Gabriel Morest
CORPUS

Résidence : 08 au 31 août 2022
Tout commence dans la matière, en fait tout commence dans l’atelier, là où tout est transformé par une intervention. Les œuvres que Gabriel Morest nous propose peuvent être perçues comme une stratification de différents détails, voire une accumulation de gestes. Ces gestes, parfois impulsifs, parfois appliqués, deviennent l’affirmation de la décision de l’artiste qui, malgré son savoir-faire, décide d’arrêter le mouvement, de conclure. Les détails qui composent l’exposition nous ouvrent une fenêtre sur la chaîne processuelle de son travail manuel en atelier.

Avec une approche phénoménologique face à la matière, Morest domine celle-ci à travers des actions de marquage, de grattage, de soustraction et d’accumulation qui illustrent du fait même un monde de contraste, un rapport dialectique entre différents univers : organique versus formel, matériaux nobles versus matériaux bruts, urgence versus lenteur, figuration versus abstraction. Se rapprochant de la figure humaine à la fois par leur échelle et par leur forme, sans tomber dans la ressemblance mimétique mais bien par un caractère sensuel, les sculptures créent une étrange sensation qui oscille entre le connu et l’inconnu. Le rapport kinesthésique que nous développons avec les œuvres nous impose une certaine relation anthropomorphique. Malgré les déformations et la brutalité des matériaux employés, on sent la présence presque corporelle de certaines figures organiques. 

L’installation in situ CORPUS est la somme d’une courte résidence de création ici à l’Écart, ainsi que de l’aboutissement de deux ans de recherches en atelier, qui s’inscrit dans la lignée de l’exposition SUTURE présentée en décembre 2021 à la galerie Laroche-Joncas (Montréal). Les expérimentations sur la mise en espace et la construction de relation entre peinture et sculpture viennent former un tout où les textures, les couleurs et le traitement de la matière se font écho et réfléchissent ensemble sur le rapport que nous entretenons avec notre quête de « trouver du sens » et du symbolisme de notre société.

– Texte de Louis Bouvier

Natif de l’Outaouais, Gabriel Morest s’installe à Montréal afin de poursuivre son baccalauréat en arts visuels et médiatiques à l’UQÀM. Principalement sculpturale et picturale, sa pratique artistique s’articule autour d’une exploration de la matière en usant d’une variété de techniques. Afin d’obtenir un résultat volontairement imparfait, inachevé et spontané, il combine plusieurs manipulations, procédant notamment par assemblage, taillage, moulage, ou façonnage. Le travail de Morest a notamment été présenté en solo chez Circa art actuel, à l’Oeil de poisson, à B-312 et à la galerie Laroche-Joncas  à Montréal. En 2017, il a représenté le Québec en sculpture aux jeux de la francophonie qui se tenait en Côte-d’Ivoire à Abidjan.  

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Geneviève et Matthieu
M. Gros

« Geneviève et Matthieu me font venir dans leur atelier. Ils prennent mon manteau et l’accrochent. Monsieur Gros et Monsieur Gros sont au vestiaire avec un cintre, une machine à barbe à papa et une corde-couteau. Les pièces à conviction ne manquent pas, en fait, il n’y a que ça ; partout, les preuves qu’une vie d’artiste est violente. 

Le crime, souvent, ça vient de l’intérieur. Geneviève parle par-dessus Matthieu, ensuite il lui reproche de mal s’exprimer. Ils se mettent à nu. Ils s’aiment, et surtout, ils disent la même chose. Deux gros bébés, une famille unie. M. Gros est une histoire d’appétit, de soif, de démesure, mais c’est aussi l’histoire d’un duo d’artistes qui s’émancipe. Le grand tableau, ils l’ont mis à terre tellement il les oppressait. Depuis que je les connais, j’ai envie de tout leur prendre. Parfois, seul chez moi, j’imite l’éloquence de Geneviève, j’invoque la force tranquille de Matthieu. Ils sont tellement big. 

Pendant qu’ils discutent d’écoute électronique, je les enregistre. Geneviève me confie qu’elle rêve d’écrire un scénario d’enquête, mais qu’elle en est incapable. Tout de suite, je me dis : je vais leur en écrire un. J’infiltre leur atelier, je vais m’inspirer de leurs personnages, je vais me glisser dans leur peau. Puis, ils disent : « Nous trouverons l’artiste copieur, et s’il le faut, nous le chercherons parmi les membres. » Ils m’ont piégé. C’est le début de l’opération Mister Big. » 

— Texte d’Antoine Charbonneau-Demers

Partenaires et soutien à la création : 

Galerie Pierre-François Ouellette art contemporain, La Chapelle Scènes Contemporaines, Fonderie Darling et Salon58.  

La création de cette œuvre est rendue possible grâce à l’appui financer du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des arts du Canada.   

Geneviève et Matthieu présenteront également une rétrospective de leur travail au centre d’exposition de Val-d’Or en décembre.  

Le duo Geneviève & Matthieu, originaire de Rouyn-Noranda, voit le jour à la fin des années 1990. Son travail combine art, performance, musique et vie quotidienne. Jouant sur l’interdisciplinarité, du happening à la composition musicale et de la performance à l’installation, ce duo crée des représentations collectives et des mises en scène de tableaux sociaux parfois festifs, mais toujours humains.  

Depuis 2001, leur discographie comprend cinq titres. Leurs travaux, qui oscillent entre baroque, expressionnisme abstrait et arte povera, ont été exposés à plus d’une quarantaine de reprises au Québec, au Canada, aux États-Unis, en France, en Belgique et en Espagne. Impliqués activement dans leur communauté, Geneviève & Matthieu ont développé le centre d’artistes l’Écart et la Biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda pendant plus de 20 ans.

Animée par l’esprit humain, leur démarche créatrice propose un art vivant qui défie les modes de présentation habituels en changeant le lieu, la durée, la façon d’exposer et de performer.  

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Polina Veller
Peace inside you