Peep Art

Peep Art / Art voyou, vernissage le vendredi 13 mars à 19h à L’Écart… lieu d’art actuel

Du 13 mars au 11 avril 2009

PEEP ART / ART VOYOU

Catherine Plaisance et Christian Barré (Québec)

Marie-Suzanne Désilets (Montréal)

Christian Leduc (Rouyn-Noranda)

Mathieu Janneteau (Rouyn-Noranda)

Maria SantaCecilia et Nicolas Minacapilli

(Buenos Aires)

Commissaire :

Jean-Jacques Lachapelle (Ville-Marie)

 

 

 

 

 


Jusqu’où montrer et comment. Tel est le principal enjeu de la sélection de projets réunis sous le titre Peep Art / Art voyou. Dans le jeu de mot, on pense à Pop Art et Peep Show. Il s’agit d’un mélange des deux. Il témoigne de réfléchir sur l’état actuel des limites des tabous et de leur représentation. Le corps demeure l’animal en puissance, c’est-à-dire le siège de la capacité d’une société d’atteindre son spleen. En intentant ce déplacement d’un art intime qui prend la place publique, un contre-jeu s’installe : l’artiste se rebelle dans la mise en vente des plaisirs du corps et s’adresse directement à l’intellect. Ainsi, les baisers de Plaisance/Barré offrent une tension charnelle salutaire dans les paysages industriels, le désir et l’intime de Désilets se frayent un passage et érotisent les moindres interstices du quotidien, les pin-up pulpeuses de Jeanneteau s’épinglent sur la peau, les inoffensifs fouets de SantaCecilia/Minacapilli alimentent un sadomasochisme latent et les collages de Leduc usent des magazines porno comme d’une matière plastique en soi.  

 

Charbon et Turbo – Marie-Suzanne Désilets

Le projet Charbon et Turbo explore les notions des documents, de la relecture et de l’inévitable rôle de la reconfiguration comme outil pour faire du sens dans nos vies. Depuis plus de trois ans, j’aborde les manques affectifs et les succédanés, tout en explorant les limites liées à la gêne et aux tabous. Un lapin et un godemiché, prénommés Charbon et Turbo, deviennent les personnages principaux d’une intrigue où se confondent le phantasme et le réel. Réalisé sur le modèle d’un journal intime, le projet crée un espace ambigu entre ce qui est vécu et ce qui est raconté, avec à l’appui pages du journal intime et photographies. L’histoire, toujours en devenir s’étale en morceaux sur plusieurs supports incomplets et précaires. Les visiteurs sont invités à déambuler à travers l’installation et à reconfigurer, d’une scène à l’autre, l’espace du récit.

Intéressée par les relations humaines et par les multiples codes qu’elles comportent, Marie-Suzanne Désilets construit des situations qui bousculent le déroulement de tous les jours. Depuis 1996, elle a réalisé et présenté de nombreux projets au Québec, au Canada et à l’étranger. Parmi ses réalisations, mentionnons les interventions urbaines Affranchir suffisamment (Manif d’art 3, Québec, 2005) et Transformation extrême (3e Impérial, Granby, 2004), une résidence à l’atelier Lebras (Nantes, 2003) et une performance à la galerie New Langton Arts (San Francisco, 2002 – reprise à la maison de la culture Frontenac de Montréal en 2007). L’artiste a complété un baccalauréat en histoire de l’art ainsi qu’en design de l’environnement et détient une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal. Elle enseigne à l’École de design industriel de l’Université de Montréal ainsi qu’au Collège de Bois-de-Boulogne. Elle est impliquée activement au centre d’artistes DARE-DARE à Montréal depuis 1999.

