Marion Lessard
Doublures

Marion Lessard s’incarne en cinq individus : Marie Cherbat-Schiller, Jean-Nicolas Léonard, Élisabeth M. Larouine, Claude Romain et Alice Roussel. Des individus dont les personnalités affirmées révèlent des savoirs humanistes et disciplinaires contigus ou complémentaires et, parfois, antagonistes. Marion Lessard est ces cinq personnes mais aucune d’elles ne peut aspirer à être l’équivoque Marion Lessard.

Dans un maillage complexe où se rencontrent l’art, le travail, la vie publique et privée, le Collectif Marion Lessard tisse une trame créatrice intégrale et unifiée, nourrie de multiples ramifications et paradoxes. Ses recherches se manifestent par des œuvres vidéo et littéraires, des dessins et des performances qui questionnent, dans le geste même de faire de l’art, cette construction mystérieuse qu’est l’identité, tant collective qu’individuelle.

Doublures, œuvre qui pourrait paraitre puiser dans le canonique Vertigo d’Hitchcock surtout pour la thématique du double et des vertiges troubles qu’elle suscite, fait plutôt saillir le motif d’un processus artistique quasi télescopique où rien n’est plus plausible que l’invraisemblable et où la notion d’auteur est inlassablement ébranlée. Entre le remake, le making of et l’œuvre originale, Doublures met en scène cinq moments clés de Vertigo actualisés par les cinq membres du Collectif Marion Lessard, dirigés par cinq réalisateurs différents dont le travail est soigneusement documenté. Fiction et documentaire s’y emboitent dans une quête philosophique de l’authenticité.

Marion Lessard a fait des études en philosophie à l’Université de Montréal et détient un baccalauréat en Studio Art de l’Université Concordia où elle complète actuellement une maitrise. Depuis 2018, tant son parcours académique que ses projets artistiques ont été soutenus par plusieurs bourses. La Galerie Leonard & Bina Ellen et DARE-DARE à Montréal ainsi que Verticale (Laval) ont récemment présenté le travail du Collectif Marion Lessard. La réalisation de livres d’artistes, de performances ou d’interventions, de même que l’organisation d’évènements ponctuels tel le Symposium Congressiste de la Conférence de Colloque (2017 et 2018) s’inscrivent de manière récurrente dans le parcours du collectif. Marion Lessard, jusqu’en 2022, sera en résidence à la Fonderie Darling et Doublures est sa première exposition individuelle d’envergure.

+ Conférence de Claude Romain le 12 mars à 19 h

kimura byol
cho mihee 조미희
nathalie lemoine

Le travail de kimura byol-nathalie lemoine fascine par son ampleur et par son évolution au fil de ce qui semble être plusieurs vies, sur plusieurs continents : né.e en Corée du Sud, élevé.e en Belgique par des parents adoptifs, l’artiste a cherché à se réintégrer en tant que Coréen.ne pendant plus de dix ans avant de finalement immigrer à Montréal et de devenir un.e acteur.trice actif.tive au sein des communautés artistiques queer et féministes de la ville — un parcours au travers duquel se révèle une exploration continue de moyens de communiquer, de nouveaux médiums et de leur potentiel respectif.

Sa pratique artistique, qui pourrait également être considérée comme un archivage activiste, prend diverses formes : calligraphie, photographie, peinture, poésie et vidéo. Par ces médiums, kimura byol-nathalie lemoine aborde les questions d’identité, de genre, de race, de couleur de peau ainsi que celles de la diaspora et de l’immigration. L’enjeu pour l’artiste est éminemment personnel, toutefois le sentiment d’être Autre s’exprime souvent dans son travail en faisant entendre la voix des autres. Communauté et collaboration, processus de compréhension et d’incompréhension, font partie intégrante d’un ensemble où la transgression est intarissable.

La présente exposition propose un vaste survol des œuvres et des archives de l’artiste, organisées autour d’une chronologie de sa vie. De nombreuses vidéos, employant un large éventail de tons et d’approches, offrent des contrepoints personnels à une histoire documentée des politiques d’adoption internationale ou du programme de réinsertion propagandiste de la Corée du Sud. Cette abondante collection d’œuvres et de documents inclut un nouveau film documentaire intitulé Adoption : 30 ans après qui comprend des entrevues avec l’actrice même ayant joué dans le premier film de l’artiste, Adoption, produit en Belgique en 1988.

Le travail de kimura byol–nathalie lemoine a été exposé, projeté, publié et soutenu sur la scène nationale et internationale dans divers contextes, allant du cinéma aux festivals, des galeries aux espaces d’art alternatifs. Son premier film, Adoption, a remporté le Grand Prix «Être jeune en Europe aujourd’hui» (1988). Yel.le* est récipiendaire du programme de mentorat de MAI (Montréal, 2014-2015), du Prix Powerhouse de La Centrale (Montréal, 2016) et, en 2017, obtient la résidence en cinéma Regard sur Montréal (ONF, SODEC, Conseil des arts de Montréal). En 1988, yel.le a publié l’essai 55% Korean (Séoul, éditeur GimmYoung) et son prochain essai 88 etc. est en cours de publication par les Ateliers des Cahiers, une maison d’édition française installée en Corée qui se concentre sur les travaux d’écrivain.e.s coréen.ne.s. kimura byol–nathalie lemoine a fondé et continue de travailler sur ACA (archives culturelles des adopté.e.s) documentant l’histoire de la culture des adopté.e.s à travers les médias et les arts.
* Yel.le est un pronom non genré neutre ou ambigu et le pronom privilégié par l’artiste.

+ Rencontrez l’artiste le 22 février 2020 de 14 h à 16 h
+ Art, adoption et identité. Avec kimura byol—nathalie lemoine le 29 février 2020 de 10 h à midi