Aude Moreau, Sans titre (Hollywood sign), 2014-2015, impression numérique.

La nuit politique de Aude Moreau, vernissage le jeudi 5 mars à 17h30 à la Galerie de l’UQAM

La Galerie de l’UQAM présente la première exposition solo d’envergure de l’artiste Aude Moreau. Intitulée La nuit politique, l’exposition met de l’avant un corpus d’œuvres développé par l’artiste depuis 7 ans sur les panoramas nocturnes de villes telles New York, Los Angeles, Montréal et Toronto. L’exposition, dont le commissariat est assuré par Louise Déry, est une production de la Galerie de l’UQAM, en partenariat avec le Centre culturel canadien à Paris, le Casino Luxembourg à Luxembourg et The Power Plant à Toronto, institutions où elle sera ensuite présentée.

La galerie antoine ertaskiran, qui représente l’artiste, exposera également le travail d’Aude Moreau du 11 mars au 18 avril 2015.

L’exposition

Les œuvres photographiques, filmiques et sonores d’Aude Moreau jettent un éclairage inédit sur la ville nord-américaine, avec son quadrillage moderniste, ses tours vertigineuses dressées vers le ciel, ses logos lumineux au langage économique, ses vides et ses pleins qui cloisonnent ou offrent des échappées. Parce qu’elle emboîte le cinéma dans l’architecture, l’écrit dans le verre, le politique dans l’économique, la transparence dans l’opacité, voire le privé dans le public, l’artiste détourne et remodèle l’iconographie de ces images urbaines souvent stéréotypées et dont le destin, dorénavant, ne trouve guère d’issue alors que tombe la nuit politique.

L’exposition présente en première le film The End in the background of Hollywood / La fin dans le contrechamp d’Hollywood, tourné en hélicoptère au-dessus de Los Angeles, alors que les tours jumelles de la City National Plaza délivrent un percutant message de fin du monde. En parallèle, Inside (23/12/2014 – Los Angeles, Downtown) propose l’observation depuis la rue d’une des tours et de l’activité nocturne bien triviale qui s’y déroule et The Last Image, qui porte sur les génériques de fin de films de fin du monde. La nuit étoilée de la capitale mondiale du cinéma est également présente dans plusieurs photographies qui évoquent notamment l’emblématique signalisation de Hollywood et la présence de logos lumineux des grandes corporations financières qui en constellent le ciel. Les visiteurs reverront Sortir, tourné en hélicoptère autour de la Bourse de Montréal, Reconstruction, où défile le panorama des buildings de Manhattan depuis l’Hudson River et découvriront Less is more is… sur les célèbres tours de l’architecte Mies van der Rohe à Toronto.

Selon la commissaire, en investissant l’architecture d’un pouvoir métaphorique qui se développe entre le réel et la fiction, et entre l’image et son récit, Aude Moreau place l’observateur en position de spectateurs du présent, assujettis aux dispositifs de pouvoir et aux prises avec les scénarios de catastrophes qui défilent en une boucle sans fin. « Si les Gordon Matta-Clark, Ed Ruscha ou Mies van der Rohe sont aux sources de la pensée et des observations de l’artiste sur la ville, les quatre corpus qui se trouvent réunis dans cette exposition donnent le premier rôle à Montréal, New York, Los Angeles et Toronto. Ils sont une exhortation à se laisser immerger dans la texture des images et des trames sonores, à entrer dans la temporalité d’une fin incessante, à traverser l’entre-image pour apercevoir, dans le mouvement, une image du monde en pause, la dernière, peut-être », précise Louise Déry.

L’exposition sera accompagnée d’une publication monographique richement illustrée et contenant des essais de la commissaire et d’auteurs invités tels que Kevin Muhlen (Luxembourg) et Fabrizio Gallanti (Université Princeton). Le lancement est prévu lors de l’ouverture de l’exposition au Centre culturel canadien à Paris, en septembre prochain.

L’artiste

Depuis les années 2000, Aude Moreau développe une pratique combinant sa double formation en scénographie et en arts visuels. Qu’il s’agisse de concepts patiemment développés pendant plusieurs années pour donner lieu à des installations ambitieuses, des films et des photographies, ou d’interventions matérielles réalisés dans le contexte d’exposition comme ses célèbres tapis de sucre, Aude Moreau exerce avec pertinence un regard hautement critique sur la société du spectacle, la privatisation de l’espace public et la domination des pouvoirs économiques sur l’état du monde actuel. Son travail a été présenté au Québec, en France, aux États-Unis et au Luxembourg. Détentrice d’une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal, elle a été récipiendaire de la Bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain (2011), ainsi que du Prix Powerhouse de La Centrale (2011). Aude Moreau est représentée par la galerie antoine ertaskiran à Montréal. audemoreau.net 

La commissaire

Louise Déry possède un doctorat en histoire de l’art et est directrice de la Galerie de l’UQAM depuis 1997. Elle a été conservatrice au Musée national des beaux-arts du Québec et au Musée des beaux-arts de Montréal. Elle a travaillé avec quantité d’artistes tels que Rober Racine, Dominique Blain, Nancy Spero, Michael Snow, Daniel Buren, Giuseppe Penone, Raphaëlle de Groot, Shary Boyle et Sarkis. Commissaire d’une trentaine d’expositions à l’étranger, dont une douzaine en Italie, de même qu’en France, en Belgique, en Espagne, en Turquie, aux États-Unis et en Asie, elle a été commissaire du pavillon du Canada à la Biennale de Venise en 2007 avec une exposition de David Altmejd et d’une performance de Raphaëlle de Groot à celle de 2013. À la Biennale de Venise de 2015, elle présentera plusieurs interventions de Jean-Pierre Aubé sur la pollution électromagnétique.

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