Je m’intéresse principalement aux nouvelles façons d’explorer les conventions du regard et de concevoir l’image en mouvement. Expérimental et ludique, mon travail vise à captiver le regardeur par l’intrigue, l’émerveillement, tout en suscitant sa curiosité. Je suis mue par le besoin de connaitre le fonctionnement des choses, de réduire le mouvement, la vidéo et l’écran à leurs éléments constitutifs fondamentaux, et de les reconstruire par la suite. Une projection devient alors des particules lumineuses et des ombres en mouvement, l’écran déconstruit et concrétise, le mouvement est disséqué en images figées.
J’explore actuellement la notion du « ici ». Le sens du lieu joue un rôle important dans mon travail, par des images évoquant le voyage, la fluidité du lieu et la mémoire. Les écrits d’Italo Calvino et le thème récurrent du voyage dans son œuvre m’inspirent. Calvino croyait que vivre dans un pays qui n’est pas le sien accentuait sa conscience de son environnement. «Quand il arrive dans une nouvelle ville, le voyageur retrouve une part de son passé dont il ne savait plus qu’il la possédait. L’étrangeté de ce que tu n’es plus ou ne possèdes plus t’attend au passage dans les lieux étrangers et jamais possédés » (Les villes invisibles). Je fais appel aux ombres pour représenter ces idées. L’ombre est une présence illusoire, la preuve qu’il existe des connaissances qui échappent à la lumière. Par la densité impalpable de son vide embrumé, l’ombre suggère la constance absolue du changement et l’impossibilité de freiner le mouvement du sens.
L’artiste multidisciplinaire Pavitra Wickramasinghe s’intéresse aux conventions du regard et aux nouvelles façons de concevoir l’image en mouvement. Son travail actuel explore le voyage, la fluidité du lieu et la mémoire. Elle utilise la lumière et les ombres comme extension de l’image projetée pour créer des installations où le regardeur, au lieu d’observer l’œuvre de l’extérieur, occupe un espace cinématographique à l’intérieur de celle-ci. Ses expositions ont été présentées, entre autres, à Kunst Kraft Werk (Allemagne), à la Galerie Leonard et Bina Ellen (Montréal), au Yeosu International Art Festival (Corée du Sud), au Centre des arts Enghien-les-Bains (France), à Cable Factory (Finlande), au Centro Cultural del Matadero (Espagne) et à la Galerie B-312 (Montréal). Elle a effectué de nombreuses résidences d’artiste et reçu plusieurs prix et bourses, dont Art Omi (NY), la Chambre Blanche (Québec), Pépinières européennes pour jeunes artistes (Espagne), le programme des bourses pour artistes UNESCO-Aschberg, le Changdong Art Studio du Musée national d’art contemporain (Corée du Sud), le Conseil des arts du Canada et la Bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain.
Mary Sherman
Visite commentée
samedi 28 mai, à 15 h 30
Délai est une installation minimaliste qui aborde la question de l’amour impossible. Elle est conçue comme une tromperie, sur les plans visuel, sonore et expérientiel; un dispositif qui ralentit le temps et cause un décalage – tout comme l’amour. Le décalage en jeu ici découle de mon propre amour pour la peinture et de mon désir de renouer avec son expansion au 20e siècle vers l’espace tridimensionnel, et de l’étendre jusque dans les dimensions sonore et temporelle. Comprendre le tableau comme un artefact contribue à favoriser l’œil aux dépens de l’oreille, et même du toucher. Autrement dit, les façons conventionnelles de regarder la peinture privilégient une expérience visuelle et unidimensionnelle, au lieu de l’envisager comme un phénomène qui se déroule dans le temps, dimension mieux adaptée à l’oreille qu’à l’œil.
Dans Délai, la peinture devient une incarnation du processus. L’agencement des couleurs et des formes, la joie de parcourir visuellement les textures de la surface du tableau, sans pouvoir les toucher, provoque un désir immédiat. Ce désir est avivé par un fourmillement à l’oreille, l’ouïe étant le sens qui complète la vue dans notre expérience du temps et de l’espace. C’est cette douce provocation, cette suggestion évasive, qui fascine le spectateur : le tableau éveille plusieurs sens, le temps ralentit, un décalage se produit.
Réalisé en collaboration avec Florian Grond, Délai fait expressément référence à l’intérêt qu’avait Marcel Duchamp pour la rencontre entre l’image et le son, et à son Grand verre (La Mariée mise à nu par ses célibataires, même), œuvre qui porte, elle aussi, sur le sujet de l’amour impossible et dont le titre d’origine fut Délai.
– Mary Sherman, 2015
OBORO accueille Délai en prélude à l’exposition rétrospective La mécanique des rêves de Mary Sherman, présentée par la commissaire Tamar Tembeck à l’automne 2016.
Je m’intéresse principalement aux nouvelles façons d’explorer les conventions du regard et de concevoir l’image en mouvement. Expérimental et ludique, mon travail vise à captiver le regardeur par l’intrigue, l’émerveillement, tout en suscitant sa curiosité. Je suis mue par le besoin de connaitre le fonctionnement des choses, de réduire le mouvement, la vidéo et l’écran à leurs éléments constitutifs fondamentaux, et de les reconstruire par la suite. Une projection devient alors des particules lumineuses et des ombres en mouvement, l’écran déconstruit et concrétise, le mouvement est disséqué en images figées.
