Faye Mullen en résidence à Sagamie

Par la dissection, récurrente, de l’espace architectural, Faye Mullen se sert du corps afin de poursuivre des théories qui concernent l’absence, la perte et les limites. Son travail prend racine dans une pratique de la sculpture et se combine à la performance, à la vidéo, l’image et l’installation. Ses investigations phénoménologiques s’articulent à travers la durée et l’imagerie poétique.

Ancrée dans l’expérience corporelle, j’examine le corps en relation avec l’état d’absence. J’emploie le corps performatif de l’artiste pour révéler la question entourant une disparition potentielle du Soi. En mettant en scène le corps qui se perd dans le paysage, j’espère rendre tangible la fonction phénoménal psychique de la présence et de l’absence. Par la création d’installations de vidéos performatives, d’images, de sculptures, mes œuvres sont des représentations psychosomatiques de la notion de perte, de besoin et de limite.

Comme dans une sorte de linceul, mon travail inscrit le corps dans la perte et dans le deuil en le soustrayant au regard. En utilisant le corps comme outil d’expression, j’interroge le désir de demeurer vivant malgré la dégradation corporelle, la rupture du Soi entre l’être physique et psychique et le brouillage esthétique entre sujet et objet. Mes œuvres vidéographiques s’efforcent à présenter la chair de l’être comme un vestige de ce qui n’a jamais vraiment été.

Ma pratique artistique aspire à explorer ce qui n’est pas ou ce qui n’est plus.

Par la mise en images de gestes rituels, dans lesquelles la figure tente de se perdre soi-même dans une résistance ontologique au destin de la mort et de l’oubli, je m’approprie l’idée et l’iconographie propre au mémento mori. L’ image de la performance, dans mon processus de création, examine visuellement la relation entre l’artiste et la limite de son corps. Les œuvres qui en ressortent matérialisent cette limite tout en se nourrissant du tissu culturel des archétypes et des symboles. Mon parcours, comme artiste, vise à élucider une connaissance plus subtile de la nature atrophique de mon propre corps de femme.

Faye Mullen est née dans la région de Niagara au Canada. Elle a fait des études à l’école National Supérieure des Beaux-Arts à Paris. Elle est détentrice d’un baccalauréat en arts visuels de OCAD U et d’une maîtrise en études visuelles de l’Université de Toronto. Ses œuvres ont fait partie d’expositions solos et de groupes au Canada, en France, en Corée du Sud, en Australie et aux Etats-Unis. Elle a réalisé des résidences à Wongol (Corée), Toronto (Ontario), Saint-Jean-Port-Joli (Québec) et Buffalo (Etats-Unis). Elle est la fondatrice de minnow & bass, un espace nomade d’artistes. Elle vit à Toronto.
 

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