La Succession Lynne Cohen, en collaboration avec le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) et sa Fondation, est fière de décerner le prix Lynne-Cohen 2023 à Leila Zelli.
Remis tous les deux ans depuis 2017, ce prix vise à soutenir la pratique d’artistes professionnels québécois de la relève en arts visuels, qui accordent une place centrale à la photographie dans leur pratique. La lauréate recevra une bourse de 10 000 $ etson travail sera mis en lumière grâce à un portrait vidéo produit et réalisé par le MNBAQ, qui sera diffusé sur toutes ses plateformes.
Une relève renversante
Plusieurs artistes ont été proposés par les membres du jury réunis en septembre dernier, outre Leila Zelli : Simon Emond, Mallory Lowe Mpoka, Dayna Danger, Fatine-Violette Sabiri et Alphya Joncas. Les discussions, entourant les pratiques de l’ensemble de ces artistes, ont été riches et généreuses et plusieurs membres du jury ont eu l’occasion de découvrir des œuvres particulièrement fortes au-delà du mandat confié.
Andrew Lugg, qui représente la Succession Lyne Cohen, a pu apprécier l’ensemble de ces pratiques, « toutes intéressantes », a-t-il dit. Après quatre éditions, monsieur Lugg a partagé son appréciation : « J’ai été observateur à tous les jurys sauf au premier. Ce fut une expérience merveilleuse. J’ai découvert le travail de nombreux jeunes artistes et j’ai trouvé la présentation des jurés invariablement éclairante. J’ai pour principe de ne pas intervenir, mais j’ai toujours été convaincu par leur choix final. »
D’ailleurs, au sujet du travail des finalistes ainsi que de la gagnante, monsieur Lugg n’avait que des éloges. « Leila Zelli a bien mérité ce prix. Son travail est exceptionnel et il a été convenu avec une rapidité remarquable qu’elle en était digne. Je suppose et j’espère qu’elle est là pour longtemps, ce qui a toujours été une considération importante pour Lynne Cohen (et pour moi). Lynne savait à quel point la transition entre le début et le milieu d’une carrière est délicate pour les artistes et elle voulait surtout collaborer à en faciliter le cheminement. Lorsque les photographes débutants lui demandaient quelques conseils, elle répondait : “Si vous êtes une personne passionnée, vous devez trouver un moyen d’en faire votre vie. Cela dépend de chaque individu, mais il faut s’engager”. »
Sur une note plus personnelle, monsieur Lugg a déclaré qu’il est « encouragé par le travail des finalistes, qu’il s’agisse des éditions récentes ou des plus anciennes. Cela me donne de l’espoir et me fait apprécier doublement l’effort et le soin que le MNBAQ accorde à ce prix. »
Le jury du prix Lynne-Cohen 2023
L’étude des candidatures a été faite sur la base des propositions soumises par un jury réuni et présidé par Bernard Lamarche, conservateur de l’art actuel (2000 à ce jour) au MNBAQ. Le jury était composé d’eunice bélidor, commissaire indépendante en art contemporain et autrice, de Florence-Agathe Dubé Moreau, commissaire indépendante en art contemporain, autrice et chroniqueuse, de Michel Hardy-Vallée, chercheur invité au Gail and Stephen A. Jarislowsky Institute for Studies in Canadian Art, et de Marie-Christiane Mathieu, artiste et professeure à l’École des arts visuels de l’Université Laval.
Les membres du jury ont été impressionnés par le talent de Leila Zelli. Ils ont apprécié notamment la sensibilité avec laquelle elle fait voir les images, la finesse de son travail, les tensions entre ce qu’il y a de visible et d’invisible dans le monde politique. Sa propension à faire voir la fragilité de l’image est également ressortie comme une des qualités de son travail.
