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L’obsolescence des mots de Marie-Andrée Pellerin

Présentation publique le jeudi 19 septembre à 18h30 au Studio XX

Jeudi 19 septembre  : présentation publique et discussion avec Élisabeth Vonarburg

Dans son projet de résidence L’obsolescence des mots, Marie-Andrée Pellerin prend la science-fiction comme point de départ pour questionner notre rapport au langage. Elle y développe une installation sonore de touches de clavier.

Incluant des extraits dUne sorte de lumière spéciale de Maude Veilleux
Voix : Maude Veilleux et Larose_____

« Médiateur essentiel de la communication entre humains et ordinateurs, le clavier est un rare outil technique avancé se qualifiant comme simple appendice de la volonté et des sens. Or, dans le travail de Marie-Andrée Pellerin, cet outil est en voie d’obsolescence. Massives et sculpturales, les touches sont privées du cadre technique et matériel qu’est le clavier. Elles deviennent une enveloppe, un réceptacle animé de l’intérieur par des autrices dont les mots sont diffusés par les haut-parleurs. Le pouvoir d’imagination langagier propre à la science-fiction peut alors se déployer dans toute sa grandeur. La relation maître-outil, propre aux techniques modernes, est délaissée et les auditeur-rice-s sont invité-e-s à pénétrer dans un univers singulier où des mots inventés recomposent le monde. Le choix de la parole impose le temps d’arrêt nécessaire à l’écoute et invite à un recul technocritique salutaire.

Privé du pouvoir d’actionner les commandes, les spectateur-rice-s se voient-il-elle-s pour autant privé-e-s de toute agentivité, sans possibilité d’action sur le monde? Le langage, utilisé par les humains pour créer un fossé entre eux et les autres animaux, serait-il en train de dépasser ses créateurs et de s’autonomiser? Plus optimiste, plus concrète, et surtout plus engagée que cette lecture techno-fataliste, l’œuvre de Pellerin suggère que l’écoute autant que la parole est la source de pouvoir du langage. Optimiste : le contrôle des mots ne parviendra pas à étouffer la pensée, car le langage est éminemment accessible et démocratique. Concrète : l’acte magique de mise au monde qu’est la conceptualisation, « il est ici un nouveau phénomène dont voici le nom », est à la fois un outil de domination et de libération. Engagée : le langage est la technique primordiale de notre espèce et la prise de parole est la mise en action de notre humanité. Au final, la caractéristique essentielle du langage, c’est sa disponibilité à être mis en forme. »

Samuel Gaudreau-Lalande

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