Numéro 262 – Printemps 2021 : En interaction avec le territoire

Date de tombée : 27 septembre 2020
Dossier du numéro 262 – Printemps 2021 : « En interaction avec le territoire »

Nombreux sont les artistes qui s’intéressent au territoire pour produire leurs œuvres. Ils s’en imprègnent, s’y rendent sensibles, et cela a un effet sur toute leur vision du monde. Un échange se développe avec l’endroit où ils s’ancrent, chaque territoire ayant ses particularités : une forêt dense, une autre plus clairsemée, des arbres centenaires qui demeurent petits, une agglomération que jouxte une mine, une région couverte de champs agricoles, une ville résiliente aux intempéries, ou des îles qui s’effritent; tous ces éléments qui orientent nos manières d’habiter les lieux.

Selon le philosophe Baptiste Morizot, les discours écologistes ne peuvent devenir productifs que si l’on retrouve un attachement au territoire et, par le fait même, aux êtres vivants qui le partagent. Le philosophe va jusqu’à décrire, dans L’illisibilité du paysage (2018), une crise de la sensibilité au vivant, avançant qu’il existe actuellement un « appauvrissement de ce que nous pouvons sentir, percevoir, comprendre, et tisser comme relations à l’égard du vivant ». Cet appauvrissement produirait une « réduction de la gamme d’affects, de percepts, et de concepts » qui nous relie aux territoires et minimiserait notre engagement sensible envers la nature. C’est un postulat radical qui bouleverse les hiérarchies du vivant et qui invite par le fait même les artistes à puiser dans l’étude de la nature pour en tirer des significations riches. En décryptant et en interprétant les indices des vivants pour reconnaître leur présence sur un territoire que nous partageons entre espèces, les artistes pourraient révéler « les habitudes de la faune et de la flore, leur manière d’habiter parmi nous », participant à enraciner une appartenance au territoire basée dans une forme d’attention augmentée (Morizot, 2018).

Doit-on envisager une relation au territoire qui s’immiscerait dans nos habitudes, et de quelle manière ces gestes transiteraient-ils à travers l’œuvre d’art? En sémiotique, la texture se crée dans une œuvre selon l’interaction entre le support, la matière et la manière : elle est alors considérée comme une microtopographie formée par une loi de répétition (Beyaert-Geslin, 2008 et Groupe µ, 1992). Pourrait-on considérer des « œuvres-territoires » dont la texture est créée par le rythme des éléments empruntés au paysage? Tout comme c’est la manière dont les plantes poussent qui caractérisent les sols, les vallons et les plaines, c’est en écoutant le chant des oiseaux, en extrayant le minerai du sol, ou en cueillant agenouillés les baies en forêt que nous forgeons des habitudes à partir du territoire. Plusieurs artistes s’engagent désormais dans des démarches qui construisent une relation avec la nature et ses composantes particulières, et au-delà d’une mise en représentation du paysage qui favoriserait un contact distant et passif, ils l’habitent, s’y déplacent et se laissent transformer par leurs interactions avec le vivant. Ils créent à partir de fragments du paysage, transforment ou s’appuient sur les matières premières, matérialisent l’expérience de la nature, portent une attention particulière au vivant, et font advenir des territoires imaginaires.

L’objectif du dossier « En interaction avec le territoire » est d’offrir une discussion sur les pratiques artistiques contemporaines québécoises et canadiennes qui s’attachent au territoire comme pratique. Les propositions pressenties s’intéresseront aux artistes qui font du territoire leur lieu de recherche, qui y puisent pour extraire la texture et la matière de leurs œuvres, ou qui s’y réfèrent pour créer une signification riche. Sur quelles spécificités territoriales s’appuient ces œuvres? Caractérisent-elles l’appartenance et la construction de l’identité qui est sous-jacente aux habitudes que l’on développe à partir du lieu? Quelle est la pensée qui sous-tend certaines pratiques contemporaines s’appuyant sur une attention à l’égard du territoire? Qu’est-ce qui, dans le processus de création même, renouvelle cette relation? Et comment, si c’est le cas, cette problématique remet-elle en question les procédés artistiques à la lueur de l’écologie?

Toutes les soumissions pour le dossier doivent comprendre une proposition de texte en lien avec la thématique, incluant le sujet anticipé et la liste des artistes et des œuvres qui seront étudiés dans le texte (350 mots), trois extraits de textes antérieurs (publiés ou non) ainsi qu’une courte biographie de l’auteur-e (40 mots), et être envoyées à redaction@viedesarts.com avant le 27 septembre 2020. Nous ferons un suivi avec les propositions pressenties et les textes finaux, suivant l’entente préalablement prise avec la rédaction, devront être rendus au courant du mois de janvier 2021.

Rubriques récurrentes du numéro 261 – Hiver 2021

Vie des Arts publie des critiques d’exposition, des profils d’artistes, des brèves actualités et des recensions de livres non-reliés au thème, mettant en valeur les enjeux qui façonnent l’art actuel et son milieu. Consultez notre section Soumettre un article pour en apprendre davantage sur nos rubriques récurrentes.

Toutes les soumissions pour les rubriques récurrentes doivent inclure le sujet anticipé selon la rubrique envisagée, ainsi qu’une description de l’angle critique qui sera utilisé pour la rédaction (250 mots), trois extraits de textes antérieurs (publiés ou non) ainsi qu’une courte biographie de l’auteur-e (40 mots), et être envoyées à redaction@viedesarts.com avant le 27 septembre 2020. Nous ferons un suivi avec les propositions pressenties et les textes finaux, suivant l’entente préalablement prise avec la rédaction, devront être rendus au courant du mois de novembre 2020. Veuillez noter que les propositions d’artistes portant sur leur propre travail ne seront pas considérées.

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