2014 Michael Blum

Michael Blum et Myriam Jacob-Allard, vernissage le jeudi 4 septembre à 17h30 à la Galerie de l’UQAM

Michael Blum. Notre histoire | | Our history
dans le cadre du programme de résidence

Le projet Notre histoire || Our History de l’artiste Michael Blum porte sur la question des identités québécoise(s) et canadienne(s). L’exposition est le fruit d’un travail effectué dans le cadre du programme de résidence d’été de la Galerie. L’artiste a construit, dans la salle d’exposition même, un musée proposant une ré-écriture fantaisiste de l’histoire du Québec et du Canada, en plus d’accompagner le projet d’une publication regroupant les réponses de personnalités publiques à un sondage portant sur la vision identitaire des répondants.

L’exposition

Michael Blum, originaire de Jérusalem et installé à Montréal après avoir vécu en Europe et aux États-Unis, vit ici depuis quatre ans. Ici, c’est l’UQAM, Montréal, le Québec, le Canada, voire l’Amérique du Nord! L’artiste a été témoin de la vaste mobilisation étudiante du Printemps érable en 2012, de la controverse sur le projet de Charte des valeurs du Québec soumis à la consultation en 2013 par le Parti Québécois alors au pouvoir, et de la défaite cinglante de ce même gouvernement en avril 2014. Il a décelé dans cette conjoncture un enjeu sensible et donc propice à l’investigation des liens entre les diverses générations, entre Québécois et Canadiens de souche ou immigrants, et entre francophones et anglophones. À la faveur de notre invitation à réaliser une résidence d’artiste et une exposition à la Galerie de l’UQAM, il a adopté, comme il le fait fréquemment, la posture de l’enquêteur pour conduire sa propre étude sur le sujet.

Inspiré de sa propre expérience d’immigrant, Michael Blum a mis au point un double musée d’artiste, côté Québec et côté Canada, entrées séparées et sortie commune. Tel un « vrai » musée, l’installation présente d’un côté l’histoire du Québec et de l’autre, l’histoire du Canada via des artéfacts, un système de classification, une scénographie bien établie et un appareil référentiel à l’appui, le tout entre vérité et fiction, entre démonstration savante et mythification fantaisiste.

Le musée comme œuvre d’artiste a tout pour intéresser une galerie universitaire investie de considérations nombreuses et changeantes sur l’exposition et sur l’instrumentalisation du savoir produit par le domaine muséal. Le projet de Michael Blum est doublement intéressant en ce qu’il exemplifie en le parodiant le genre de l’exposition comme musée d’artiste, tout en s’interrogeant sur les symboles de cohésion ou de division culturelle, sociale et politique. La Galerie de l’UQAM prend acte, avec Notre histoire || Our History, d’une chronique tantôt réelle, tantôt imaginaire du pays, remuée par les perceptions critiques, mais ludiques de l’artiste en figure d’enquêteur. 

D’autre part, l’artiste a développé un sondage, « non-scientifique » de son propre aveu, adressé à plus de 600 personnalités publiques du domaine politique, artistique, journalistique et universitaire, afin de jeter les bases de son projet artistique. Les opinions exhaustives des 86 répondants sont rassemblées dans une publication, entre cynisme et humour, entre candeur et ferveur, en anglais comme en français. Elles ont constitué une sorte de terrain réflexif au quotidien. La publication, qui n’est pas le catalogue de l’exposition ni un essai, se veut plutôt le rapport d’une recherche conduite par l’artiste désireux d’examiner l’histoire de son pays d’accueil à la lumière d’une certaine actualité l’ayant mis en présence de cette vertigineuse notion qu’est « l’identité ». Le livre dévoile les réponses aux questions suivantes :

  • Le Québec, pour vous, qu’est-ce que c’est?
  • Comment expliqueriez-vous la différence entre le Québec et le Canada à un étranger?
  • Si un musée devait conserver l’histoire des différences entre le Québec et le Canada, comment l’envisageriez-vous?
  • Comment voyez-vous les relations entre le Québec et le Canada d’ici deux ou trois générations?
  • Quelle serait une langue commune possible autre que le français et l’anglais?

