Kathryn Ruppert-Daza Pas vous
La galerie B-312 est heureuse daccueillir dans sa grande salle Pas Vous, une exposition de Kathryn Ruppert-Dazai composée de huit tableaux grand format confectionnés au moyen de techniques issues du tissage, du tricot, du crochet, de la broderie et de la couture. Tout ce qui peut être tissé, tricoté, noué, crocheté ou cousu peut donc servir de matériau de base : laine, coton, nylon, mais aussi des matériaux moins courants récupérés ici et là, comme le carton, le papier, le plastique, le papier daluminium, du poil de chien ou même de lor. Les oeuvres sont figuratives, elles représentent de petites scènes simples souvent réduites à la représentation dun geste, et leur traitement rappelle le dessin denfant. Kathryn Ruppert-Dazai multiplie ainsi les oppositions : entre le champ de lart et celui de lartisanat, entre peinture et tapisserie, entre la complexité du mode de fabrication de ces images et le schématisme du dessin des figures représentées, entre la maîtrise nécessaire à lélaboration de telles oeuvres et la spontanéité propre aux dessins denfant. Une chose résiste cependant à ce réseau quasi infini doppositions, un syncrétisme central : le corps des figures se confond avec la matière qui le représente. « To me, materials evoke emotions; gold references decadence, cardboard suggests banality while natural hair yarns provide something more honest and evocative, provoking an almost bodily response ».
Où lartiste veut-elle en venir ainsi
À la représentation dépisodes dont elle précise dailleurs quils sont autobiographiques?
À lévocation démotions, comme la peur, au moyen de ce que les linguistes appellent des « signes motivés » ?
À une mise en représentation du caractère arbitraire de la réduction des êtres et des choses à des catégories ?
Kathryn Ruppert-Dazai embarrasse le discours, résiste à sa tyrannie, sans heurts, délicatement, avec art, et ruse peut-être, sans cesse, avec patience, de maille en maille, de point en point, de nouage en nouage, au-delà des mots.
Jean-Émile Verdier
Justin Stephens Poor Peril
La galerie B-312 est heureuse daccueillir dans sa petite salle Poor Peril, une exposition du peintre Justin Stephens. Nous ny verrons pas de tableaux cependant, mais des masses informes en cire réalisées à force davoir laissé un nombre incalculable de bougies se consumer et fondre sur une petite plaque de bois dabord, sur un amoncellement de cire ensuite ; des lacets de chaussure multicolores appuyés au mur, parce quils tiennent miraculeusement droit ; des rouleaux de ruban-cache, qui a déjà servi ; des bouchons doreilles en mousse plantés dans le mur.
Pas besoin de savoir-faire particulier pour confectionner de tels objets. Mais combien dheures pour quautant de bougies se consument ? Combien de tableaux peints pour constituer ces rouleaux de rubans gonflés de peinture ? Combien de patience pour insérer un fil métallique dans des lacets pour quils puissent conserver la forme quon souhaite leur donner ?
Tout ce temps « perdu » à ne pas peindre.
Et si ce temps « perdu » était à perdre ? Justin Stephens faisant ce quil fait en attendant de peindre, ou le faisant à temps perdu, entre deux tableaux, comme sil sagissait de prendre lempreinte de ce temps en trop. Dun autre côté, ce temps en excès, dont lartiste dresse en quelque sorte des figures, est aussi le temps quil faut, le temps dont lartiste a besoin, pour réaliser des figures du temps. Tout entre alors dans lordre : le temps en trop devient le temps quil faut pour représenter le temps, mais à condition dapparaître comme du temps perdu.
Cest limmense dossier de la forme que Justin Stephens se trouve à ouvrir alors.
« Donner une forme », nest-ce pas la préoccupation première de lartiste ? Se donne-t-elle delle-même comme dans ces blocs de cire ? Dépend-elle au contraire de la main qui la façonne comme dans ces lacets, qui, contre toute attente, auront la forme que lartiste leur donnera ? Se déduit-elle dune matrice, tels un moule ou un système de cache, comme lévoque le ruban adhésif gonflé de peinture ? Ici, le rouleau retourne au rouleau. Est-ce dire quune forme est aussi lexpression, ou lécho, dune origine ? La forme suppose-t-elle une origine dont elle est induite ?
