Instrumentation de Peter Flemming, vernissage le vendredi 27 avril à 17h30 à SKOL

Une exposition personnelle par Peter Flemming à l’occasion de la première édition de La Biennale internationale d’art numérique organisée par Elektra (ACREQ).

Tout possède une fréquence de résonance naturelle. Cette idée fascinante suppose que des points de comparaison relient pratiquement toutes les réalités, mais je me limiterai pour l’instant aux manifestations physiques. Ma vieille voiture vibrait intensément lorsqu’elle atteignait une certaine vitesse. Nos corps possèdent une fréquence de résonance, tout comme l’agrafeuse sur mon bureau, les gratte-ciel, les ponts et les plaques tectoniques…

Instrumentation est une installation sonore électromécanique, inspirée par le principe de résonance, qui donne l’impression d’avoir été fabriquée avec des moyens de fortune. Elle est le résultat d’expériences faites en atelier avec quelques outils et des matériaux courants. Les deux salles de la galerie SKOL présentent chacune un aspect différent de l’œuvre.

D’étranges haut-parleurs bricolés à partir de seaux, de tambours, de fenêtres récupérées et de bobines magnétiques faites à la main occupent la salle principale. Ces résonateurs fabriqués avec des objets trouvés amplifient le son produit par l’autre section de l’installation située dans l’arrière-salle où une table de travail en contreplaqué sert de transducteur acoustique pour des cordes de piano activées électromagnétiquement et où se trouve un assemblage de « machines-performeurs ». Chacune exécute avec léthargie une tâche répétitive et participe à l’élaboration d’une bande sonore où se distinguent des harmoniques vibrantes, des crescendo subits et des battements arythmiques qui fluctuent sans cesse.

En plaçant les machines au cœur de l’exposition, j’espère ouvrir un espace éphémère pour contempler les forces à l’œuvre dans notre environnement. L’exploration de la « magie » physique fondamentale de la résonance — présente dans les machines, les structures et les systèmes de tous les jours — révèle que nous sommes soumis aux lois matérielles qui sont fondamentalement mystérieuses et extérieures à notre volonté absolue. Cette « magie » fugace nous rappelle avec raison que nous n’avons pas la mainmise sur tout dans un monde numérico-technocratique où la maîtrise totale semble être un objectif.

Actif dans le milieu de l’art depuis une dizaine d’années, Peter Flemming conçoit des machines qui évoquent l’art populaire. Dans son atelier, il invente des machines artisanales électroniques et bricole intensivement en suivant son intuition. Il se consacre actuellement à une série d’expériences sur la résonance qu’il explore par l’entremise du son, de matériaux activés électromagnétiquement, de performeurs mécaniques et de dispositifs d’amplification fabriqués à la main. Parmi les œuvres qu’il a réalisées au cours de sa carrière, mentionnons des machines paresseuses, des œuvres d’art mues par l’énergie solaire et des automates qui exécutent un mouvement à répétition produisant un effet hypnotique. Flemming a souvent exposé à l’étranger. Il a décroché de nombreuses bourses, a obtenu une multitude de prix et a participé à de nombreuses résidences d’artiste.

À l’occasion, il écrit et conçoit des expositions. Il a rédigé des textes d’exposition pour d’autres artistes, présenté des communications lors de conférences, organisé des événements et mis sur pied des cycles de conférences. Il siège aux conseils d’administration de plusieurs organismes culturels. Diplômé de l’Ontario College of Art et du Nova Scotia College of Art and Design, Flemming vit à Montréal où il enseigne l’électronique pour les artistes à l’Université Concordia.

Démarche
Je considère ce que je fais comme l’équivalent électromécanique de la nouvelle en littérature. Évidemment, toute bonne histoire doit comporter une part de tension pour évoluer. Dans mes textes « machiniques », j’essaie de créer de la tension en mêlant différents systèmes. Les systèmes organiques se mêlent aux technologiques, l’ancien avec le nouveau et le fait main avec l’usiné. Et plutôt que de faire appel à des mots, des phrases et des paragraphes, j’utilise des vis, des boulons, du métal et des dispositifs électroniques faits sur mesure.

Les erreurs et les incidents modèlent souvent le parcours de ma création artistique. Ils surviennent généralement lorsque je fais face à une contrainte technique ou financière, ou lorsqu’une bizarrerie d’ordre matériel s’impose et m’oblige à changer mes plans. Après m’être arraché les cheveux, je me rends compte parfois que la réaction involontaire est intéressante en soi. Je laisse donc tomber mon objectif initial pour m’orienter dans une nouvelle voie où je me laisse guider plutôt que d’essayer de faire en sorte que tout se conforme à mes critères prédéterminés. Savoir comment interpréter ces panneaux indicateurs cachés au fur et à mesure qu’ils surgissent est un élément essentiel de mon processus de création.

On trouvera plus de renseignements à son sujet sur son site Web

Abonnez-vous au bulletin du Réseau art Actuel