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Jean McEwen (1923-1999), Grand fil à plomb no 2, 1961, huile et vernis sur toile
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Peintures barbares : hommage à Jean McEwen

Exposition du 17 septembre au 2 février au Musée des beaux-arts de Montréal

Dévoilée dans une galerie tout juste rénovée du pavillon Michal et Renata Hornstein, une vingtaine d’œuvres – peintures et œuvres sur papier datant de 1951 à 1998 – offrent un éloquent aperçu de la pratique distinctive de Jean McEwen : l’exploration de la surface picturale par l’application de couches successives de peinture qui exploite l’expressivité de la couleur dans un espace circonscrit. Dénouant à sa manière la dualité entre couleur et structure, l’artiste organise ses champs colorés avec une grande rigueur spatiale, et explore ainsi le plein potentiel de la couleur et de la dynamique espace/plan.

Plusieurs des peintures présentées soulignent l’envergure internationale des expositions qui ont été consacrées à Jean McEwen, notamment en Angleterre, au Brésil, aux États-Unis et au Japon. Parmi ces œuvres majeures, citons : Grand fil à Plomb no 2 (1961), qui lui ouvre, en 1963, les portes d’une exposition solo à New York et à la Biennale de São Paulo ; À mauve ouvert (1962), une peinture puissante qui comporte une bande centrale à l’intersection de deux champs de couleurs, composition devenue signature de l’artiste.

Le MBAM met de plus à l’honneur la peinture monumentale Rouge en liesse (1963), chef-d’œuvre de Jean McEwen prêté par la collection Power Corporation du Canada. Il présente également des aquarelles de la série « De ma main à la couleur » – offerte au MBAM par sa femme, Indra –, illustrant des poèmes de l’artiste, ainsi que la toile récemment restaurée, Sans titre (1951), qui témoigne de l’influence de Paul-Émile Borduas sur la pratique de McEwen.

Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du MBAM, explique : « Jean McEwen est sans conteste l’un des plus grands peintres canadiens. Dans la lignée de l’automatisme et du Colour Field, sa peinture sensuelle, mais rigoureuse, appliquée par glacis et avec les doigts, est tout simplement unique. Elle crée un univers, à la fois complexe et poétique, d’une singulière profondeur. « Il y a deux façons de juger un tableau… L’une est fondée sur les critères et les théories de l’art. L’autre repose sur les sensations que suscite en nous le tableau. Je peins de la deuxième façon », disait-il. »
 
« Cette exposition-hommage présente une sélection de créations majoritairement acquises par le Musée depuis 1999, s’échelonnant sur près d’un demi-siècle de carrière. Elle met en évidence la monumentalité discrète, la continuité et la beauté poignante de l’œuvre de ce Montréalais qui a marqué l’histoire de la peinture moderne au Canada », affirme Anne Grace, conservatrice de l’art moderne au MBAM.

À propos de l’artiste
Peintre autodidacte né à Montréal, Jean McEwen (1923-1999) expose ses œuvres pour la première fois en 1949, à l’occasion du 66e Salon annuel du printemps du MBAM. Sa jeune carrière est marquée par un échange avec son contemporain Paul-Émile Borduas et par un voyage à Paris en 1951, au cours duquel il fait la connaissance de Jean-Paul Riopelle. Il fait la connaissance d’éminents peintres de l’avant-garde, notamment Sam Francis – une rencontre décisive. Son retour sur la scène montréalaise coïncide avec un moment crucial de l’histoire de la peinture abstraite : en 1955, il est présent dans l’exposition Espace 55 au Musée des beaux-arts de Montréal, et dans la première exposition collective de la Galerie actuelle. Plus tard, il devient membre de l’Association des artistes non figuratifs de Montréal (AANFM).

Dialoguant avec l’avant-garde parisienne et new-yorkaise, ses tableaux audacieux lui ouvrent les portes d’une exposition solo à la galerie Martha Jackson en 1963. La même année, McEwen est invité à représenter le Canada à la VIIe Biennale de São Paulo. Son travail attire l’attention d’Alfred H. Barr Jr., du Museum of Modern Art de New York, et de Joseph Hirshhorn, qui font l’acquisition d’œuvres pour leurs institutions respectives.

En 1987-1988, le MBAM consacre à l’artiste une première grande rétrospective, Jean McEwen : la profondeur de la couleur. Peintures et œuvres sur papier, 1951-1986, et en 2005 l’exposition : Jean McEwen : De ma main à la couleur, comprenant une série d’aquarelles du même nom. Les 54 œuvres de la collection du Musée retracent les étapes majeures de l’évolution stylistique de McEwen.