Cette fois, cest le dossier, encore plus immense, de lorigine que Justin Stephens se trouve à ouvrir.
Vernissage suivi d’un concert à 17 h
Mamoru otozure narratives vol.2.3
Mamoru est un artiste sonore qui fait des installations et des performances. Il sculpte la matière sonore en temps réel à partir de sons électroniques et acoustiques extraits de guitares, cloches, voix et eau. Les sons sont capturés puis improvisés et transformés en direct en une variété déchantillons et boucles. Lartiste sinspire des lieux et des ambiances pour créer un paysage sonore subtil et délicat. La performance présentée à la Galerie B-312 fait partie de sa série Otozure.En japonais, Otozure signifie « visite » : oto = son et zure = avec, amener le son = visiter. Le mot « son » contient lidée du mouvement. Autrefois au Japon, les gens portaient de longues robes qui faisaient du bruit lors de leurs déplacements. Lhistoire ancienne mentionne également que lors des cérémonies rituelles tenues dans le noir, les esprits manifestaient leur présence par des sons. Mamoru fera donc littéralement une performance otozure dotozure, il nous rendra visite en amenant le son avec lui.Mamoru approche ses performances comme une cérémonie de thé. Une expérience temporelle et spatiale. Il y a le temps de linvitation, puis celui où chacun des protagonistes se prépare à la rencontre. Et enfin le moment de la rencontre où le temps est suspendu, chacun laisse sa vie derrière soi, et prend sa place dans le processus.When every little things worked together, they finally enable themselves absorbed into the beauty.Mamoru nous est présenté par Jérôme Fortin qui la rencontré lors dune résidence au Japon en décembre 2007. De leur coup de foudre amical est née une volonté de partage et déchange.
Kathryn Ruppert-Daza Pas vous
La galerie B-312 est heureuse daccueillir dans sa grande salle Pas Vous, une exposition de Kathryn Ruppert-Dazai composée de huit tableaux grand format confectionnés au moyen de techniques issues du tissage, du tricot, du crochet, de la broderie et de la couture. Tout ce qui peut être tissé, tricoté, noué, crocheté ou cousu peut donc servir de matériau de base : laine, coton, nylon, mais aussi des matériaux moins courants récupérés ici et là, comme le carton, le papier, le plastique, le papier daluminium, du poil de chien ou même de lor. Les oeuvres sont figuratives, elles représentent de petites scènes simples souvent réduites à la représentation dun geste, et leur traitement rappelle le dessin denfant. Kathryn Ruppert-Dazai multiplie ainsi les oppositions : entre le champ de lart et celui de lartisanat, entre peinture et tapisserie, entre la complexité du mode de fabrication de ces images et le schématisme du dessin des figures représentées, entre la maîtrise nécessaire à lélaboration de telles oeuvres et la spontanéité propre aux dessins denfant. Une chose résiste cependant à ce réseau quasi infini doppositions, un syncrétisme central : le corps des figures se confond avec la matière qui le représente. « To me, materials evoke emotions; gold references decadence, cardboard suggests banality while natural hair yarns provide something more honest and evocative, provoking an almost bodily response ».
Où lartiste veut-elle en venir ainsi
À la représentation dépisodes dont elle précise dailleurs quils sont autobiographiques?
À lévocation démotions, comme la peur, au moyen de ce que les linguistes appellent des « signes motivés » ?
À une mise en représentation du caractère arbitraire de la réduction des êtres et des choses à des catégories ?
Kathryn Ruppert-Dazai embarrasse le discours, résiste à sa tyrannie, sans heurts, délicatement, avec art, et ruse peut-être, sans cesse, avec patience, de maille en maille, de point en point, de nouage en nouage, au-delà des mots.
