NADIA SEBOUSSI | HIDAD
Le travail de Nadia Seboussi se penche sur le conflit armé et ce qu’il engendre : violence, migration, perte et exil. Les œuvres rassemblées pour cette exposition se développent en deux axes qui, quoique fort différents dans leur démarche et leur approche formelle, se rejoignent sur la question de l’héritage et de la représentation du drame algérien.
Le témoignage et la documentation de ces femmes algériennes qui durant la guerre civile ont pris les armes posent l’amorce du projet et exposent l’ampleur de la tragédie, mais parle aussi de la connaissance intime qu’a l’artiste de son propos. Au-delà des femmes retracées sur toute l’Algérie, il y a ses références récurrentes à une filiation féminine douloureusement marquée par l’histoire du pays.
Vient ensuite la reconstitution en tableaux vidéographiques de représentations désormais mythiques du drame algérien. Puisant à même l’iconographie pathétique véhiculée par les différents organes de presse mondiaux – avec plus d’insistance ceux d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient – ainsi que dans une tradition picturale propre aux scènes de lamentations (aussi reprise par Bill Viola), Nadia Seboussi développe de somptueuses fresques en clair- obscur proposant une nouvelle chorégraphie du deuil. Dans le mouvement lent des corps, dans les visages tantôt absorbés, tantôt meurtris, dans la décomposition des gestes incarnant la souffrance, Nadia Seboussi propose un moratoire, le temps du deuil : Hidad.
Dans le contexte de cette exposition, l’œuvre de Nadia Seboussi jouxte celles de Gabriela Löffel et de Léna Mill-Reuillard. Quoique déployant chacune des enjeux thématiques singuliers, les trois artistes se penchent sur la méthodologie de la représentation, sur ce qui se pose dans cet interstice entre notre vision du monde et l’image, tant sur le plan perceptuel que sociopolitique ou sémantique. Les trois propositions réunies offrent un regard sur cette traduction que nous faisons du monde par le biais des images et soulèvent par extension toute la question de l’influence, de la transmission et de la réécriture de l’histoire.
Originaire d’Algérie, Nadia Seboussi est aujourd’hui établie à Montréal où elle a complété une maitrise en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal. Récipiendaire de la Bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain en 2013, la présente exposition ainsi que la publication qui l’accompagnera constituent le point culminant du projet réalisé dans ce contexte. Son travail a été exposé en France, en Espagne, au Mexique, à Cuba et au Canada. En 2014, elle participait à la deuxième édition de la Bienal de la Imagen en Movimiento en Argentine.
LÉNA MILL-REUILLARD | MACHINARI
Résidence de production-diffusion en collaboration avec PRIM
Récipiendaire de la bourse de production-diffusion PRIM-Dazibao, Léna Mill-Reuillard a réalisé l’installation Machinari. Par diverses manipulations, l’œuvre propose un jeu perceptif où alternent images fixes et images en mouvement, espaces fictifs et espaces réels. Dans une succession de plans-tableaux, se déploie ainsi une série de leurres spatiotemporels qui déjouent le regard du spectateur pour mieux le prendre au jeu de l’image. Des horizons bucoliques aux scènes domestiques en passant par des cadrages formalistes, l’œuvre navigue finement entre images, lieux et temporalités.
En se mettant en scène dans l’œuvre et en manipulant sous nos yeux les images, Léna Mill-Reuillard donne présence, matérialité et corporéité à la représentation. Ces gestes performés, qui ne sont pas sans rappeler ceux associés au métier de photographe, suggèrent un questionnement plus large de notre rapport aux images, un questionnement que soulèveraient la construction, la transmission et l’interprétation même de celles-ci.
