Michelle Bellemare et Ron Athey

Michelle Bellemare et Ron Athey, vernissages le jeudi 23 octobre à 20 h chez CLARK

Salle 1

MICHELLE BELLEMARE
Angle mort

L’angle mort défie l’axe du regard pour laisser ainsi, soudainement, les choses apparaître et prendre sens dans leurs formes et leurs pouvoirs d’évocation plurielle. Les objets que construit et transforme Michelle Bellemare depuis de nombreuses années se présentent et fonctionnent sous ce mode perceptif. Sous le titre L’angle mort, cette exposition regroupe différentes oeuvres étalées sur plusieurs années d’une riche production. Plus que de simples objets modifiés ou allusifs, ils invitent à une d’expérience de perception de la transformation. Ces objets triviaux, connus et reconnus de tous sont l’objet d’une réactualisation simple et efficiente qui propose de nombreux paradoxes. Entre confort et inconfort, entre le corps et son absence, le doute, l’anxiété surtout et la certitude, ces objets fonctionnent à titre de contrepoint. Si, comme l’écrivait Gilles Deleuze, « il y a contrepoint chaque fois qu’une mélodie intervient comme « motif » dans une autre mélodie », dans ces oeuvres les déplacements perceptuels sont affectés par les motifs eux-mêmes.

Bellemare, en modifiant un inventaire d’objets familiers tente de mesurer le pouvoir d’évocation et d’effet sur l’esprit que provoque cet objet transformé. Il s’agit de cibler « ce qui se produit quand l’expérience sensorielle et psychique défie le langage. » Ainsi pour Michelle Bellemare, une paire de gants de boxe scindés (Everlast 2003-2004), un contenant de conservation aux dimensions humaines (Casket 2006-2007), un filet circulaire (Play 2003-2004) et les autres objets composant cette exposition deviennent autant d’amorces à une ligne de tension psychologique, produisent selon l’artiste différentes sortes d’anxiété. On retrouve, à travers les stratégies d’observation qu’impose ce travail de l’objet, le puissant potentiel de l’inexprimable. YP

Salle 2

RON ATHEY
Oeuvres choisies / programme vidéo

Figure incontournable de la scène underground américaine, Ron Athey travaille depuis plus de vingt ans à développer une pratique en périphérie du body art, pratique extrême où, dans le sang et la douleur, le corps se voit plié à différentes situations ritualisées et mises en scène. Lacérations, scarifications, pratiques sado-masochistes, insertion d’aiguilles, piercing en direct et situations nettement inspirées de sujets et de décorum religieux, le vocabulaire performatif d’Athey est dérangeant et bouscule toute convention, mêlant le spectacle aux problématiques queer et sociales, à l’extrême expérience physique du corps. « Plastiquement saisissant », comme le notait Marie Lichner dans Libération en 2007, le travail d’Athey se manifeste dans une mise en scène complexe faisant parfois appel à différents collaborateurs. Ainsi danseurs, performeurs, chorégraphes, cantatrices et nombreux artistes dont notamment Catherine Oppie, Franko B, Dominic Johnson et Juliana Snapper accompagnent Athey depuis ses débuts.

Dans ce programme vidéo, CLARK présente les traces de diverses performances que signe Ron Athey dont Self-Oblit/Ecstatic qu’il proposait d’ailleurs le 8 octobre dernier dans la grande salle de la galerie. L’artiste coiffé alors d’une longue perruque blonde, attachée à son crâne par une couronne d’aiguilles insérées à même le pourtour de sa tête, la retire et frotte sa tête saignante sur des plaques de verre dans un obscur rituel. Partie d’une pièce beaucoup plus longue intitulée Incorruptible Flesh, Self Obliteration, cette performance, comme l’expliquait l’artiste dans Libération « s’inspire du mythe de Philoctète, vieux soldat abandonné sur une île déserte avec une plaie fétide qui ne se referme pas. »

Séropositif depuis de nombreuses années, Athey dépasse largement le désir de choquer ou la simple et spectaculaire démonstration de résistance. Très près de certains philosophes queer, la perspective qu’il adopte face au corps et à la maladie transcende la douleur ; elle fait, dans ce travail de l’extrême, office d’un percutant diagnostic social, politique et religieux

L’exposition se poursuit jusqu’au 29 novembre 2008

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