Jean-Émile Verdier
Justin Stephens Poor Peril
La galerie B-312 est heureuse daccueillir dans sa petite salle Poor Peril, une exposition du peintre Justin Stephens. Nous ny verrons pas de tableaux cependant, mais des masses informes en cire réalisées à force davoir laissé un nombre incalculable de bougies se consumer et fondre sur une petite plaque de bois dabord, sur un amoncellement de cire ensuite ; des lacets de chaussure multicolores appuyés au mur, parce quils tiennent miraculeusement droit ; des rouleaux de ruban-cache, qui a déjà servi ; des bouchons doreilles en mousse plantés dans le mur.
Pas besoin de savoir-faire particulier pour confectionner de tels objets. Mais combien dheures pour quautant de bougies se consument ? Combien de tableaux peints pour constituer ces rouleaux de rubans gonflés de peinture ? Combien de patience pour insérer un fil métallique dans des lacets pour quils puissent conserver la forme quon souhaite leur donner ?
Tout ce temps « perdu » à ne pas peindre.
Et si ce temps « perdu » était à perdre ? Justin Stephens faisant ce quil fait en attendant de peindre, ou le faisant à temps perdu, entre deux tableaux, comme sil sagissait de prendre lempreinte de ce temps en trop. Dun autre côté, ce temps en excès, dont lartiste dresse en quelque sorte des figures, est aussi le temps quil faut, le temps dont lartiste a besoin, pour réaliser des figures du temps. Tout entre alors dans lordre : le temps en trop devient le temps quil faut pour représenter le temps, mais à condition dapparaître comme du temps perdu.
Cest limmense dossier de la forme que Justin Stephens se trouve à ouvrir alors.
« Donner une forme », nest-ce pas la préoccupation première de lartiste ? Se donne-t-elle delle-même comme dans ces blocs de cire ? Dépend-elle au contraire de la main qui la façonne comme dans ces lacets, qui, contre toute attente, auront la forme que lartiste leur donnera ? Se déduit-elle dune matrice, tels un moule ou un système de cache, comme lévoque le ruban adhésif gonflé de peinture ? Ici, le rouleau retourne au rouleau. Est-ce dire quune forme est aussi lexpression, ou lécho, dune origine ? La forme suppose-t-elle une origine dont elle est induite ?
Cette fois, cest le dossier, encore plus immense, de lorigine que Justin Stephens se trouve à ouvrir.
Vernissage suivi d’un concert à 17 h
Mamoru otozure narratives vol.2.3
Mamoru est un artiste sonore qui fait des installations et des performances. Il sculpte la matière sonore en temps réel à partir de sons électroniques et acoustiques extraits de guitares, cloches, voix et eau. Les sons sont capturés puis improvisés et transformés en direct en une variété déchantillons et boucles. Lartiste sinspire des lieux et des ambiances pour créer un paysage sonore subtil et délicat. La performance présentée à la Galerie B-312 fait partie de sa série Otozure.En japonais, Otozure signifie « visite » : oto = son et zure = avec, amener le son = visiter. Le mot « son » contient lidée du mouvement. Autrefois au Japon, les gens portaient de longues robes qui faisaient du bruit lors de leurs déplacements. Lhistoire ancienne mentionne également que lors des cérémonies rituelles tenues dans le noir, les esprits manifestaient leur présence par des sons. Mamoru fera donc littéralement une performance otozure dotozure, il nous rendra visite en amenant le son avec lui.Mamoru approche ses performances comme une cérémonie de thé. Une expérience temporelle et spatiale. Il y a le temps de linvitation, puis celui où chacun des protagonistes se prépare à la rencontre. Et enfin le moment de la rencontre où le temps est suspendu, chacun laisse sa vie derrière soi, et prend sa place dans le processus.When every little things worked together, they finally enable themselves absorbed into the beauty.Mamoru nous est présenté par Jérôme Fortin qui la rencontré lors dune résidence au Japon en décembre 2007. De leur coup de foudre amical est née une volonté de partage et déchange.
Montréal (Québec) H3B 1A2