Dans le contexte de cette exposition, l’œuvre de Léna Mill-Reuillard jouxte celles de Gabriela Löffel et de Nadia Seboussi. Quoique déployant chacune des enjeux thématiques singuliers, les trois artistes se penchent sur la méthodologie de la représentation, sur ce qui se pose dans cet interstice entre notre vision du monde et l’image, tant sur le plan perceptuel que sociopolitique ou sémantique. Les trois propositions réunies offrent un regard sur cette traduction que nous faisons du monde par le biais des images et soulèvent par extension toute la question de l’influence, de la transmission et de la réécriture de l’histoire.
Léna Mill-Reuillard travaille l’image, qu’elle soit photographique, vidéographique, ou cinématographique. Elle détient un baccalauréat en cinéma ainsi qu’une maitrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal. Son travail a été présenté à la Galerie de l’UQAM, à la galerie Les Territoires et au centre VU. Plusieurs films auxquels elle a participé à titre de directrice photo ont voyagé dans de nombreux festivals. L’un d’eux, La coupe, s’est mérité, entre autres, le Short Film Jury Award: International Fiction au Sundance Film Festival 2014.
L’artiste remercie le Conseil des arts du Canada, Dazibao, PRIM, Le Cabinet et Post-Moderne pour leur soutien et tous ceux qui ont participé à la réalisation de ce projet.
GABRIELA LÖFFEL | EMBEDDED LANGUAGE
Dans son travail, Gabriela Löffel s’intéresse tout particulièrement à ces zones liminales où s’opèrent des glissements de sens. Elle questionne les structures qui régissent la représentation ou l’interprétation de la réalité, ce qui pourrait être nommé l’espace de médiation. La fragmentation, la traduction, le passage du direct à l’interprétation sont des stratégies qu’elle développe pour créer un champ dialectique de questionnement, de doute raisonnable. Deux œuvres sont ici réunies : Embedded Language et The Case.
Pour Embedded Language, Gabriela Löffel réalise une entrevue avec un responsable d’une entreprise d’armement lors de la « 20th International Defence Industry Exhibition MSPO » de 2012 en Pologne. Capté sur vidéo, l’entretien est par la suite traduit et doublé par un acteur professionnel. La transition du documentaire vers un lieu de production de fiction, le studio de doublage, permet à l’artiste de déconstruire le discours du marchand d’armes et d’ainsi soulever de nombreuses questions quant aux intérêts politiques et économiques liés à la fabrication et à la vente d’armement.
The Case s’intéresse au moment précis où le langage devient rhétorique. Pendant trois jours, l’artiste filme les débats organisés par le ELSAInternational Moot Court Competition à Genève. Pour cette compétition de plaidoirie en droit du commerce international, des étudiants débattent de cas fictifs devant jury. Les équipes usent de nombreuses stratégies rhétoriques et passent allègrement de la position d’accusé à celle de la défense. Inévitablement, ces débats génèrent une réflexion sur les liens entre le langage, son usage juridique et son influence sur les pouvoirs étatiques.
Dans le contexte de cette exposition, l’œuvre de Gabriela Löffel jouxte celles de Léna Mill-Reuillard et de Nadia Seboussi. Quoique déployant chacune des enjeux thématiques singuliers, les trois artistes se penchent sur la méthodologie de la représentation, sur ce qui se pose dans cet interstice entre notre vision du monde et l’image, tant sur le plan perceptuel que sociopolitique ou sémantique. Les trois propositions réunies offrent un regard sur cette traduction que nous faisons du monde par le biais des images et soulèvent par extension toute la question de l’influence, de la transmission et de la réécriture de l’histoire.
Gabriela Löffel vit et travaille entre Genève et Berne. Diplômée de l’École supérieure des beaux-arts de Genève en 2005, elle a présenté son travail dans de nombreuses institutions et festivals en Amérique du Nord et en Europe. Elle a notamment participé à la Biennale de l’image en mouvement de Genève (2003), au 700IS Experimental Film and Video Festival (Islande, 2007) ainsi que, plus récemment, à l’exposition collective Twisting C®ash au Bâtiment d’art contemporain « Le Commun » (Genève, 2015).
