Jenny Holzer, exposition du 30 juin au 14 novembre chez DHC/ART

Depuis plus de trente ans, l’œuvre de Jenny Holzer apparie texte et installation en vue de scruter des réalités personnelles et sociales. Dans la présente exposition, centrée sur son travail du milieu des années 1990 jusqu’à présent, Holzer fusionne discours politique et beauté des formes. En utilisant le langage comme son médium principal — imprimé sur des affiches ou sur des T-shirts, ou défilant sur des écrans DEL (diodes électroluminescentes) —, l’art textuel de Jenny Holzer diffuse un éventail d’opinions et de voix, tout en s’intéressant à l’interaction entre le public et le privé. Exposée aussi bien dans les musées qu’anonymement dans l’espace public, son œuvre est aussi diffusée sous la forme dématérialisée, d’une sombre majesté, de projections nocturnes contre des bâtiments ou dans la nature, par exemple sur les vagues de l’océan.

Jenny Holzer joue en partie l’oracle, en partie la provocatrice — d’où le regardeur doit distinguer le sérieux du futile. Ses textes incisifs et prémonitoires, qui sont des condensés filtrés ou distillés à base de culture au sens large, témoignent des bouleversements sociaux et des conflits interpersonnels, du corps politique et du corps, tout en révélant impitoyablement les machinations du complexe militaire/commercial/du divertissement.

Cette analyse se poursuit avec la présentation, à DHC/ART, d’œuvres DEL récentes et de sérigraphies sur toiles inspirées de documents déclassifiés sur l’invasion de l’Iraq menée par les États-Unis. Utilisant des transcriptions de débats à la chambre aussi bien que des témoignages de militaires américains et de détenus des prisons américaines, l’exposition présente des tableaux Rédaction qui réfèrent à des documents gouvernementaux que les censeurs ont partiellement ou totalement caviardés — « rédigés » —, parce que leur contenu était considéré comme trop délicat pour une diffusion publique.

Reposant à plat sur le sol d’une grande salle et rassemblant tous les écrits de Jenny Holzer, la très grande œuvre DEL For Chicago — une installation immersive éblouissante faite uniquement de lignes parallèles d’éclairages intermittents qui font défiler continûment des textes — est peut-être la pièce maîtresse de l’exposition. De façon plus sobre, mais non moins forte, des ossements humains sont disposés comme des artefacts et spécimens sur les deux Lustmord Tables, avec textes gravés détaillant le viol et le meurtre de femmes selon les points de vue de la victime, du coupable et du témoin.

Jenny Holzer (1950) a créé un important corpus d’œuvres originales, pertinentes, narratives et expérimentales traitant avec constance de problèmes difficiles. Née à Gallipolis, en Ohio, elle vit et travaille présentement à Hoosick, dans l’État de New York. Diplômée de la RISD (Rhode Island School of Design), elle a ensuite participé au Whitney Museum Independent Study Program. Elle a été la première femme à représenter les États-Unis à la Biennale de Venise, où elle a remporté un Lion d’or. Son œuvre fait partie des collections de grands musées partout dans le monde.

Projet d’éducation artistique : ADRESSE

ADRESSE est un projet d’éducation artistique créé en lien avec l’exposition JENNY HOLZER présentée à DHC/ART du 30 juin au 14 novembre 2010.Les participants sont invités à créer une carte postale qui sera mise à la poste dans un grand geste collectif à la toute fin de l’exposition. Le projet ADRESSE sensibilise le participant à l’impact des mots et à l’action de les articuler publiquement. À la façon de l’artiste Jenny Holzer, philosophe et poète, le participant doit transmettre une pensée à la personne de son choix par l’entremise d’une carte postale. Sa pensée doit être une observation personnelle inspirée d’un comportement humain, d’un point de vue sur la culture ou d’une réflexion sur la société. L’écriture est au centre du projet. Le participant doit choisir ses mots de façon concise à cause de l’espace qu’offre la carte postale. Celui-ci est amené à utiliser une approche poétique. Lors du vernissage du projet ADRESSE, DHC/ART organise un happening qui consiste à faire le trajet, tous les participants ensemble, de la Fondation à la boîte aux lettres et à y déposer les cartes postales dans un grand geste collectif qui sera documenté et archivé comme projet de la Fondation.

L’exposition Jenny Holzer est coorganisée par le Musée d’art contemporain de Chicago et par la Fondation Beyeler de Riehen près de Bâle (Suisse) ; le commissariat en a été assuré par Elizabeth Smith, avec la participation de Philippe Büttner, du Musée Beyeler.

Les principaux commanditaires de Jenny Holzer sont Donald et Brigitte Bren, Anne et Burt Kaplan, la Andy Warhol Foundation for the Visual Arts et le National Endowment for the Arts.

Ont aussi apporté leur généreux soutien : Andrea et Jim Gordon, Penny Pritzker et Bryan Traubert, Sara Szold, Gretchen et Jay Jordan, la Kovler Family Foundation, Cari et Michael Sacks, Howard et Donna Stone, Kathy et Steven Taslitz, Helen et Sam Zell, la Lannan Foundation, la Graham Foundation for Advanced Studies in the Fine Arts, Cheim & Read, Monika Sprüth Philomene Magers, Yvon Lambert, Barbara Ruben, Irving Stenn, Jr., Lynn et Allen Turner, et The Orbit Fund. Le transport a été assuré par American Airlines, la compagnie aérienne officielle du Musée d’art contemporain de Chicago.

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