L’artiste

Michael Blum est né à Jérusalem en 1966. Il a fait des études en histoire à l’Université Paris-I Panthéon-Sorbonne et en photographie à l’École nationale supérieure de la photographie, à Arles (France). Par l’intermédiaire de vidéos, de publications et d’installations, il développe un travail qui vise une relecture critique de la production de la culture et de l’histoire. Parmi ses projets majeurs se trouvent A Tribute to Safiye Behar (9e biennale d’Istanbul, 2005), Lippmann, Rosenthal & Co. (De Appel, Amsterdam, 2006), Cape Town – Stockholm (On Thembo Mjobo) (Mobile Art Production, Stockholm, 2007), Exodus 2048 (Van Abbemuseum, Eindhoven, 2008; New Museum, New York, 2009), Faktories und Felder (Israeli Center for Digital Art, Holon, 2012), ainsi que Guerre et paix (VOX – Centre de l’image contemporaine, Montréal, 2014). Son travail a fait l’objet de plusieurs publications incluant Monument to the Birth of the 20th Century (Revolver-Archiv für aktuelle Kunst, Francfort, 2005); Mein Land (Unrast Verlag, Münster, 2008); et Avec d’autres vêtements, c’est une autre femme (Musée de la Diaspora, Tel Aviv, 2008). Depuis 2010, il est professeur à l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM. blumology.net

La résidence

Depuis 2009, la Galerie de l’UQAM invite des artistes en résidence. Cette formule biennale permet à un artiste de travailler dans les espaces de la Galerie tout au long d’un été et d’exposer le résultat de ses recherches dès l’ouverture de la programmation automnale. Cette proposition relève du mandat de l’institution qui cherche à témoigner du rapport dynamique entre exposer et publier, entre le fait de montrer et celui d’interpréter. Il est possible de consulter le résultat des deux précédentes résidences : David Sprigg, en 2009, et Stéphane Gilot, en 2011. galerie.uqam.ca/fr/capsules-videos.html

 

 

Myriam Jacob-Allard. Un coin du ciel
finissante à la maîtrise en arts visuels et médiatiques, UQAM

Dans le projet Un coin du ciel, Myriam Jacob-Allard s’intéresse à l’archétype de la « mère » dans la culture country western québécoise. En explorant l’imagerie et les chansons populaires de cette culture, ce projet examine les limites subtiles entre imaginaire collectif et réalités individuelles, tout en observant les tensions et les malaises qui peuvent découler de cette distorsion.

Un coin du ciel

Puisque la culture country western est fortement ancrée dans une tradition orale, Un coin du ciel présente des prises de parole et des discours hétéroclites. Sous forme de portraits, l’exposition déploie des perceptions et des identités multiples qui questionnent les modèles figés de la figure de la « mère » issus de la tradition country western. En créant des mouvements d’aller-retour entre récits personnels et collectifs, ces portraits permettent d’envisager la construction d’identités à travers les transmissions de mère en fille. De plus, ils font réfléchir à la notion de lignage dans la culture, donc aux possibilités de legs ou de pertes qui peuvent survenir d’une génération à l’autre.

Un coin du ciel tente de perpétuer la mémoire de la culture country, souvent méconnue, sans pour autant en faire un hommage. La présentation d’archives familiales en dehors de leurs contextes culturels (spectacles, festivals, maison, etc.) permet de focaliser l’attention du visiteur autant sur les lacunes et les maladresses, que sur les agréments de ces documents éclectiques. Ce projet provoque ainsi des réflexions sur les répercussions d’une pensée collective sur des individus et sur la façon dont le mythe les façonne.

À propos de l’artiste

Myriam Jacob-Allard privilégie une approche interdisciplinaire et travaille principalement avec la performance, la vidéo et l’installation. Elle a remporté différents prix et bourses de création, dont celles du CRSH et du FRQSC. Elle a participé à plusieurs expositions collectives au Québec, en Amérique du Sud et en Europe, et a réalisé les expositions individuelles Maman(s) au Centre des arts actuels Skol (2014), Country en trois temps au sous-sol de l’église St-Édouard (2009), ainsi que l’installation performative Renaissance no.6 dans le cadre du OFFTA (2011). Elle présentera prochainement Maman(s) à l’Écart (2015). Myriam Jacob-Allard détient un baccalauréat en arts visuels de l’Université Concordia et complète actuellement sa maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal. myriamjacoballard.com

Remerciements

Denis Allard, Alice Gervais, Claire Jacob, Émilie Jacob-Allard, la famille Jacob, Nicolas Larouche, Simon Plouffe, David Tomas, Olya Zarapina, le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) et le Fonds de recherche du Québec –  Société et culture (FRQSC).

 

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