Selon les mots de Marie-Christiane Mathieu, membre du jury, « Leila Zelli confectionne des séquences en boucle à partir de sites de reportages étrangers : photographies de camps de personnes réfugiées, vidéos de tissus flottant sur des mâts de clôtures, scènes de bombardement, etc. Souvent, elle crée des images en montrant si peu qu’on doit s’approcher, s’accroupir, grimper et lire pour saisir tout son propos. En gardant la distance nécessaire, la photographe recontextualise intelligemment les arrêts sur l’image par un fin travail de cadrage. À travers le regard de l’enfance et le plaisir du jeu, elle provoque une ambiguïté avec l’état du monde qu’elle nous présente, de là la particularité de son travail. »
Leila Zelli, un travail marqué par l’ailleurs
Le rôle de la photographie dans le travail de Leila Zelli est souvent sous-entendu. Dans la série Les paysages sacrés (2018), des paires d’images font se rencontrer les pétales secs d’une rose de Damas, rapportée d’un voyage en Iran par sa mère, et les pages du vieux Coran de sa grand-mère, renvoyant aux guerres de religion qui menacent la fleur ancienne, ainsi que les êtres chers disparus. Il s’y construit également une filiation entre les générations de femmes.
L’artiste ne peut retourner en Iran sans risque, mais continue de dénoncer des problèmes sociaux politiques, sans faire l’économie de poésie dans les rapprochements qu’elle opère entre les images, les histoires et les gens. Comme le souligne la galerie Pierre-François Ouellette art contemporain, qui représente l’artiste, « il en résulte des expériences visuelles et sonores qui suscitent un moment de réflexion sur l’état du monde, sur le rapport à l’autre et sur la portée effective de nos gestes sur l’humanité. »
Ailleurs, les ruines côtoient dans son œuvre les terrains de jeux, dont on n’entend que le son. Aussi, certaines des vidéos de l’artiste sont à voir par des orifices, engageant le corps pour qu’il perçoive le monde comme à travers des trous de balle dans des murs criblés. Un des thèmes de son travail demeure l’absence d’images et la perdition d’un patrimoine culturel, humanitaire et personnel. L’artiste s’intéresse tout particulièrement au courage dont font preuve les femmes dans les réalités géopolitiques iraniennes.
Leila Zelli, en bref
Née à Téhéran (Iran), Leila Zelli vit et travaille à Montréal. Détentrice d’une maîtrise (2020) et d’un baccalauréat (2016) en arts visuels et médiatiques de l’UQAM, elle s’intéresse aux rapports que l’on entretient avec les idées « d’autres » et « d’ailleurs » et plus spécifiquement au sein de cet espace géopolitique souvent désigné par le terme discutable de « Moyen-Orient ». Elle crée des installations numériques in situ, réalisées au moyen d’images, de vidéos et de textes souvent glanés sur Internet et les réseaux sociaux. En résultent des expériences visuelles et sonores qui suscitent une réflexion sur l’état du monde, sur le rapport à l’autre et sur la portée effective de nos gestes sur l’humanité. Depuis 2019, elle a signé quatre expositions individuelles, et son travail a été retenu dans une trentaine d’expositions collectives. Ses œuvres ont, entre autres, été présentées au Musée des beaux-arts de Montréal (Collection des arts du Tout-Monde), à la Galerie Pierre-François Ouellette art contemporain (2021 et 2023), la Galerie Bradley Ertaskiran (2020), au Conseil des arts de Montréal (2019-2020), à la Galerie de l’UQAM (2020,2019, 2015) et à la Foire en art actuel de Québec (2019). Ses réalisations font désormais partie de la collection du Musée d’art contemporain de Montréal, de la collection du Musée des beaux-arts de Montréal, de la collection Prêt d’œuvres d’art du Musée national des beaux-arts du Québec, de la collection du Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul et de la collection de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Lauréate 2021 de la Bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain, elle est représentée par la galerie Pierre-François Ouellette art contemporain.
Un portrait vidéo de Leila Zelli
Pour faire découvrir Leila Zelli au grand public, le MNBAQ a réalisé une capsule vidéo, à la galerie représentant l’artiste à Montréal, Pierre-François Ouellette art contemporain. Diffusé sur les réseaux sociaux du Musée, à l’occasion de l’annonce de son prix, ce reportage consacré à la gagnante de l’édition 2023 du prix Lynne-Cohen met en lumière sa démarche artistique et présente une sélection d’œuvres illustrant son parcours des dernières années.