 

Les baisers de résistance – Catherine Plaisance et Christian Barré

Les baisers de résistance est un projet réalisé à partir d’une manœuvre exécutée dans divers lieux publics. Il s’agit de commerces démesurément grands, d’incursion en milieu de travail, ou encore de lieux froids et impersonnels. Le baiser  nous sert ici de véhicule poétique de rapprochement. Suscitant tantôt un malaise, tantôt un sourire ou une discussion, nos baisers s’immiscent dans divers contextes étrangers à l’intime. La participation d’une tierce personne, présente sur les lieux, rend d’emblée ce baiser événementiel. Les trois acteurs s’accordent à créer une mise en scène improvisée faisant basculer ce geste d’intimité dans la sphère publique. Par un jeu de contraste visuel, ces images donnent à voir des scènes dont le geste introduit une dissonance dans les paysages du quotidien. Ces oppositions entre le lieu et l’action, renforcent l’idée d’un rapprochement émotif possible entre deux individus. Cette union, ainsi circonscrite, entraîne une propagation du baiser hors des conventions de la sphère de l’intime. Ce corpus photographique et manœuvrier se présente comme une tentative de dialogue et d’échange sur la proximité que nous entretenons les uns avec les autres.

Christian Barré. Ma pratique en arts visuels a pour but de réaliser une œuvre qui sauvegarde l’originalité et l’irréductibilité du rapport vécu avec autrui. J’espère ainsi démontrer pourquoi ce dernier ne se laisse pas réduire au simple statut d’objet quelconque, fut-il habité par une conscience. L’objectif est de reconnaître l’importance du sujet au-delà d’une identité permutable pour arriver à feindre la tendance à juger d’après ce que nous voyons plutôt que d’après ce que nous savons. L’essentiel de mon ouvrage demeure basé sur une interrogation des expériences identitaires articulées autour du langage (son signe et son signifiant). Mon intention est de miner l’aspect communicatif de l’objet d’art pour court-circuiter son aspect socio-fonctionnel.

Catherine Plaisance. Nous remarquons que l’importance accordée à la dynamique mercantile modifie grandement notre rapport au monde. Elle exerce une constante pression sur nos valeurs identitaires et dénature les rapports avec autrui. À partir de ce constat, j’élabore intuitivement des oeuvres qui abordent des circonstances qui me semblent dénaturantes. J’utilise différents médiums pour appuyer le concept : photographie, vidéo, installation et performance. Mes œuvres s’offrent comme une réflexion sur le conformisme aux valeurs moussées par la culture des médias et l’ordre économique. Elles s’appuient sur une stratégie sensualiste qui fait basculer l’image dans une narration troublante et déstabilisante.

 

Vicky et ses amies – Christian Leduc

Vicky et ses amies est un projet de collages où la matière première est la revue pornographique, objet visuel tabou. Dans ce projet, Christian Leduc explore de façon terriblement ludique, l’imaginaire collectif en référence de pornographie. Le dit et le non-dit s’entrechoquent violemment et notre imagination nous joue des tours. Vicky et ses amies est un objet visuel né de plusieurs autres dont le but est légèrement détourné le temps de quelques pages pour nous faire voir ce monde superficiel avec un rictus.

Christian Leduc obtient sa première exposition solo en 2002 à L’Écart alors qu’il présente Vu d’eau. Depuis ce temps, il a effectué plusieurs résidences dans d’autres centres d’artistes au Québec (Rimouski, Carleton, Chicoutimi) et plusieurs expositions au Québec ainsi qu’à l’étranger (Argentine, Serbie, Nouvelle-Zélande). La photographie est son médium de prédilection mais il touche aussi à la vidéo et l’écriture. Il respire et cligne des yeux principalement à Rouyn-Noranda.

 

Utilisado – Maria SantaCecilia et Nicolas Minacapilli

Le titre Utilisado fait référence à l’émission féminine de la télé sudaméricaine Utilisima où l’on enseigne aux femmes des travaux domestiques. Et pour nous la contraction entre utile et sado a créé Utilisado. Notre idée a donc été de nous moquer de la tribu urbaine qui crée quelque chose de mystique autour des fouets, une mystique similaire à celle développée dans les émissions féminines depuis 30 ans. Les fouets sont réalisés de façon artisanale avec des cuirs souples et colorés. Ces cuirs, souvent taillés comme des dentelles, sont tous récupérés de la grande industrie argentine du vêtement. C’est par notre travail qu’ils acquièrent une nouvelle vie, mais en même temps, ils sont des pastiches des véritables fouets sadomasochistes. Leurs couleurs, leurs légèretés jusqu’à leurs matériaux rappellent mieux la caresse que les coups. Leur mise en scène kitch et notre propre mise en scène kitch sont une tentative de dépasser des expériences affectives qui conduisent aux limites du jeu érotique. En les travaillant, en remodelant leurs designs, nous avons tenté très instinctivement de surmonter notre propre vulnérabilité affective, conditionnée trop souvent par la même logique des stéréotypes féminins véhiculés par les mass médias. La recherche conceptuelle a déterminé le caractère dense, ridicule et lourd du projet.

