Marc Mayer se prête au jeu du débat / Mise au jeu, débat sur l’art contemporain au Québec

L’art contemporain d’ici au banc d’essai
Bernard Lamarche
Édition du mardi 27 septembre 2005

La galerie Zeke, un petit espace du boulevard Saint-Laurent, est spécialisée dans les premiers solos. Elle présente également des groupes de musique alternative. Son propriétaire, Chris Hand, est reconnu pour son blogue, son attitude franche et directe, ses positions tranchées et ses expositions accompagnées systématiquement de catalogues. Marc Mayer, en poste au MACM depuis plus d’un an, a déjà démontré qu’il voulait s’engager dans le milieu montréalais et québécois.

Pour Chris Hand, cette rencontre sera l’occasion de brasser des idées. Le coloré personnage a rencontré Marc Mayer l’an dernier pour une entrevue publiée sur son blogue à la fin décembre 2004. C’est Mayer qui a eu l’idée de réaliser cette rencontre. Pour Zeke, «il n’est pas question de proposer une rencontre académique et ennuyeuse». L’homme pense davantage à «un show typique de la WWE, avec des coups de la corde à linge théoriques, pourvu que les charges personnelles soient évitées». En outre, Hand veut demander au musée ce qu’il entend faire pour promouvoir à l’étranger les carrières des artistes d’ici, qui excellent.

Les grandes institutions ont l’habitude de regarder de haut les toutes petites, surtout si elles oeuvrent dans des réseaux alternatifs. De son côté, Marc Mayer y voit une possibilité d’ouvrir de nouveaux horizons pour un musée toujours en quête de clientèle; ses commentaires annoncent également un débat mouvementé. «Je ne suis absolument pas d’accord avec les deux tiers de ce qu’il pense sur ce qui se passe dans le monde, surtout au Québec. Mais il a un public et c’est un public naturel pour le musée.» La présence de Mayer dans ce débat est une volonté ferme, souligne-t-il, de désinstitutionnaliser le musée et de tenter une percée vers le public anglophone. Les étudiants anglophones sont dans la mire du musée : «Je veux leur donner l’occasion de poser des questions à un gars comme moi», affirme Mayer.

Mayer a déjà participé à des rencontres de la sorte à Toronto, du temps où il dirigeait le Power Plant. «On louait une salle où les gens pouvaient boire, fumer, écouter de la musique. On invitait un critique, un commissaire, des universitaires ou des artistes, à présenter ce qu’ils croyaient intéressant. Souvent, les questions m’étaient adressées. On me demandait de m’expliquer sur le Power Plant, parce que j’étais là. Je trouvais que ça marchait bien. Ça nous demandait de nous expliquer sur nos travaux, sur ce qu’on pensait changer et sur ce qu’on ne pourrait probablement pas changer.»

Un sujet sur lequel Mayer pense ne pas s’accorder avec Hand concerne le financement des musées au pays. Selon Mayer, Hand prônerait un financement privé à l’américaine. Or, Mayer pense que «le modèle américain crée des institutions riches mais faibles sur le plan intellectuel. L’américanisation de la culture canadienne est une bêtise incommensurable. Par contre, on a du chemin à faire. À Toronto, les galeries poussent comme des champignons. On attend à Montréal que le même phénomène se produise. Ici, c’est la ruée vers les centres autogérés et personne ne s’intéresse au marché».

Mise au jeu. Débat sur l’art contemporain au Québec aura lieu le 18 octobre à la galerie Zeke, boulevard Saint-Laurent et le 2 novembre au MACM. Chez Zeke, les places sont limitées à 50, et 22 âmes ont réservé jusqu’à maintenant. Les deux rencontres sont gratuites. Le débat à la galerie Zeke sera accessible sur le blogue de la galerie de lendemain, au http ://zekesgallery.blogspot.com.

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