Pour visionner : https://youtu.be/Q_6Viudt7To
La Succession Lynne Cohen, en collaboration avec le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) et sa Fondation, est fière de décerner le prix Lynne-Cohen 2023 à Leila Zelli.
Remis tous les deux ans depuis 2017, ce prix vise à soutenir la pratique d’artistes professionnels québécois de la relève en arts visuels, qui accordent une place centrale à la photographie dans leur pratique. La lauréate recevra une bourse de 10 000 $ etson travail sera mis en lumière grâce à un portrait vidéo produit et réalisé par le MNBAQ, qui sera diffusé sur toutes ses plateformes.
Une relève renversante
Plusieurs artistes ont été proposés par les membres du jury réunis en septembre dernier, outre Leila Zelli : Simon Emond, Mallory Lowe Mpoka, Dayna Danger, Fatine-Violette Sabiri et Alphya Joncas. Les discussions, entourant les pratiques de l’ensemble de ces artistes, ont été riches et généreuses et plusieurs membres du jury ont eu l’occasion de découvrir des œuvres particulièrement fortes au-delà du mandat confié.
Andrew Lugg, qui représente la Succession Lyne Cohen, a pu apprécier l’ensemble de ces pratiques, « toutes intéressantes », a-t-il dit. Après quatre éditions, monsieur Lugg a partagé son appréciation : « J’ai été observateur à tous les jurys sauf au premier. Ce fut une expérience merveilleuse. J’ai découvert le travail de nombreux jeunes artistes et j’ai trouvé la présentation des jurés invariablement éclairante. J’ai pour principe de ne pas intervenir, mais j’ai toujours été convaincu par leur choix final. »
D’ailleurs, au sujet du travail des finalistes ainsi que de la gagnante, monsieur Lugg n’avait que des éloges. « Leila Zelli a bien mérité ce prix. Son travail est exceptionnel et il a été convenu avec une rapidité remarquable qu’elle en était digne. Je suppose et j’espère qu’elle est là pour longtemps, ce qui a toujours été une considération importante pour Lynne Cohen (et pour moi). Lynne savait à quel point la transition entre le début et le milieu d’une carrière est délicate pour les artistes et elle voulait surtout collaborer à en faciliter le cheminement. Lorsque les photographes débutants lui demandaient quelques conseils, elle répondait : “Si vous êtes une personne passionnée, vous devez trouver un moyen d’en faire votre vie. Cela dépend de chaque individu, mais il faut s’engager”. »
Sur une note plus personnelle, monsieur Lugg a déclaré qu’il est « encouragé par le travail des finalistes, qu’il s’agisse des éditions récentes ou des plus anciennes. Cela me donne de l’espoir et me fait apprécier doublement l’effort et le soin que le MNBAQ accorde à ce prix. »
Le jury du prix Lynne-Cohen 2023
L’étude des candidatures a été faite sur la base des propositions soumises par un jury réuni et présidé par Bernard Lamarche, conservateur de l’art actuel (2000 à ce jour) au MNBAQ. Le jury était composé d’eunice bélidor, commissaire indépendante en art contemporain et autrice, de Florence-Agathe Dubé Moreau, commissaire indépendante en art contemporain, autrice et chroniqueuse, de Michel Hardy-Vallée, chercheur invité au Gail and Stephen A. Jarislowsky Institute for Studies in Canadian Art, et de Marie-Christiane Mathieu, artiste et professeure à l’École des arts visuels de l’Université Laval.
Les membres du jury ont été impressionnés par le talent de Leila Zelli. Ils ont apprécié notamment la sensibilité avec laquelle elle fait voir les images, la finesse de son travail, les tensions entre ce qu’il y a de visible et d’invisible dans le monde politique. Sa propension à faire voir la fragilité de l’image est également ressortie comme une des qualités de son travail.
