beau dans la nature, comment l’art se nourrit-il de l’art ? En explorant ce microcosme personnel, l’artiste porte sa réflexion sur les conditions de leur production (tradition, cadre matériel, source d’inspiration) et sur les manières par lesquelles advient une œuvre d’art picturale.
L’objectif de cette exposition centrée qui réunit une dizaine d’œuvres, vise à bien les mettre en valeur afin de souligner les relations qui s’établissent entre elles. L’exposition permet de faire valoir l’univers pictural qui nourrissait l’artiste, d’explorer les structures formelles de ses compositions et de présenter la fortune critique de ses tableaux.
Laurier Lacroix
Commissaire
Biographie
Ozias Leduc
Né à Saint-Hilaire de Rouville en 1864, Ozias Leduc a réalisé le décor de plus d’une vingtaine d’églises, mais il est également l’auteur d’un important corpus d’œuvres profanes. Il s’adonne à la peinture de chevalet tout au long de sa carrière réalisant des portraits, des natures mortes et des paysages. Cet artiste, poète et intellectuel exerça une influence considérable auprès de plusieurs générations d’artistes d’avant garde, que ce soit les membres du Nigog (1918) ou des automatistes, tels que Paul-Émile Borduas, dont il fut le maître et Jean Paul Riopelle. En 1938, l’Université de Montréal lui décerne un doctorat honorifique. Il décède à Saint-Hyacinthe en 1955.
Laurier Lacroix
Laurier Lacroix, C.M., est professeur émérite de l’Université du Québec à Montréal où il a enseigné l’histoire de l’art et la muséologie. Il est reconnu comme un spécialiste de l’œuvre d’Ozias Leduc auquel il a consacré son mémoire de maîtrise (1973), une douzaine d’articles et quatre expositions, dont la rétrospective de 1996, Ozias Leduc une œuvre d’amour et de rêve qui a été présentée à Montréal, Québec et Toronto. Il est membre de l’Académie des lettres du Québec et de la Société des Dix.
Oliver Laric – Tous droits réservés
La démocratisation d’Internet et l’apogée des réseaux sociaux ces dernières années ont ouvert un accès illimité à la connaissance et favorisé la circulation en libre accès de données de toutes sortes. Outil propice à la création, Internet est devenu une source d’inspiration esthétique sans limites et autosuffisante, permettant à plusieurs artistes de développer de nouvelles pratiques. S’inscrivant dans cette voie, la recherche artistique d’Oliver Laric questionne le devenir des droits d’auteurs et de la propriété intellectuelle dans un contexte dominé par les principes du partage et de l’appropriation.
Que penser du concept d’originalité? Sur quoi repose la valeur d’un objet à partir du moment où sa rareté est remise en question? À qui appartient l’information dès lors qu’elle circule librement? Laric joue avec ces questions en s’immisçant dans une zone « grise » où il exploite les failles de la légalité. En effet, ses œuvres reprennent, détournent et reproduisent des images, associées aussi bien à la culture pop qu’à l’histoire de l’art, qu’il tire d’Internet et qu’il recopie grâce à des procédés numériques. En explorant le piratage et la réinterprétation, l’artiste rend les concepts d’authenticité et de valeur obsolètes, soulignant au passage la façon dont les nouvelles technologies modifient notre rapport à ces derniers.
Ses sculptures, des reproductions de statues grecques et romaines classiques dans des matériaux modernes tels que le polyuréthane, sont réalisées grâce à des imprimantes 3D. Il peut ainsi copier une œuvre à l’origine unique, mais aussi archiver les informations nécessaires à leur reproduction, pour reprendre ce même processus indéfiniment. Il s’intéresse également à l’économie de la contrefaçon en composant des images à partir d’hologrammes qu’il a fait produire en Chine et qui servent habituellement à authentifier les documents officiels. Finalement, sa vidéo présente un univers où l’hybridité est la règle : des extraits de dessins animés et des images de jouets trouvés sur YouTube subissent d’étranges mutations, croisant les règnes animal, végétal, humain et technologique sans égard pour les théories de l’évolution. Ce corpus d’œuvres, présenté pour la première fois au Québec, témoigne ainsi de la diversité des médiums utilisés par Laric pour alimenter sa recherche.
Biographie —
Oliver Laric, né en 1981 à Innsbruck en Autriche, vit et travaille à Berlin, en Allemagne.
Diplômé de l’Université des Arts appliqués de Vienne en 2007, il se situe dans le courant artistique post-internet. Ses travaux interrogent les concepts d’auteur, d’authenticité et d’appropriation.
Il a déjà participé à de nombreuses expositions individuelles et de groupe en Europe, aux États-Unis et au Canada. Ses œuvres ont notamment été exposées à la Sécession viennoise et à la Biennale de Liverpool en 2016. Il est représenté par la Galerie Tanya Leighton, à Berlin.
Prémices d’un musée. Les acquisitions de 1943 à 1967
L’année 2017 marque le 50e anniversaire du Musée d’art de Joliette, c’est-à-dire de sa constitution en société autonome en 1967. En cette occasion, le MAJ a choisi de présenter une sélection d’œuvres parmi les premières acquisitions datant de 1943, effectuée sous l’impulsion du Père Wilfrid Corbeil, c.s.v. Ces œuvres charnières justifieront la collection à l’origine de la création du MAJ, et en marqueront son identité future.