NADIA SEBOUSSI | HIDAD
Le travail de Nadia Seboussi se penche sur le conflit armé et ce qu’il engendre : violence, migration, perte et exil. Les œuvres rassemblées pour cette exposition se développent en deux axes qui, quoique fort différents dans leur démarche et leur approche formelle, se rejoignent sur la question de l’héritage et de la représentation du drame algérien.
Le témoignage et la documentation de ces femmes algériennes qui durant la guerre civile ont pris les armes posent l’amorce du projet et exposent l’ampleur de la tragédie, mais parle aussi de la connaissance intime qu’a l’artiste de son propos. Au-delà des femmes retracées sur toute l’Algérie, il y a ses références récurrentes à une filiation féminine douloureusement marquée par l’histoire du pays.
Vient ensuite la reconstitution en tableaux vidéographiques de représentations désormais mythiques du drame algérien. Puisant à même l’iconographie pathétique véhiculée par les différents organes de presse mondiaux – avec plus d’insistance ceux d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient – ainsi que dans une tradition picturale propre aux scènes de lamentations (aussi reprise par Bill Viola), Nadia Seboussi développe de somptueuses fresques en clair- obscur proposant une nouvelle chorégraphie du deuil. Dans le mouvement lent des corps, dans les visages tantôt absorbés, tantôt meurtris, dans la décomposition des gestes incarnant la souffrance, Nadia Seboussi propose un moratoire, le temps du deuil : Hidad.
Dans le contexte de cette exposition, l’œuvre de Nadia Seboussi jouxte celles de Gabriela Löffel et de Léna Mill-Reuillard. Quoique déployant chacune des enjeux thématiques singuliers, les trois artistes se penchent sur la méthodologie de la représentation, sur ce qui se pose dans cet interstice entre notre vision du monde et l’image, tant sur le plan perceptuel que sociopolitique ou sémantique. Les trois propositions réunies offrent un regard sur cette traduction que nous faisons du monde par le biais des images et soulèvent par extension toute la question de l’influence, de la transmission et de la réécriture de l’histoire.
Originaire d’Algérie, Nadia Seboussi est aujourd’hui établie à Montréal où elle a complété une maitrise en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal. Récipiendaire de la Bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain en 2013, la présente exposition ainsi que la publication qui l’accompagnera constituent le point culminant du projet réalisé dans ce contexte. Son travail a été exposé en France, en Espagne, au Mexique, à Cuba et au Canada. En 2014, elle participait à la deuxième édition de la Bienal de la Imagen en Movimiento en Argentine.
LÉNA MILL-REUILLARD | MACHINARI
Résidence de production-diffusion en collaboration avec PRIM
Récipiendaire de la bourse de production-diffusion PRIM-Dazibao, Léna Mill-Reuillard a réalisé l’installation Machinari. Par diverses manipulations, l’œuvre propose un jeu perceptif où alternent images fixes et images en mouvement, espaces fictifs et espaces réels. Dans une succession de plans-tableaux, se déploie ainsi une série de leurres spatiotemporels qui déjouent le regard du spectateur pour mieux le prendre au jeu de l’image. Des horizons bucoliques aux scènes domestiques en passant par des cadrages formalistes, l’œuvre navigue finement entre images, lieux et temporalités.
En se mettant en scène dans l’œuvre et en manipulant sous nos yeux les images, Léna Mill-Reuillard donne présence, matérialité et corporéité à la représentation. Ces gestes performés, qui ne sont pas sans rappeler ceux associés au métier de photographe, suggèrent un questionnement plus large de notre rapport aux images, un questionnement que soulèveraient la construction, la transmission et l’interprétation même de celles-ci.
