Le Devoir, édition du jeudi 5 mai 2005
Stéphane Baillargeon
L’encan fout le camp
La Fondation du MACM repense ses activités de financement
La Fondation du Musée d’art contemporain de Montréal n’organisera pas d’encan d’oeuvres d’art cette année, selon les informations obtenues par Le Devoir. Elle jongle même avec la possibilité de ne pas tenir de bal annuel. La décision à ce sujet sera prise au cours des prochains jours par la direction de l’organisme chargé de ramasser des fonds consacrés à l’enrichissement de la collection permanente de l’établissement.
Les bouleversements s’inscrivent dans une révision stratégique des activités de la fondation afin d’augmenter ses revenus et, du fait même, les dividendes versés à l’institution. Bon an, mal an, l’encan rapportait un profit qui dépassait rarement les 30 000 $. Par contre, le bal peut générer une cagnotte oscillant autour de 80 000 $.
«Nous voulons que nos activités charitables deviennent plus rentables, résume Jean Saucier, président de la fondation. C’est même une nécessité en raison du désengagement de l’État. Le mot d’ordre est donc très, très clair : il faut faire de l’argent parce qu’on en a de besoin.»
M. Saucier explique aussi que l’encan accaparait beaucoup d’énergie pour peu de résultats. «L’exécution était parfaite, surtout depuis deux ans. Sauf que c’est tout le temps décevant de voir le monde à Montréal aimer mieux dépenser pour une reproduction laminée que pour une oeuvre originale à 2000 $. C’est d’une tristesse profonde.»
Les critiques de certains galeristes reprochant la concurrence de la fondation n’auraient joué aucun rôle dans la décision de saborder l’encan. «Cet aspect n’a pas joué dans notre décision», explique M. Saucier.
Des consultations se déroulent pour repenser le système. Il serait par exemple possible de jumeler le bal et l’encan, quoique l’activité mondaine soit elle-même dans la mire. Est-il bon pour l’image d’une institution qui se veut branchée sur la création de pointe d’organiser des mondanités «parismatchiennes» ? Le président trouve la remarque sévère étant donné la «joyeuse simplicité» de son événement. «On pense à tout ça, poursuit-il. Faut-il un bal ? Quand faut-il l’organiser ? Quelles autres activités pourraient être profitables ?»
Marc Mayer, le nouveau directeur du MACM, a placé haut la barre. Depuis quelques semaines, il répète son intention de doter le musée, à moyen terme, d’un fonds dépassant les 20 millions afin de faciliter l’enrichissement de la collection. Le vrai enjeu des prochaines années se cristallise donc là pour la fondation.
Seulement, si les petites fortunes montréalaises rechignent à dépenser 2000 $ pour une oeuvre, pourront-elles fournir les millions ? Par contraste — et tout étant relatif, évidemment –, le Museum of Modern Art de New York a reçu pas moins de 800 millions en dons d’une quarantaine de fiduciaires pour réaliser son fabuleux projet d’agrandissement.
Alors, chiches, nos riches ? «On n’a pas beaucoup de dons à Montréal, effectivement, répond le diplomate président. C’est décevant. On sollicite des gens en ce moment, et on voit bien à quel point ce ne sera pas facile d’amasser plusieurs millions de dollars. Mais on sera capable d’attirer l’argent dont nous avons besoin. Le nouveau directeur est un homme très convaincant.»
Le Devoir, édition du jeudi 5 mai 2005
Stéphane Baillargeon
L’encan fout le camp
La Fondation du MACM repense ses activités de financement
La Fondation du Musée d’art contemporain de Montréal n’organisera pas d’encan d’oeuvres d’art cette année, selon les informations obtenues par Le Devoir. Elle jongle même avec la possibilité de ne pas tenir de bal annuel. La décision à ce sujet sera prise au cours des prochains jours par la direction de l’organisme chargé de ramasser des fonds consacrés à l’enrichissement de la collection permanente de l’établissement.
Les bouleversements s’inscrivent dans une révision stratégique des activités de la fondation afin d’augmenter ses revenus et, du fait même, les dividendes versés à l’institution. Bon an, mal an, l’encan rapportait un profit qui dépassait rarement les 30 000 $. Par contre, le bal peut générer une cagnotte oscillant autour de 80 000 $.
«Nous voulons que nos activités charitables deviennent plus rentables, résume Jean Saucier, président de la fondation. C’est même une nécessité en raison du désengagement de l’État. Le mot d’ordre est donc très, très clair : il faut faire de l’argent parce qu’on en a de besoin.»
M. Saucier explique aussi que l’encan accaparait beaucoup d’énergie pour peu de résultats. «L’exécution était parfaite, surtout depuis deux ans. Sauf que c’est tout le temps décevant de voir le monde à Montréal aimer mieux dépenser pour une reproduction laminée que pour une oeuvre originale à 2000 $. C’est d’une tristesse profonde.»
Les critiques de certains galeristes reprochant la concurrence de la fondation n’auraient joué aucun rôle dans la décision de saborder l’encan. «Cet aspect n’a pas joué dans notre décision», explique M. Saucier.
Des consultations se déroulent pour repenser le système. Il serait par exemple possible de jumeler le bal et l’encan, quoique l’activité mondaine soit elle-même dans la mire. Est-il bon pour l’image d’une institution qui se veut branchée sur la création de pointe d’organiser des mondanités «parismatchiennes» ? Le président trouve la remarque sévère étant donné la «joyeuse simplicité» de son événement. «On pense à tout ça, poursuit-il. Faut-il un bal ? Quand faut-il l’organiser ? Quelles autres activités pourraient être profitables ?»
Marc Mayer, le nouveau directeur du MACM, a placé haut la barre. Depuis quelques semaines, il répète son intention de doter le musée, à moyen terme, d’un fonds dépassant les 20 millions afin de faciliter l’enrichissement de la collection. Le vrai enjeu des prochaines années se cristallise donc là pour la fondation.
Seulement, si les petites fortunes montréalaises rechignent à dépenser 2000 $ pour une oeuvre, pourront-elles fournir les millions ? Par contraste — et tout étant relatif, évidemment –, le Museum of Modern Art de New York a reçu pas moins de 800 millions en dons d’une quarantaine de fiduciaires pour réaliser son fabuleux projet d’agrandissement.
Alors, chiches, nos riches ? «On n’a pas beaucoup de dons à Montréal, effectivement, répond le diplomate président. C’est décevant. On sollicite des gens en ce moment, et on voit bien à quel point ce ne sera pas facile d’amasser plusieurs millions de dollars. Mais on sera capable d’attirer l’argent dont nous avons besoin. Le nouveau directeur est un homme très convaincant.»