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image : Yan Giguère, Marinette, septembre 2021.
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Marie-Claude Bouthillier, Carol Wainio, et Alexis Desgagnés

Exposition du 4 novembre au 18 décembre à Occurrence

Marie-Claude Bouthillier Nature morte à la Marionnette

En 2016 j’ai créé une marionnette à ma ressemblance et j’ai commencé à la filmer et à composer de courtes scènes avec elle pour m’amuser. Au fil de mes explorations, le jeu avec elle s’est imposé comme une activité de création. Il y avait toujours un nouveau thème à aborder, une nouvelle mise en situation à tenter. En début de 2017 j’ai décidé de l’inclure dans le projet Cartes sur table sur lequel je travaillais alors en l’insérant comme une mise en abîme dans l’installation. Tout comme Cartes sur table avec Marinette (MACLAU 2018 et MBAM 2020), Nature morte à la marionnette (Occurrence 2021) est un assemblage de courtes saynètes. Marinette, la marionnette, se déplace et évolue dans des environnements qui déclinent les orientations de ma pratique en peinture. Chaque fragment se passe dans un décor spécifique : rappel de Dans le ventre de la baleine (2010), de Matière à tableau (2019), cumul de motifs abstraits, fragments d’autoportraits, ou évocations de l’espace d’atelier. Chaque saynète est crée à la pièce, à partir d’un canevas de base sur lequel j’improvise en cours de tournages préliminaires, et s’écrit en procédant par essai erreur, jusqu’à ce que j’ai un texte dont je ne dérogerai plus pour les prises ultimes. Le décor se construit de même. C’est très rudimentaire comme tournage, j’active la marionnette et je la fais parler (prise de son simultanée) en même temps que je filme, la caméra étant placée entre elle et moi, à la limite de son décor. Dans Nature morte à la marionnette, Marinette aborde l’histoire de l’art, fait quelques métaphores animalières, commente la vie de l’artiste et pratique les arts oraculaires. Il y est question de Fontaine de Marcel Duchamp, de la pèche au vieux poisson, de Manifesto de Julian Rosefeldt, de la gestion de la matière, de Faust, et de quelques autres sujets pertinents. La vidéo est présentée avec un mobilier/sculpture permettant de s’assoir pour assister à la séance. La matière, le format, la disposition et les proportions de l’ensemble évoquent à la fois le castelet de marionnettes et le cimetière. Deux petits tableaux sortis de la vidéo complètent l’arrangement.

Carol Wainio Fabulisme / Paroles aux Bêtes 
Dans le conte Le Petit Poucet, un enfant (comme le garçon dans Hansel et Gretel) entend par hasard ses parents égoïstes en train de planifier son abandon et celui de ses frères dans la forêt. Des oiseaux mangent les miettes qu’il avait semées pour se retrouver et il s’ensuit une série de mésaventures avant que les enfants ne rentrent à la maison.

Malgré les peurs, les désirs et les transformations incroyables des animaux et leur capacité de parler dans les anciennes fables, les changements climatiques anthropogènes étaient inimaginables pour Ésope, Charles Perrault ou Jean de la Fontaine. Mais la Terre des animaux anthropomorphisés de ces fables a changé avec l’Anthropocène. Leurs voix ont maintenant des échos étranges et plaintifs. Alors qu’autrefois les fabulistes leur donnaient une voix, aujourd’hui c’est la nature elle-même qui nous parle : en déluges et en températures de plus en plus élevées. Et le récit inconscient et fondamental des saisons qui se répètent avec certitude n’offre plus un cadre rassurant pour les histoires d’enfants ou pour notre expérience et notre futur en commun.

Les inéluctables — Alexis Desgagnés Ammoniaque
Les images ici présentée forment le cœur d’une série de photographies et de poèmes rassemblés sous la forme d’un livre d’artiste à paraître prochainement aux Éditions du Renard. Intitulée Ammoniaque, cette série est une méditation photographique et poétique autour d’un mur de tôle situé dans l’ouest du quartier Hochelaga à Montréal.

Couvert de mots rédigés au marqueur, ce mur, support d’une écriture, sinon psychotique, du moins équivoque, témoigne d’une prise de parole. Que comprendre de ces inscriptions énigmatiques truffées de références à la culture populaire et à un monde interlope ? Sans doute une souffrance exprimée depuis l’intériorité d’une personne.

Alexis Desgagnés est engagé dans une recherche polymorphe explorant divers champs de la création, en particulier ceux de l’écriture, du dessin et de la photographie. Embrassant un éventail de pratiques, son travail d’historien de l’art, de commissaire d’expositions, d’artiste et d’auteur interroge l’inscription de la culture québécoise dans l’histoire. Entre 2009 et 2015, Desgagnés a œuvré à la coordination du centre d’artistes autogéré VU PHOTO, avant d’occuper les fonctions de rédacteur adjoint à Ciel variable, magazine auquel il collabore régulièrement. Grâce au soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec, il a publié en 2016 un premier livre intitulé Banqueroute (Les Éditions du renard), un recueil alliant photographie et poésie.

Le livre Ammoniaque est disponible en prévente sur le site Internet des Éditions du Renard :
https://editionsdurenard.com/ammoniaque-alexis-desgagnes/