Dans le contexte de cette exposition, l’œuvre de Léna Mill-Reuillard jouxte celles de Gabriela Löffel et de Nadia Seboussi. Quoique déployant chacune des enjeux thématiques singuliers, les trois artistes se penchent sur la méthodologie de la représentation, sur ce qui se pose dans cet interstice entre notre vision du monde et l’image, tant sur le plan perceptuel que sociopolitique ou sémantique. Les trois propositions réunies offrent un regard sur cette traduction que nous faisons du monde par le biais des images et soulèvent par extension toute la question de l’influence, de la transmission et de la réécriture de l’histoire.
Léna Mill-Reuillard travaille l’image, qu’elle soit photographique, vidéographique, ou cinématographique. Elle détient un baccalauréat en cinéma ainsi qu’une maitrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal. Son travail a été présenté à la Galerie de l’UQAM, à la galerie Les Territoires et au centre VU. Plusieurs films auxquels elle a participé à titre de directrice photo ont voyagé dans de nombreux festivals. L’un d’eux, La coupe, s’est mérité, entre autres, le Short Film Jury Award: International Fiction au Sundance Film Festival 2014.
L’artiste remercie le Conseil des arts du Canada, Dazibao, PRIM, Le Cabinet et Post-Moderne pour leur soutien et tous ceux qui ont participé à la réalisation de ce projet.
GABRIELA LÖFFEL | EMBEDDED LANGUAGE
Dans son travail, Gabriela Löffel s’intéresse tout particulièrement à ces zones liminales où s’opèrent des glissements de sens. Elle questionne les structures qui régissent la représentation ou l’interprétation de la réalité, ce qui pourrait être nommé l’espace de médiation. La fragmentation, la traduction, le passage du direct à l’interprétation sont des stratégies qu’elle développe pour créer un champ dialectique de questionnement, de doute raisonnable. Deux œuvres sont ici réunies : Embedded Language et The Case.
Pour Embedded Language, Gabriela Löffel réalise une entrevue avec un responsable d’une entreprise d’armement lors de la « 20th International Defence Industry Exhibition MSPO » de 2012 en Pologne. Capté sur vidéo, l’entretien est par la suite traduit et doublé par un acteur professionnel. La transition du documentaire vers un lieu de production de fiction, le studio de doublage, permet à l’artiste de déconstruire le discours du marchand d’armes et d’ainsi soulever de nombreuses questions quant aux intérêts politiques et économiques liés à la fabrication et à la vente d’armement.
The Case s’intéresse au moment précis où le langage devient rhétorique. Pendant trois jours, l’artiste filme les débats organisés par le ELSAInternational Moot Court Competition à Genève. Pour cette compétition de plaidoirie en droit du commerce international, des étudiants débattent de cas fictifs devant jury. Les équipes usent de nombreuses stratégies rhétoriques et passent allègrement de la position d’accusé à celle de la défense. Inévitablement, ces débats génèrent une réflexion sur les liens entre le langage, son usage juridique et son influence sur les pouvoirs étatiques.
Dans le contexte de cette exposition, l’œuvre de Gabriela Löffel jouxte celles de Léna Mill-Reuillard et de Nadia Seboussi. Quoique déployant chacune des enjeux thématiques singuliers, les trois artistes se penchent sur la méthodologie de la représentation, sur ce qui se pose dans cet interstice entre notre vision du monde et l’image, tant sur le plan perceptuel que sociopolitique ou sémantique. Les trois propositions réunies offrent un regard sur cette traduction que nous faisons du monde par le biais des images et soulèvent par extension toute la question de l’influence, de la transmission et de la réécriture de l’histoire.
Gabriela Löffel vit et travaille entre Genève et Berne. Diplômée de l’École supérieure des beaux-arts de Genève en 2005, elle a présenté son travail dans de nombreuses institutions et festivals en Amérique du Nord et en Europe. Elle a notamment participé à la Biennale de l’image en mouvement de Genève (2003), au 700IS Experimental Film and Video Festival (Islande, 2007) ainsi que, plus récemment, à l’exposition collective Twisting C®ash au Bâtiment d’art contemporain « Le Commun » (Genève, 2015).