Francine Savard, Le Dépôt de peinture, 2000

Francine Savard au Musée d’art contemporain de Montréal, du 10 octobre 2009 au 3 janvier 2010

Elle déballe sa bibliothèque au Musée. Pourtant elle n’est ni écrivaine, ni bibliothécaire mais une artiste passionnée de mots et de peinture dont l’œuvre s’inscrit dans la lignée de l’abstraction québécoise. Le Musée d’art contemporain de Montréal présente l’exposition Francine Savard, du 10 octobre 2009 au 3 janvier 2010.
Depuis une quinzaine d’années, Francine Savard explore non seulement le médium de la peinture, mais en fait aussi le sujet de son œuvre. On y retrouve de nombreuses références à l’histoire de l’art et aux écrits sur l’art, à ses significations, à l’atelier, aux outils du peintre. Sous forme de tableaux monochromes, souvent chantournés, ses œuvres enchevêtrent allègrement et non sans poésie approches formaliste et conceptuelle, art et langage, histoire de l’art, littérature et géographie, tout en renouvelant le vocabulaire de la peinture.

Parcours

L’exposition constitue une rétrospective de mi-carrière de l’artiste et propose une soixantaine d’œuvres réalisées entre 1992 et 2009. On y redécouvre notamment Promenade en 56 tableaux, de 1993, qui introduisait la notion de cartographie qui marquera l’ensemble de son œuvre. Dans ce premier cas, c’est un plan destiné au tourisme d’art dans le quartier parisien du Marais qui sert de point de départ. Dans Le Dépôt de peinture, 2000, un tableau inspiré par un résidu trouvé au fond d’un pot de peinture, la cartographie prend la forme de craquelures.

La lecture de deux ouvrages sur le travail du peintre Fernand Leduc est à l’origine de la série Un plein un vide, 2001, où Savard superpose les qualités picturales décrites aux formes des peintures de Leduc. Le titre Les Couleurs de Cézanne dans les mots de Rilke, 36/100 – Essai, 1998, renvoie aux lettres écrites par le poète Rilke à sa femme, à propos de la peinture de Cézanne. Fascinée par la richesse du vocabulaire du poète, Savard imagine ce que peut être « du blanc comme couleur » ou « un jaune d’un vert terreux ». Une décennie plus tard, l’artiste s’attaque à un autre monument de l’art moderne, l’œuvre Tu m’, de 1918, de Marcel Duchamp qu’il considérait lui-même comme la synthèse de ses préoccupations antérieures. Et c’est ce legs qui a inspiré à Savard la création de son œuvre la plus ambitieuse réalisée à ce jour Tu m’, un dernier tableau de 2009, une spectaculaire transposition de la célèbre charte de couleurs dans l’espace réel : une courbe de sept mètres de long qui flotte dans l’espace, opérant un passage de la deuxième à la troisième dimension. Ce « dernier tableau » questionne à la fois le caractère illusoire de l’espace perspectiviste bidimensionnel et le débat sur la fin de la peinture. L’œuvre clôt et résume de manière magistrale le bilan d’une artiste en mi-carrière qui nous entraîne dans des déambulations au cœur même de la peinture.

L’artiste

Francine Savard  fait partie d’une génération de peintres québécois, comme Guy Pellerin, Monique Régimbald-Zeiber et Stéphane La Rue, qui explorent le vocabulaire formel de la peinture abstraite et questionnent les frontières entre abstraction et figuration, entre peinture et sculpture et, pour Savard, entre art et langage.

Née en 1954, Francine Savard poursuit, à la fin des années 1970, des études en design graphique à l’Université du Québec à Montréal et au Royal College of Art de Londres, avant de se tourner vers les arts visuels, obtenant en 1994 une maîtrise en arts plastiques de l’Université du Québec à Montréal. Ses premières expositions individuelles attirent l’attention de la critique, notamment La chambre à peinture à la Galerie B-312 Émergence en 1997, « Muséumification » au Montréal Télégraphe en 2001, Un plein un vide à la Galerie René Blouin en 2002, Vol d’un carré de toile chez Blouin et Sable Castelli Gallery à Toronto en 2004 et Suite à la Diaz Contemporary, à Toronto en 2008. Parmi les expositions collectives mentionnons Le mensonge de la couleur au Montréal Télégraphe et l’événement Peinture Peinture en 1998, Lines Painted in Early Spring, de la Southern Alberta Art Gallery de Lethbridge en 2003 et De l’écriture : Œuvres choisies de la Collection du Musée d’art contemporain de Montréal en 2006 qui ont toutes deux circulé un peu partout au Québec et au Canada. La présente exposition est la première à caractère rétrospectif à lui être consacrée. Francine Savard vit et travaille à Montréal où elle mène de front sa double carrière d’artiste et de graphiste, à l’image de sa double formation.

Commissariat et itinérance

Lesley Johnstone, conservatrice au Musée, est la commissaire de l’exposition. Les œuvres proviennent des collections du Musée national des beaux-arts du Québec, du Musée des beaux-arts du Canada et du Musée d’art contemporain de Montréal. Une exposition itinérante sera mise en circulation par le MAC à compter d’avril 2010, après la présentation à Montréal.

Catalogue

Une publication bilingue de 100 pages accompagne l’exposition. Il comprend des textes de Lesley Johnstone, conservatrice au Musée et commissaire de l’exposition, et de Catherine Bédard, directrice des arts visuels au Centre culturel canadien à Paris, une liste des œuvres, une biobibliographie et de nombreuses reproductions en couleur des œuvres. Le catalogue au prix de 29,95  $  est en vente à la Boutique du Musée et chez votre libraire.


Rencontre avec artiste

Francine Savard rencontrera le public, juste avant le vernissage, le vendredi 9 octobre à 17 h dans les salles d’exposition. La rencontre se déroulera en français.

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