© Isabelle Pauwels, It’s like another planet - In it for the lifestyle, (2013) (détail)

Lorna Bauer & Jon Knowles, Isabelle Pauwels et Jacinthe Lessard-L, vernissage le jeudi 29 mai à 20h à Dazibao

It’s like another planet put together in a very simple, easy to understand language
Isabelle Pauwels

L’exposition est présentée du 29 mai au 12 juillet 2014
Vernissage le 29 mai 2014 à 20 h

SESSION 6 à 18 h 30 : l’artiste fera une présentation de ses œuvres et de sa démarche.
Les places sont limitées! Merci de confirmer votre présence à expos@dazibao-photo.org

I don’t want to end up with something I already know

Il y a des systèmes de pensée tout faits, prêts à l’emploi, dont on connaît les rouages avant même qu’ils se soient mis en marche. De tels systèmes, à la structure archiconnue, réitèrent sans cesse les mêmes vérités, confinent aux mêmes rôles, favorisent la répétition des mêmes sempiternels clichés. Ces schèmes plus ou moins figés sont en quelque sorte la matière première d’Isabelle Pauwels. En les soumettant à un examen, un découpage et un montage extrêmement élaborés, elle cherche à les briser tout en s’assurant qu’on peut encore les reconnaître.

À travers une exploration pour le moins intense de la mise en scène, de la prise de vue et tout particulièrement du montage les œuvres vidéo d’Isabelle Pauwels reconfigurent des genres populaires comme les sitcoms, les films de famille ou le documentaire. Le mélange de performance et de réalisme documentaire met en lumière les relations tendues existant dans ses œuvres entre les conventions du récit et les interactions sociales quotidiennes.

Certaines des vidéos présentées ici ont d’abord existé sous forme d’installation. Le choix de les projeter dans une petite salle de cinéma souligne d’autant les liens profonds qu’elles entretiennent avec le cinéma. Cette succession dans le temps donne encore plus d’intensité à certaines des tropes qui contribuent d’une œuvre à l’autre à déconstruire le moule des genres. De l’écriture, au découpage, au tournage, au montage, c’est un exercice de désobéissance en règle.

L’exposition se présente en trois programmes. Le premier est articulé autour de la répétition qui, utilisée à la manière d’un motif musical, agit comme révélateur plutôt que comme redite. Le second programme est un défi lancé à tous les genres et à leur lot d’apparences par une grammaire cinématographique unique, un montage et une cadence effrénés. Le troisième programme met en scènes et détourne pêle-mêle la pornographie, l’histoire de la vidéo d’art à Vancouver, la comédie musicale, le documentaire et la téléréalité.

12 : 05 – PROGRAMME 1 — Do-overs, redux, and fuck-ups

The Embellishers (2007) : Il est question de monnaie, de briquets, de harcèlement et d’éviction, alors que l’artiste et sa jumelle rejouent une série de confrontations survenues avec leurs voisins du quartier Downtown Eastside.

June 30 (2009) : La vidéo a longtemps imité le cinéma et le cinéma le théâtre. Des pelouses, des haies de laurier, des films de famille, des Noirs en haillons qui travaillent, des enfants blancs qui jouent. Une boucle parfaite dans laquelle grâce à un trucage les images de la banlieue nord-américaine imitent celles de l’Afrique coloniale des années 1950 mais où le lien d’un lieu et d’une époque à l’autre, du point de vue du récit, demeure incomplet.

B‑‑‑‑‑+‑‑‑‑+‑‑‑‑+‑‑‑‑‑E (2008) : La porno comme film structuraliste. Une série d’épiphénomènes, de répétitions, notamment l’ouverture et la fermeture incessantes d’une porte au fond du dernier cinéma porno de Vancouver viennent briser l’intégrité de la projection qui s’y déroule.

13 h 15 PROGRAMME 2 — I know it when I see it

Eddie (2005) : L’artiste relate son one-night avec Eddie mais le vrai sujet de l’œuvre se trouve plutôt du côté de l’auditoire et de son désir de croire — ou non — au récit qui lui est fait.

B & E (2009) : Une entrée par effraction métaphorique tournée caméra à l’épaule par l’artiste à la recherche d’une histoire parmi les objets familiers et la famille réunie dans la propriété de ses grands-parents décédés, lors de la liquidation de leurs biens.

