Fonction/Fiction, vernissage le jeudi 10 janvier à 17 h chez Dazibao

Dazibao, centre de photographies actuelles
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Fonction/Fiction
Rod Dickinson, Michael Klier, Manu Luksch, Pavel Pavlov, David Tomas

Vernissage le jeudi 10 janvier à 17h

L’exposition est présentée du 10 janvier au 25 février 2007
La galerie est ouverte du mardi au samedi de midi à 17h

Projet organisé par Vincent Bonin et France Choinière

Fonction/Fiction sonde des pratiques artistiques qui, en détournant les images fonctionnelles qui peuplent notre environnement (images issues de systèmes statistiques, de surveillance, etc.) élaborent des œuvres fictionnelles. Qu’il soit question de photographie ou de ses diverses extensions technologiques, les œuvres présentées exposent cette inquiétante approche du réel où tout ce qui est donné à voir est d’abord traité – filtré – par un système d’enregistrement de données. L’exposition explore les rapports de concordance, de subordination, les assonances, les dissonances, même, qui structurent les œuvres dans un espace intermédiaire où fonction et fiction s’intervertissent ou, à tout le moins, négocient leurs rapports. Au-delà d’une réflexion approfondie sur l’image, Fonction/Fiction propose une réévaluation de l’histoire du regard, nous invitant à penser autrement notre rapport au monde, un monde dans lequel presque tout est assujetti à une pré-médiatisation.

Pour Faceless, Manu Luksch a récupéré des images d’elle-même captées durant quatre ans par les caméras de surveillance de Londres. Suivant un scénario précis, ces images servent de matériau brut à un film de fiction futuriste. Rod Dickinson, dans The Milgram Re-Enactment, utilise à la manière d’un ready-made une expérience de psychologie qu’il a réitérée avec des acteurs et filmée. Instaurant une distance face à l’expérience d’origine, l’artiste crée autour du document scientifique l’espace nécessaire à la naissance de la fiction. Caractérisé par un minimalisme et un mouvement hypnotique rappelant la succession des points de vue sur un écran de surveillance, l’œuvre de Tomas emprunte, les sujets, puis le mode d’opération des images dites fonctionnelles. Pavel Pavlov propose quant à lui une suite à son projet Parking Lots. Assujetti à une procédure spatialement surdéterminé, le projet des Parking Lots pourrait infiniment se régénérer. Pavlov brise ce cycle en confrontant deux séries temporelles du projet et, isolant les changements survenus au cours des ans, met en place, un espace impossible en effaçant tout ce qui est demeuré inchangé pour ne retenir que les transformations. En contrepoint à ces œuvres récentes, le film de Michael Klier Der Riese (1983), dans une sorte de « city film » totalitaire, assemblé à partir d’images de surveillance filmées « à hauteur de géant », invite le spectateur à visiter des espaces urbains déserts et des établissements institutionnels où la présence humaine se limite à des interventions disciplinaires ou punitives. Notre regard fouille, cherche dans ces images banales que rien ne justifie, dans ce flot de hasard, une fiction invisible. Elle apparaît dans l’attente de l’événement, dans le rapport qui s’instaure entre ces images désaffectées et dépourvues d’histoires.

Le travail de Rod Dickinson explore les idées de croyance et de contrôle social sous la forme d’installations vidéo et d’événements en direct. Ses projets récents comprennent : la recréation de l’expérience notoire de 1961 de Stanley Milgram sur la soumission à l’autorité, où les sujets sont amenés à administrer à d’autres personnes des chocs électriques d’apparence réelle; la reconstitution du programme de guerre psychologique basé sur une bande audio utilisée par le FBI à Waco au Texas en 1993; la mise en images d’une attaque terroriste ratée de 1894 sur l’observatoire de Greenwich afin de vérifier quels auraient été ses effets si l’attaque avait réussi. Dickinson fait partie du collectif net art, Low-fi et son travail a été présenté dans de nombreuses institutions aux Etats-Unis, en Europe et en Australie. Rod Dickinson est né en 1965 et vit à Londres. Il détient une maîtrise en Hypermedia Studies de l’Université de Westminster et est actuellement maître de conférences en Cultural Studies à l’Université de West England.

