Mâts

Jean-Yves Vigneau
Vernissage le 1er juin à 17 h

« Je viens d’un pays où les arbres couchés par le vent ne poussent pas, ils rampent. De toute mon enfance, je n’avais vu de forêt que le rassemblement des mâts le jour de la bénédiction des bateaux. »

Ayant vécu son enfance aux Iles-de-la-Madeleine, Jean-Yves Vigneau est resté attaché à ce territoire particulier. Malgré l’éloignement de son île, son travail d’artiste est profondément marqué par la culture et le paysage maritimes comme en témoignent quelques titres d’œuvres réalisées au cours des années : Il était une fois une mer, Marée basse, En rade, Le naufrage de l’angélus, La pêche miraculeuse, Le foie de morue, L’île perdue et retrouvée, Ohé! du bateau, Le naufrage du Mont-Saint-Joseph et bien d’autres comme Fish meal / Farine à poisson, Morue ou La mer est vide et dans le cadre de la 3e Manifestation internationale d’art de Québec Une affaire poisseuse /A Hishy Business.

Poursuivant un travail de longue haleine sur la fin d’une culture de cueillette appelée pêche, il s’est surpris à photographier les mâts des bateaux de pêche des Iles. Ils sont en même temps tous pareils et tous différents. Ils portent tous une série d’antennes et ce losange métallique qu’est la cible ou miroir-radar, objet métallique qui réfléchit le faisceau radar d’où qu’il provienne. Il a d’abord été attiré par le langage sculptural de ces mâts lorsqu’ils se découpent contre le ciel. Isolés des bateaux qui les portent, chacun de ces mâts devenait un objet sculptural parfois même très complexe. Quand il a étalé côte à côte les premières photos, il y vu une parenté avec certains travaux de Bernd et Hilla Becher, ce couple de photographes allemands de l’après-guerre, tout particulièrement la série sur les châteaux d’eau (Water Towers) où l’ensemble de ces structures photographiées avec une unité de cadrage et de lumière nous amenait à oublier la fonction des objets photographiés pour y voir une série d’éléments sculpturaux.. En les photographiant et en juxtaposant ces images similaires, les Becher avaient fait de ces objets, des sculptures qui se trouvent à leur tour mises en abîme par la photographie. Cette recherche leur valait le prix de la sculpture à la Biennale de Venise en 1990.

C’est dans cet esprit que Jean-Yves Vigneau a entrepris, dans le cadre d’une résidence au centre d’artistes AdMare soutenue par une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec à l’automne 2004, de photographier de façon systématique les quelques centaines de mâts des bateaux de pêche que l’on retrouve dans les huit ports de pêche des Iles-de-la-Madeleine. Un stage de recherche en photographie et en impression numérique au Centre de production DAÏMÕN, à Gatineau, lui a permis d’explorer les possibilités de rendre le contenu de cette recherche en impressions numériques. Une partie des impressions numériques a aussi été réalisée à Sagamie, centre national de recherche et diffusion en arts contemporains numériques.

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