W.E.S.T.E.R.N. (2010) : La mère de l’artiste discute du cirage des racines de caféier et s’interroge sur la signification d’une étampe sur le derrière d’une statuette nègre. L’imagerie coloniale et les interviews pourraient laisser croire à un documentaire classique mais le montage interrompt et fragmente sans relâche la pensée et les attentes du spectateur.

15 h 10 PROGRAMME 3 — Summer Stock

Triple Bill (2007) : Trois visites dans un cinéma xxx révèlent les impressions de l’artiste sur l’architecture, les films et la clientèle, le tout culminant dans une conversation avec M., un client, enregistrée à l’insu de celui-ci avec un micro espion.

LIKE…/AND, LIKE/YOU KNOW/TOTALLY/ RIGHT (2012) : Des personnages légendaires crées par des membres du centre Western Front dans les années 70 rencontrent leurs descendants : une dominatrice blasée, un club d’adolescentes, les Kardashian et une aspirante actrice de téléréalit

Née en Belgique à Kortrijk, Isabelle Pauwels vit à New Westminster, en Colombie-Britannique. Elle détient un baccalauréat du Emily Carr Institute of Art and Design (2001) et a complété en 2006 une maîtrise à la School of the Art Institute de Chicago. Avant tout vidéographique, sa pratique englobe également la sculpture, le livre et la gravure. Ses recherches portent sur l’histoire de la télévision, les récits d’exploration coloniale de même que la culture propre à la téléréalité. Ses œuvres ont été largement diffusées notamment à The Power Plant (2011), à Western Front (2013) et au Musée des beaux-arts du Canada dans le cadre de l’exposition Storytelling. En 2013, elle était finaliste au prix Sobey. Elle est représentée par la galerie Catriona Jeffries.

 

 

La chambre inversée
Jacinthe Lessard-L.

Du 29 mai au 12 juillet 2014 | Vernissage le 29 mai à 20h30
Très souvent le travail de Jacinthe Lessard-L prend la forme d’un jeu, d’une opération subtilement ludique, régie par des règles rigoureuses encadrant conceptuellement une série d’œuvres. Il y aurait dans l’œuvre de Jacinthe Lessard une forme de Discours de la méthode, puisque pour bien conduire sa raison, il faut chercher la vérité dans du vérifiable… Ainsi, l’ambiguïté entre l’objet et sa reproduction, les renversements d’échelle, le volume qui s’inscrit en vide et vice versa, servirait à révéler tout autant les mécanismes de la mise en images qu’à rendre visible ce qui ne l’est pas.
 
À l’origine de La chambre inversée, il y a l’étude par la sculpture de l’une des composantes de la mécanique optique de la photographie analogique, technologie maintenant désuète. L’artiste a moulé en silicone une série de chambres noires d’appareils photo, donnant forme à des vides, rendant visibles et palpables des cavités conçues pour ne fonctionner que par l’obscurité, donc dans l’invisible. Ainsi, dans La chambre inversée ce qui paradoxalement servirait à voir demande à être vu.
Avec l’installation, le spectateur pénètre dans un lieu clos et sombre. Un point lumineux se déplace le long des parois, laissant espérer des bribes de détails. Rien de ce qui se trouve hors du cercle de la lumière n’est donné à voir. La lumière s’allume, s’éteint, effectue de lents travellings. Dans cette animation image par image tout ce qui est sur le point d’être révélé retourne rapidement au noir. Le spectateur doit se plier au tracé de la lumière, celle-ci déterminant le parcours du regard, ainsi que le rythme et l’axe temporel de l’œuvre. De même, la bande sonore, soigneusement travaillée par le compositeur Julien Bilodeau, oriente le regard du spectateur vers la lumière. Jacinthe Lessard-L. nous invite à l’intérieur d’une chambre noire à échelle humaine.
 
Jacinthe Lessard-L. détient une maîtrise en arts visuels de l’Université Concordia. Ses recherches portent notamment sur la nature de la photographie, son rôle historique, sa transparence, son rapport au référent. Elle collabore régulièrement avec d’autres artistes : Eduardo Ralickas, Erika Kierulf, ou Yusuke Nishimura, Frederick Vidal et Sylvia Doebelt pour l’élaboration de l’exposition à géométrie variable Blue Skies and Cats (Galerie B-312, 2014). Ses œuvres ont fait l’objet d’expositions au Québec, notamment à Occurrence (2005) et à Optica (2009), ainsi qu’au Canada et à l’étranger. Elle a été de reGénération2 : photographes de demain, au Musée de l’Élysée à Lausanne, une exposition qui poursuit en 2013-2014 une tournée internationale et qui a fait l’objet d’une publication chez Thames and Hudson. Son travail est actuellement présenté à la galerie TRUCK (Calgary, jusqu’au 14 juin 2014) et elle travaille à la publication d’un livre pour l’automne 2014.