Né à Karlovy Vary en 1943, Michael Klier est un réalisateur de films et de vidéos indépendants établi à Berlin. Avant de réaliser ses propres films, il a joué, entre autres, dans ceux de Harun Farocki et Rudolf Thome. Son premier film, Der Riese (1983), qui a remporté de nombreux prix, aborde la question de la vidéo-surveillance dans les espaces publics. Le film combine des séquences issues de caméras de surveillance – centres commerciaux, espaces publics, aéroports, etc. – à des images photographiques, liées aussi au contrôle de la sécurité, provenant d’institutions bancaires, de supermarchés, de grands magasins et autres, afin de créer un collage filmique. Ses films récents sont The Grass is Greener Everywhere Else (1989), Ostkreuz (1991), le documentaire Out of America (1995) et Farland (2004). Il a également réalisé une série de films-portraits sur des personnalités comme Jean-Luc Godard, Henri Alekan, Juliette Binoche ainsi que François Truffaut, dont il a été l’assistant au début de sa carrière. Reconnu pour l’ensemble de son œuvre, Klier a étudié la philosophie et l’histoire à l’Université libre de Berlin.

À travers ses films, ses performances télématiques et autres œuvres interdisciplinaires, Manu Luksch est constamment préoccupée par l’impact des nouvelles technologies, particulièrement des technologies de surveillance, sur la vie quotidienne, les relations sociales et les structures politiques. Son road movie en ligne de 2001, Broadbandit Highway, par la réappropriation et la manipulation de « streams » Internet de différentes caméras de surveillance routière, en est un exemple. Le projet le plus récent de Luksch, Faceless, utilise des séquences réelles de vidéo-surveillance en circuit fermé la mettant en scène. L’artiste a récupéré ces images, en vertu de la Loi sur la Protection des Données du Royaume-Uni, afin de construire un thriller de science-fiction. Manu Luksch a exposé son travail principalement en Europe et en Australie. Elle a été la directrice artistique du Munich Media Lab de 1995 à 1997, a co-dirigé Art Servers Unlimited en 1998 et, en 1999, elle a fondé TV.NET. Luksch est née en Autriche en 1970 et vit actuellement à Londres. Elle détient une maîtrise ès lettres de l’Université de Vienne.

Artiste et auteur, Pavel Pavlov se concentre sur l’exploration et la transformation des aspects quotidiens du paysage urbain et suburbain. Ses séries de photographies de 2004, Paysage avec cabanes II, par exemple, documentent, selon un système rigoureux, des cabines identiques rouges et vertes de l’île Notre-Dame, alors que ses séries précédentes, dont Parking Lots, détaillent de façon systématique les postes numérotés d’un stationnement. Dans ces deux séries, Pavlov évoque les questions de l’artificialité, de l’anonymat et de la standardisation des paysages, en plus de questionner conceptuellement la construction d’une image, se référant à divers développements de l’histoire du regard et de l’optique. Le travail de Pavlov a été présenté dans le cadre d’expositions personnelles à Montréal, Québec et Toronto ainsi que dans l’exposition collective Territoires urbains présentée au Musée d’art contemporain de Montréal en 2005 et aux Oakville Galleries (Ontario) en 2006. Pavlov est né en Bulgarie en 1973. Il vit et travaille à Montréal depuis 2000. Il poursuit présentement un doctorat à l’Université Laval.

Né à Montréal en 1950, David Tomas est un artiste, anthropologue et théoricien dont l’œuvre interdisciplinaire explore les cultures et transcultures de la science, de la technologie et de leurs systèmes d’imagerie. Son exposition individuelle la plus récente, oeuvres filmiques + un objet de contemplation à la Galerie Joyce Yahouda à Montréal, examinait la nature et la culture des images au seuil des médias. Tomas a largement diffusé son travail sur le plan international et a bénéficié de nombreuses bourses de recherche. Il est un auteur réputé et un théoricien actif ayant, entre autres, publié : Beyond the Image Machines: A History of Vision Technologies (Continuum, 2004), A Blinding Flash of Light: Photography Between Disciplines and Media (Éditions Dazibao, 2004), DUCTION, rédigé avec Michèle Thériault (Éditions Carapace, 2001), un livre virtuel intitulé The Encoded Eye, the Archive, and its Engine House (http://www.cddc.vt.edu/endodedeye/) et Transcultural Space and Transcultural Beings (Westview Press, 1996). Il enseigne présentement à l’École des arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal.

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