Selon les mots de Marie-Christiane Mathieu, membre du jury, « Leila Zelli confectionne des séquences en boucle à partir de sites de reportages étrangers : photographies de camps de personnes réfugiées, vidéos de tissus flottant sur des mâts de clôtures, scènes de bombardement, etc. Souvent, elle crée des images en montrant si peu qu’on doit s’approcher, s’accroupir, grimper et lire pour saisir tout son propos. En gardant la distance nécessaire, la photographe recontextualise intelligemment les arrêts sur l’image par un fin travail de cadrage. À travers le regard de l’enfance et le plaisir du jeu, elle provoque une ambiguïté avec l’état du monde qu’elle nous présente, de là la particularité de son travail. »
Leila Zelli, un travail marqué par l’ailleurs
Le rôle de la photographie dans le travail de Leila Zelli est souvent sous-entendu. Dans la série Les paysages sacrés (2018), des paires d’images font se rencontrer les pétales secs d’une rose de Damas, rapportée d’un voyage en Iran par sa mère, et les pages du vieux Coran de sa grand-mère, renvoyant aux guerres de religion qui menacent la fleur ancienne, ainsi que les êtres chers disparus. Il s’y construit également une filiation entre les générations de femmes.
L’artiste ne peut retourner en Iran sans risque, mais continue de dénoncer des problèmes sociaux politiques, sans faire l’économie de poésie dans les rapprochements qu’elle opère entre les images, les histoires et les gens. Comme le souligne la galerie Pierre-François Ouellette art contemporain, qui représente l’artiste, « il en résulte des expériences visuelles et sonores qui suscitent un moment de réflexion sur l’état du monde, sur le rapport à l’autre et sur la portée effective de nos gestes sur l’humanité. »
Ailleurs, les ruines côtoient dans son œuvre les terrains de jeux, dont on n’entend que le son. Aussi, certaines des vidéos de l’artiste sont à voir par des orifices, engageant le corps pour qu’il perçoive le monde comme à travers des trous de balle dans des murs criblés. Un des thèmes de son travail demeure l’absence d’images et la perdition d’un patrimoine culturel, humanitaire et personnel. L’artiste s’intéresse tout particulièrement au courage dont font preuve les femmes dans les réalités géopolitiques iraniennes.
Leila Zelli, en bref
Née à Téhéran (Iran), Leila Zelli vit et travaille à Montréal. Détentrice d’une maîtrise (2020) et d’un baccalauréat (2016) en arts visuels et médiatiques de l’UQAM, elle s’intéresse aux rapports que l’on entretient avec les idées « d’autres » et « d’ailleurs » et plus spécifiquement au sein de cet espace géopolitique souvent désigné par le terme discutable de « Moyen-Orient ». Elle crée des installations numériques in situ, réalisées au moyen d’images, de vidéos et de textes souvent glanés sur Internet et les réseaux sociaux. En résultent des expériences visuelles et sonores qui suscitent une réflexion sur l’état du monde, sur le rapport à l’autre et sur la portée effective de nos gestes sur l’humanité. Depuis 2019, elle a signé quatre expositions individuelles, et son travail a été retenu dans une trentaine d’expositions collectives. Ses œuvres ont, entre autres, été présentées au Musée des beaux-arts de Montréal (Collection des arts du Tout-Monde), à la Galerie Pierre-François Ouellette art contemporain (2021 et 2023), la Galerie Bradley Ertaskiran (2020), au Conseil des arts de Montréal (2019-2020), à la Galerie de l’UQAM (2020,2019, 2015) et à la Foire en art actuel de Québec (2019). Ses réalisations font désormais partie de la collection du Musée d’art contemporain de Montréal, de la collection du Musée des beaux-arts de Montréal, de la collection Prêt d’œuvres d’art du Musée national des beaux-arts du Québec, de la collection du Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul et de la collection de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Lauréate 2021 de la Bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain, elle est représentée par la galerie Pierre-François Ouellette art contemporain.
Un portrait vidéo de Leila Zelli
Pour faire découvrir Leila Zelli au grand public, le MNBAQ a réalisé une capsule vidéo, à la galerie représentant l’artiste à Montréal, Pierre-François Ouellette art contemporain. Diffusé sur les réseaux sociaux du Musée, à l’occasion de l’annonce de son prix, ce reportage consacré à la gagnante de l’édition 2023 du prix Lynne-Cohen met en lumière sa démarche artistique et présente une sélection d’œuvres illustrant son parcours des dernières années.
Pour visionner : https://youtu.be/Q_6Viudt7To