Lauréat de deux premiers prix du Conservatoire de musique et d’art dramatique de Montréal (classe de Serge Provost), formé à Paris et à Francfort notamment auprès de Karlheinz Stockhausen, Julien Bilodeau est un des compositeurs les plus en vue de sa génération. Il a reçu en 2006 le prix Robert-Flemming du Conseil des arts du Canada et en 2011 la commande par l’Orchestre symphonique de Montréal d’une oeuvre pour la soirée inaugurale de la Maison symphonique. Ses créations musicales sont interprétées régulièrement par les plus grands ensembles. Il complète actuellement un doctorat en composition à l’Université McGill.

 

 
LORNA BAUER & JON KNOWLES
ROTATIONS
 
Vernissage le 29 mai à 20 h
L’exposition est présentée du 29 mai au 12 juillet 2014
La galerie est ouverte du mardi au samedi, de midi à 17 h
 
Bourse de production-diffusion PRIM-Dazibao
 
Comme artistes individuels aux démarches distinctes mais complémentaires, nous avons réalisé, en collaboration, une exposition où sont examinées les pratiques recourant à un objectif — aujourd’hui devenues des institutions — ainsi que leurs qualités illustratives comme véhicules des données visuelles d’autres médias.
 
Le projet — un film très scénographié accompagné, en contrepartie, de photographies et de diapos — est une étude sur l’objet prenant la forme d’une mise en scène des gestes et des topologies de deux pratiques nettement délimitées : le cinéma et la poterie.
 
Cette enquête matérialiste s’opère par le déploiement de divers langages visuels et conventions filmiques : la vidéo d’art haute résolution (précisément comprise ici comme une méditation sur la « persistance de la vision  »), le cinéma structuraliste des années 1970 et le cinéma-vérité apparu vers le milieu du siècle dernier. Finalement, l’intention derrière cette collusion réfractaire de stratégies et de méthodes est de secouer et d’embrouiller la distinction entre sujet et objet.
 
En substance, l’exposition est constituée d’un film 16 mm créé dans l’esprit de l’école structuraliste du cinéma expérimental. Les praticiens de ce genre ont retiré le contenu expressif de l’œuvre et ont employé des mécanismes et techniques prédéterminés pour démystifier le processus cinématographique. Le présent film est un enregistrement en temps réel du mouvement d’un tour de potier et du tournage rythmique d’un récipient sur l’appareil. La caméra fait un lent zoom arrière pour révéler le façonnage d’un gros bol. Cette action souligne la relation entre deux mouvements circulaires simultanés lors de la présentation-exposition actuelle du film : l’un est issu du tour de potier (sur un axe horizontal mais saisi en contre-plongée par la caméra) et l’autre provient du passage du film dans la caméra comme telle puis dans le projecteur (tous deux sur un axe vertical). Incidemment, le temps requis par un céramiste d’expérience pour tourner un simple récipient équivaut à la durée d’une bobine de film de 100 pieds.
 
Bien que l’argile et ses variations artisanales semblent faire partie aujourd’hui d’un renouveau en art contemporain — et d’une dichotomie souvent reprise entre qualification (skilling) et déqualification (deskilling) —, nous situons fermement notre exposition comme un refus de faire un choix, qui n’en serait pas un, entre qualification et déqualification. Nous affirmons plutôt ici la nécessité d’avoir un point de vue sur le monde qui soit à la fois oblique et rapproché.
 
Lorna Bauer & Jon Knowles
Lorna Bauer et Jon Knowles sont les récipiendaires de la bourse de production-diffusion offerte conjointement par PRIM et Dazibao. Cette bourse est remise chaque année à un artiste dont le travail, tout en soulevant des problématiques propres aux pratiques de l’image, n’a crainte de confronter celle-ci à l’audio, la vidéo ou le traitement numérique. Chih-Chien Wang (2005), Romeo Gongora (2006), Charles Stankievech (2007), Sophie Bélair Clément (2008), Benny Nemerofsky-Ramsay (2009), Michel Campeau (2010), Frédéric Lavoie (2010) et Steve Bates (2011) ont également bénéficié de la bourse.
Abonnez-vous au bulletin du Réseau art Actuel