Patrick Beaulieu, image tirée du projet Ventury, 2010

Géopolitique de l’infini, vernissage le jeudi 19 janvier à 17h à Sporobole

Commissaire : Véronique Leblanc

JEAN-PIERRE AUBÉ ET PATRICK BEAULIEU
Les oeuvres de Jean-Pierre Aubé et de Patrick Beaulieu rassemblées pour l’exposition Géopolitique de l’infini questionnent notre rapport à la nature, à l’espace et au monde. Avec Photo-synthèse (2004), Jean-Pierre Aubé rend sensibles les infimes variations de la luminosité dans un endroit donné alors que son nouveau projet donne à voir et à entendre l’insaisissable présence d’Exoplanètes (2011) situées à l’extérieur de notre système solaire.

Le projet Ventury (2010-2011), de Patrick Beaulieu, raconte le récit d’une odyssée transfrontière à la poursuite des vents d’Amérique tandis que son installation, Battements (2007-2011), met en scène une plume d’oiseau migrateur soumise à un mouvement et à un éclairage qui transforment l’état de la matière. Intrinsèquement liés à la question du paysage, ces projets inédits établissent un rapport à l’espace marqué par l’immensité et l’insaisissable qui ouvre une brèche sur l’infini. Ils formulent une géopolitique qui s’attarde à l’espace entre les choses et au-dessus d’elles.

Appréhender conjointement les pratiques artistiques de ces deux artistes permet d’emblée d’établir plusieurs correspondances entre leurs démarches. L’attention portée à l’exploration de phénomènes naturels, se basant sur le prélèvement ou la captation d’éléments à même le paysage; l’articulation de leurs oeuvres autour des notions de mouvement, de circulation, d’onde, de flux, de fréquence, de battement, d’intervalle, de rythme, de densité, de saturation et de circularité; l’accent mis par leurs démarches sur le processus comme élément constitutif de l’oeuvre; leur intérêt partagé pour les circulations invisibles ou insaisissables, voici quelques-uns de ces motifs qui laissent tour à tour entrevoir l’intérêt de leur mise en dialogue.

Alors que les oeuvres de Patrick Beaulieu cherchent la création d’un « vertige contemplatif », les images et les ondes sonores des installations de Jean-Pierre Aubé génèrent une sorte de grésillement perpétuel qui déploie son caractère envoûtant. Cet aspect du travail des artistes évoque la poésie de l’idée d’infini : regarderait-on les oeuvres de Jean-Pierre Aubé et de Patrick Beaulieu comme on observerait un ciel étoilé ou une envolée d’oiseaux, avec une fascination sans cesse renouvelée ?

Véronique Leblanc, commissaire

Inspirées par l’observation d’environnements immédiats et lointains, les oeuvres de Jean-Pierre Aubé se basent sur l’enregistrement de phénomènes naturels ou de données qui les concernent à l’aide d’outils qu’il développe lui-même (récepteurs, antennes). Visant à saisir des phénomènes invisibles, cette cueillette s’accompagne ensuite de manipulations de nature technologique, qui font oeuvre à partir du traitement, de l’interprétation et de la transformation de données complexes en un contenu visuel et sonore.

Attentif aux courants invisibles qui rythment la vie des êtres sur le globe, Patrick Beaulieu effectue divers déplacements à travers lesquels il révèle, par le biais d’installations, de vidéos et d’interventions in situ / in socius les marques les moins évanescentes d’une expérience : une traversée, une mise à l’épreuve de soi. Ces oeuvres expriment un tout au moyen de détails : le voyage et la traversée des frontières sont contenus dans une plume d’oiseau migrateur et celui d’un arbre dans le bruissement de ses feuilles au vent.

Commissaire, auteure et chargée de cours en histoire de l’art, Véronique Leblanc s’intéresse aux pratiques processuelles, contextuelles et relationnelles ainsi qu’aux liens qui se tissent entre art, éthique et politique. En 2010, elle était co-commissaire avec Louise Déry de l’exposition Artur Zmijewski. Scénarios de dissidence à la Galerie de l’UQAM. Elle vient de remporter le premier prix de la troisième édition du Canadian Art Foundation Writing Prize.

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