Harness the Sun de Leyla Majeri, vernissage le vendredi 9 septembre à 17h30 à Arprim

« Without thinking, I asked it what the Universe was.
The universe is a way of tricking itself. Next question. »
« This trickster ontology might remind us that the cosmos is capable of transforming itself in suddenly novel ways, forgetting its own premises… »

Leyla me parlait souvent des tricksters, ces esprits archétypaux, joueurs de tours inquiétants. Ces entités peuvent être naturelles ou surnaturelles : animaux dotés de pouvoirs ou d’une intelligence inusités, phénomènes météorologiques, maîtres du camouflage et autres étranges forces invisibles qui vivent parmi nous.

Elle m’a appris qui étaient les yokai dans le folklore japonais, ces êtres aux limites du langage et à travers lesquels s’expriment diverses énergies. Je lui confiais que, devant son travail, je me retrouvais comme un nourrisson dans son berceau. Ces formes espiègles et malicieuses, qui sourient et nous fixent, ont quelque chose de troublant. En psychanalyse, on parlerait de l’esprit dans sa forme primitive, ou d’un esprit « indifférencié », qui ne saurait distinguer sa dynamique interne de la vie au-delà du soi. Cet espace peut avoir quelque chose d’intimidant. Certains s’y sentent un brin paranoïaques. D’autres, curieux de comprendre les influences subtiles qu’y exercent ces étranges assemblages de formes, y découvrent des intentions et des énergies qui dépassent leur entendement. Le monde, comme le disait Alan Watts, est plus frémissant que nous ne sommes prêts à l’admettre.

Leyla est une jardinière, collaborant à la création d’un paysage. Elle travaille avec des matériaux simples, à l’état brut : du papier, de la peinture. Et pourtant, ses formes naturelles et subtiles ne relèvent en rien de l’évidence. Les visages souriants, sa signature, sont à la fois l’expression de l’artiste et celle d’un geste qui la dépasse, comme autant de clins d’œil à un monde inconnu.
– Katherine Kline

Leyla Majeri est une artiste visuelle originaire de Montréal. Sa pratique s’est développée autour de l’imprimé (affiche, fanzine, livre d’artiste) pour éventuellement s’étendre au film expérimental d’animation. Son travail est une réflexion sur le lien écologique entre la Nature et l’imaginaire. En collaboration avec la musicienne Katherine Kline, ses animations ont été présentées sous forme de performances cinématographiques notamment au Festival du nouveau cinéma (Montréal), Sounds Like (Saskatoon), Tone deaf (Kingston), Ende Tymes (New York), Mutek (Montréal). Elle a également participé à plusieurs expositions collectives au Canada, aux États-Unis, aux Pays-Bas et au Japon. Récipiendaire d’une bourse du Grupmuv-Hexagram, elle termine actuellement une maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’UQAM.

Katherine Kline est une musicienne et psychothérapeute collaborant depuis plusieurs années avec Leyla Majeri. Elle termine actuellement un doctorat en communication à l’université Concordia.

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