Mise au monde de Maryse Goudreau, vernissage le jeudi 11 janvier à 19h à Dazibao

Résidence de production-diffusion en collaboration avec PRIM
 
Depuis 2012, je travaille à une archive thématique sur l’histoire sociale du béluga. Constituées de diverses données, de photographies, de vidéos et de reconstitutions, allant d’images puisées dans des archives à des images que j’ai tournées, les pièces de cette archive-œuvre sont régulièrement remixées et remaniées afin de produire de nouvelles œuvres. L’essai vidéographique réalisé dans le cadre de la résidence de production-diffusion PRIM-Dazibao s’inscrit dans ce processus et ouvre sur des liens développés lors de récentes résidences d’artiste en Russie, à Anticosti ainsi que sur d’autres lieux de passage du béluga. Le projet offre une image mentale d’une pouponnière de bélugas, image issue des luttes menées par des écologistes près de Cacouna qui tentent de protéger un site de naissances menacé par les foreuses sous-marines des pétrolières. Devant l’absence d’images disponibles pour représenter ce lieu de mise au monde, l’essai est devenu une manière de le faire exister. À partir d’une pluralité de regards, j’ai composé la narration d’une gestation en me basant sur le récit d’un camionneur transportant un béluga. L’image opère de façon non-linéaire à travers plusieurs lieux et temporalités de la naissance et de la disparition du béluga.

Mise au monde est né du désir de réaliser un essai en lien avec le chef-d’œuvre du cinéma direct réalisé par Michel Brault, Marcel Carrière et Pierre Perrault intitulé Pour la suite du monde (ONF, 1962). Ce film, qui a fait entrer le Québec dans la modernité, documente la dernière capture d’un béluga au Québec et révèle le savoir qu’implique cette chasse typique aux habitants de l’Isle-aux-Coudres. Pour la suite du monde donne à voir tout le périple entre le lieu de la capture et celui de sa relocalisation, l’Aquarium de New York. En partant de la Côte-Nord, j’ai tenté de rejouer ce transport avec une sculpture en marbre blanc représentant une dorsale de béluga. Suite à cette simulation, mes recherches se sont poursuivies en Russie, dernier pays à pratiquer la capture de bélugas destinés aux aquariums. J’y ai suivi les traces d’un camionneur de béluga ajoutant quatre lieux et autant d’histoires parallèles qui viennent nourrir la trame de l’essai vidéographique.

― M. G.

Maryse Goudreau travaille l’image, les fonds photographiques et l’art participatif en développant depuis plusieurs années des archives thématiques qui offrent des regards croisés ― tant sociologiques que politiques et anthropologiques. Par une approche résolument hybride, l’artiste cherche à affranchir les images de leurs relations statiques à une histoire officielle. En 2015, elle fait un premier pas vers le champ de l’art à portée sociale avec le Festival du tank d’Escuminac ― première et dernière édition. En 2017, elle est la première récipiendaire du Prix Lynne-Cohen offert en partenariat avec le Musée national des beaux-arts du Québec. Elle a présenté des expositions individuelles à VU, centre de production et de diffusion de la photographie (Québec) et à l’espace Séquence du Centre Bang (Chicoutimi), entre autres. Depuis 2015, son travail a été présenté dans des expositions collectives telles Ignition à la Galerie Leonard et Bina Ellen (Montréal) et Elles photographes au Musée des beaux-arts de Montréal ainsi que dans le cadre d’une exposition organisée par Occurrence et réunissant plusieurs photographes québécois au Museo de la Cancillería (Mexico). Maryse Goudreau vit et travaille à Escuminac en Gaspésie.
 

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