Mirages, 2010, image tirée de la vidéo

Pourquoi photogénique? d’Emanuel Licha, vernissage le samedi 1er mai à 15h chez SBC

Conversation entre Emanuel Licha et Stephen Horne, de 14 h 30 à 15 h (en anglais)

SBC galerie d’art contemporain présente l’exposition Pourquoi photogénique? de l’artiste Emanuel Licha et du commissaire Stephen Horne. Pour la première présentation de son projet rassemblant les œuvres Mirages (2010) et Bagdads (2009), Emanuel Licha exploite l’espace public de la galerie et s’approprie les procédés techniques propres au cinéma, à l’architecture et au journalisme. L’artiste crée une mise en scène qui interroge l’influence des forces militaires, de Hollywood et des médias dans la construction occidentale de la figure de l’Autre.

Dans un parcours étroitement contrôlé par un agencement de murs de contre-plaqué, Pourquoi photogénique? entraîne le visiteur dans une suite de stations où il devient tour à tour acteur et spectateur de la mise en scène. Au premier arrêt, un téléviseur montre l’artiste qui regarde un reportage sur Fort Irwin, un camp d’entraînement militaire, situé dans un désert en Californie, qui imite la ville de Bagdad en Irak. Au second arrêt, Mirages présente une vidéo à deux canaux dans un dispositif qui rappelle la salle de cinéma et le théâtre de marionnettes. Par un enchevêtrement judicieux d’images du camp d’entraînement, d’entrevues avec les membres de l’équipe de production du camp et d’une visite guidée d’un studio de Hollywood, Licha révèle la fabrication de la réalité de Fort Irwin. La bande sonore, les fondus enchaînés et les travellings propres au cinéma accentuent la différence entre cette réalité et celle de la vraie guerre. Pourquoi photogénique? continue de troubler les perceptions en guidant le visiteur vers des coulisses qui mènent à Bagdads, une série de quatre photographies constituées d’une superposition de trois lieux portant le nom de Bagdad. Des éléments de la ville déserte de Californie, de celle reconstituée à Fort Irwin et de celle plongée dans la guerre en Irak sont juxtaposés et créent une quatrième Bagdad qui brouille les frontières entre la réalité et la fiction, entre le poétique et le politique.

Emanuel Licha se fait à la fois détracteur et partisan du photogénique. À la question Pourquoi photogénique? la réponse se trouve dans la mise en scène. C’est elle qui, dans un jeu de dissimulations et d’accentuations, confronte le spectateur à ses manières de percevoir et de regarder.

Emanuel Licha vit à Paris et à Montréal. Son travail a été remarqué dans des expositions individuelles, notamment au Disseny Hub Barcelona à Barcelone, 2009, à la Galerie Cortex Athletico à Bordeaux, 2008 et au Centre culturel canadien à Paris, 2005 ainsi que dans plusieurs événements internationaux, notamment au Québec, à la Triennale québécoise du Musée d’art contemporain de Montréal, 2008 et à La Biennale de Montréal, 2000. En juin 2010, il participera à l’exposition Storyteller à la Art Gallery of Ontario. Emanuel Licha remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec pour son appui financier.

Stephen Horne vit et travaille à Montréal. Auteur et critique en art contemporain, il a écrit plusieurs articles et essais pour des revues et des anthologies canadiennes, européennes et asiatiques. Son plus récent essai, Dwelling: A Set-Up, est consacré au travail de Emanuel Licha et sera publié à l’été 2010 dans le magazine Ciel variable numéro 85.

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