Maria SantaCecilia. Maria SantaCecilia réside à San Fernando (Buenos Aires) en Argentine. Artiste en art visuel, directrice de la résidence TDMaria, une résidence  internationale pour les artistes de toutes disciplines à Buenos Aires, elle agit également  comme commissaire indépendante. Elle pratique le dessin, la sculpture, l’installation et le livre d’artiste. Depuis 1994, elle participe à des expositions collectives et individuelles dans son pays comme à l’extérieur. En 2006, elle a remporté la Mention sculpture à la Biennale internationale d’art miniature de Ville-Marie.

Nicolas Minacapilli. Je suis né le 30 octobre 1981 dans la ville de Montévidéo, en Uruguay. J’ai grandi très proche de mes grands-parents et me rappelle que depuis tout jeune, j’ai passé les soirées avec mon grand-père à discuter du crépuscule et de ses magnifiques couleurs. J’ai grandi aussi entre la cumbia et le punk rock. À 18 ans, je me suis ennuyé d’étudier et à 19 ans au moment d’une frénésie de partir vivre en Italie, je suis tombé sur une grande affiche qui disait Photographie. Je suis alors entré dans la nouvelle dimension, la photographie, appuyé par les cours du mexicain Carlos Amerigo. Dans ce travail de lumière, j’ai commencé à rechercher avec la caméra l’exposition multiple et me suis découvert une mission importante : donner la lumière par les images. Aujourd’hui je vis à Buenos Aires.

 

Pin up – Mathieu Janneteau

L’exposition Pin up est un amalgame de dessins crayonnés pour la réalisation de tatouage et d’illustrations inspirées du tatouage.Les femmes voluptueuses font partie de l’univers du tatouage depuis la marine marchande de la fin du XVIII siècle. Les marins ramenaient sur leurs peaux les jolies indigènes du Pacifique qu’ils avaient rencontrées dans leurs voyages.

Avec la deuxième guerre mondiale, elles se sont répandues dans tous les corps armés et ont même décoré de nombreux bombardiers B-17. C’est au milieu des années 40 que le terme Pin up est apparu. À cette époque, elles étaient très présentes dans la publicité et les jeunes hommes les épinglaient au mur. On qualifie cette période de Old School chez les tatoueurs. Ce sont les équipages des bombardiers, qui après la 2e guerre, ont formé les premiers groupes de motards criminalisés et des pin-up habillées de cuir ont suivi. Le tatouage a acquis son statut d’art voyou à cette période.

Aujourd’hui, le tatouage est plus répandu et accessible. Maintenant, il y a de plus en plus de femmes aux personnalités fortes qui se font tatouer des pin up sexy, de style New School. C’est une réappropriation post-féministe d’une image machiste. Les filles qui se font tatouer des pin-up assument pleinement leur féminité. Chez les hommes qui se font tatouer des pin-up, elles demeurent la représentation d’un idéal féminin.

Mathieu Janneteau est originaire de l’Abitibi-Témiscamingue. Tout en pratiquant  le tatouage, il a fait un DEC en graphisme à Rivière-du-Loup, un DEC en dessin-animé et des études en 3D au cégep du Vieux-Montréal, en plus d’un certificat en scénarisation à l’UQAM. À la fin de sa formation, il a poursuivi dans la voie du tatouage, puisqu’elle correspondait au style de vie qu’il recherchait.

Il revient à sa terre natale afin d’y fonder sa famille, tout en pratiquant le tatouage et l’illustration. Il est aussi récipiendaire d’une bourse artistique du CALQ et de la conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue pour la réalisation d’une bande-dessinée.

 

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