J’explore actuellement la notion du « ici ». Le sens du lieu joue un rôle important dans mon travail, par des images évoquant le voyage, la fluidité du lieu et la mémoire. Les écrits d’Italo Calvino et le thème récurrent du voyage dans son œuvre m’inspirent. Calvino croyait que vivre dans un pays qui n’est pas le sien accentuait sa conscience de son environnement. «Quand il arrive dans une nouvelle ville, le voyageur retrouve une part de son passé dont il ne savait plus qu’il la possédait. L’étrangeté de ce que tu n’es plus ou ne possèdes plus t’attend au passage dans les lieux étrangers et jamais possédés » (Les villes invisibles). Je fais appel aux ombres pour représenter ces idées. L’ombre est une présence illusoire, la preuve qu’il existe des connaissances qui échappent à la lumière. Par la densité impalpable de son vide embrumé, l’ombre suggère la constance absolue du changement et l’impossibilité de freiner le mouvement du sens.
L’artiste multidisciplinaire Pavitra Wickramasinghe s’intéresse aux conventions du regard et aux nouvelles façons de concevoir l’image en mouvement. Son travail actuel explore le voyage, la fluidité du lieu et la mémoire. Elle utilise la lumière et les ombres comme extension de l’image projetée pour créer des installations où le regardeur, au lieu d’observer l’œuvre de l’extérieur, occupe un espace cinématographique à l’intérieur de celle-ci. Ses expositions ont été présentées, entre autres, à Kunst Kraft Werk (Allemagne), à la Galerie Leonard et Bina Ellen (Montréal), au Yeosu International Art Festival (Corée du Sud), au Centre des arts Enghien-les-Bains (France), à Cable Factory (Finlande), au Centro Cultural del Matadero (Espagne) et à la Galerie B-312 (Montréal). Elle a effectué de nombreuses résidences d’artiste et reçu plusieurs prix et bourses, dont Art Omi (NY), la Chambre Blanche (Québec), Pépinières européennes pour jeunes artistes (Espagne), le programme des bourses pour artistes UNESCO-Aschberg, le Changdong Art Studio du Musée national d’art contemporain (Corée du Sud), le Conseil des arts du Canada et la Bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain.
Mary Sherman
Visite commentée
samedi 28 mai, à 15 h 30
Délai est une installation minimaliste qui aborde la question de l’amour impossible. Elle est conçue comme une tromperie, sur les plans visuel, sonore et expérientiel; un dispositif qui ralentit le temps et cause un décalage – tout comme l’amour. Le décalage en jeu ici découle de mon propre amour pour la peinture et de mon désir de renouer avec son expansion au 20e siècle vers l’espace tridimensionnel, et de l’étendre jusque dans les dimensions sonore et temporelle. Comprendre le tableau comme un artefact contribue à favoriser l’œil aux dépens de l’oreille, et même du toucher. Autrement dit, les façons conventionnelles de regarder la peinture privilégient une expérience visuelle et unidimensionnelle, au lieu de l’envisager comme un phénomène qui se déroule dans le temps, dimension mieux adaptée à l’oreille qu’à l’œil.
Dans Délai, la peinture devient une incarnation du processus. L’agencement des couleurs et des formes, la joie de parcourir visuellement les textures de la surface du tableau, sans pouvoir les toucher, provoque un désir immédiat. Ce désir est avivé par un fourmillement à l’oreille, l’ouïe étant le sens qui complète la vue dans notre expérience du temps et de l’espace. C’est cette douce provocation, cette suggestion évasive, qui fascine le spectateur : le tableau éveille plusieurs sens, le temps ralentit, un décalage se produit.
Réalisé en collaboration avec Florian Grond, Délai fait expressément référence à l’intérêt qu’avait Marcel Duchamp pour la rencontre entre l’image et le son, et à son Grand verre (La Mariée mise à nu par ses célibataires, même), œuvre qui porte, elle aussi, sur le sujet de l’amour impossible et dont le titre d’origine fut Délai.
– Mary Sherman, 2015
OBORO accueille Délai en prélude à l’exposition rétrospective La mécanique des rêves de Mary Sherman, présentée par la commissaire Tamar Tembeck à l’automne 2016.
Mary Sherman est artiste et directrice du centre d’artistes autogéré TransCultural Exchange, qu’elle a fondé en 1989 à Chicago. Elle enseigne au Boston College et à la Northeastern University et a été, en 2010, directrice adjointe par intérim du programme en art, culture et technologies au Massachusetts Institute of Technology. Pendant qu’elle poursuivait sa carrière d’artiste, elle a aussi travaillé pendant deux décennies comme critique d’art pour le Chicago Sun-Times, le Boston Globe et ARTnews. Elle a reçu de nombreux prix et bourses, dont deux Fulbright Senior Specialist Grants, et a été artiste en résidence au MIT et au Taipei Artist Village. Ses œuvres, qui élargissent la définition de la peinture pour englober l’espace et le son, ont été présentées au Musée Kuandu de Taipei, au Conservatoire central de Pékin, au WUK Kunsthalle de Vienne, à l’Académie des Beaux-Arts de Trondheim de l’Université norvégienne de sciences et de technologie, à la Galerie Kwanghoon de Séoul, et à la Trans Hudson Gallery de New York, entre autres.
www.marysherman.org
Florian Grond poursuit actuellement un postdoctorat de recherche-création au Laboratoire Input Devices and Music Interaction Laboratory (IDMIL) de l’Université McGill en collaboration avec la Société des arts technologiques (SAT). Il est également collaborateur au Centre interdisciplinaire de recherche en musique, médias et technologie, à Montréal. Il est détenteur d’une maitrise ès sciences de l’Université Karl-Franzens de Graz (Autriche). De 2003 à 2007, il a été associé de recherche et artiste invité au Centre d’arts et de technologie des médias ZKM, à Karlsruhe, en Allemagne. Il a obtenu un doctorat de l’Université Bielefed, en Allemagne, en 2013. Sa pratique artistique et académique s’intéresse à l’intersection entre l’art et la science, avec un intérêt particulier pour le son.
Montréal (Québec) H2L 4H2