« Jean-Marie Delavalle »
Commissaire : Claudine Roger
Le travail de Jean-Marie Delavalle a été présenté à maintes reprises lors d’expositions collectives. Cependant, à l’exception de quelques expositions individuelles à Toronto, l’artiste s’est montré assez discret ces vingt dernières années au Québec. Issu de la sculpture, Jean-Marie Delavalle a tenté quelques expérimentations entre 1970 et 1975 : il a réalisé un corpus restreint d’œuvres conceptuelles qui, loin d’être éclectiques, découlent d’une recherche rigoureuse, axée sur la couleur et sur la perception. Ces travaux témoignent d’une pratique originale et résolument ouverte sur le plan esthétique.
Dès l’été 1970, l’artiste privilégie la photographie et produit, notamment, une suite d’images sur le mouvement des vagues, puis des autoportraits et, finalement, des séries portant sur divers moments de la journée. Il intègre alors différentes variables, relatives à la lumière, au lieu, au temps, mais aussi aux spécificités de l’appareil photographique et à ses emplois (mise au foyer, film infra-rouge, filtre de couleur, etc.). Jean-Marie Delavalle élargit également ses expériences, purement visuelles, avec des œuvres sonores en réalisant une série de transcriptions de phénomènes auditifs, lors de promenades (en voiture, à vélo, à pied). En limitant les indices visuels de ses interventions, l’artiste laisse place à l’imagination et nous oblige, durant un instant, à saisir la « réalité environnante ».
« James Benning »
James Benning est une figure majeure du cinéma américain. À la fin des années 1960, il réalise ses premiers courts-métrages dans la tradition du cinéma expérimental, dont il retient la rigueur formelle et le goût des contraintes conceptuelles, en y introduisant la narration figurative. Ses films reposent sur une expérience du temps et de la perception dans leur relation à l’espace. Ils portent également sur la notion du lieu selon des points de vue autobiographique, culturel, politique et historique. Au-delà des jeux formels, c’est l’Amérique que l’artiste ne cesse de « regarder et écouter ».
One Way Boogie Woogie 2012 est un portrait personnel de Milwaukee’s Industrial Valley : avec cette œuvre, James Benning établit un parallèle entre sa propre évolution et la disparition progressive des industries survenue dans la région où il a grandi. L’installation se révèle progressivement être un seul film de quatre-vingt-dix minutes, constitué de dix-huit plans fixes projetés sur six écrans et synchronisés selon une suite arithmétique. L’œuvre peut être visionnée comme une séquence linéaire ou comme une juxtaposition d’images en mouvement.
Stemple Pass (2012) a plutôt été conçu pour le cinéma et trace un portrait de Ted Kaczynski, le tristement célèbre « Unabomber ». Dans une réplique de sa cabane, construite par James Benning, l’artiste récite des extraits des carnets du criminel (qu’il a acquis du FBI et décodés lui-même). Ce thriller structurel témoigne de ses préoccupations pour la durée, les mathématiques, la nature et l’iconoclastie politique.
Cette exposition est présentée en partenariat avec les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM). Le festival consacre une rétrospective à James Benning.
Montréal (Québec) H2X 1K4