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Daniel Hausmann et Fanny Desroches
Derrière les grandes façades de nos villes et de nos identités se trouvent immanquablement des espaces en ruine, des réalités souvent cachées au regard. Tandis que Daniel Hausmann propose un parcours dans différents lieux abandonnés de la ville postindustrielle, Fanny Desroches s’interroge sur l’envers de la représentation de soi dans l’univers des réseaux sociaux.
En marge des nouveaux bâtiments qui ne cessent de se construire à Montréal, une autre époque, celle du développement industriel, a laissé ses traces dans le paysage urbain. Les usines ou les friches désaffectées depuis des lustres sont d’immenses vestiges abandonnés qui résistent au temps malgré la menace des démolitions. C’est depuis les années 1990 que Daniel Hausmann en observe les mouvements et les investit d’actions performatives, témoignant d’une vie qui leur est propre. Le regard minutieux qu’il pose sur les détails et l’esprit des lieux en eux-mêmes le mène à porter aussi attention aux réalités des personnes qui y transitent ou s’y établissent.
Avec leurs murs de briques précaires, leurs parois de béton, leurs colonnes d’aciers, leurs sols contaminés ou jonchés de déchets, les différents sites que l’on pourrait juger inhospitaliers regorgent de présences. Le travail photographique réalisé par Hausmann au fil des années montre comment ces zones de passage ont progressivement été occupées : les corps qui au début ne faisaient que passer par là ou sauter une clôture bientôt osent s’introduire à l’intérieur des bâtiments pour y poser des gestes en dialogue avec les lieux, alors que d’autres en viendront à s’en faire des logis. Les journées entières passées sur place par l’artiste se révèlent en lumières et en instants, en dialogue avec le temps qui s’est déposé sur les pierres.
Daniel Hausmann remercie François Bloch, Normand Rajotte, Hélène Gagnon, Janet Seding, Gail Wiseman, Jocelyn Philibert, Serge Clément, Michel Campeau, Shulim Rubin, Paul Cowan, Lili Michaud, Hughes Charbonneau, Helen Malkin, Judy Garfin, Bertrand Carrière, Yan Giguère, Louise Bloom, Suzanne Arsenault, Steve Kellar, Benoit Aquin, Maxime Rheault, ainsi que Louis Lussier, Pierre Bédard, Ewa M Zebrowski.
Présentation suggérée
—Fanny Desroches
Tandis que l’écran de nos ordinateurs et de nos téléphones fait défiler des visages et des récits heureux, nous savons l’univers numérique sursaturé d’images de soi déformées par ce que l’on veut bien montrer aux autres. Et pourtant, l’état de nos identités est à l’image de celui de nos environnements : une photo d’arbres brisés au passage d’un ouragan a vite fait de nous rappeler que nous vivons dans un monde abîmé. Fanny Desroches aborde ainsi la gravité et la dureté de notre époque en faisant le portrait d’une jeunesse parfois lasse d’y chercher le sens de son existence.
L’artiste capte ainsi des regards tournés directement vers l’œil de la caméra, conscients d’être un jour observés. Loin de chercher à se conformer à des conventions sociales ou visuelles, ses photographies se veulent affranchies de présomptions et de jugements. Aucun contrôle n’est exercé ni sur les personnes ni sur les environnements dans cette quête d’honnêteté qui compose avec les imperfections. C’est aussi dans une démarche de matérialisation de ses images que l’artiste réfléchit à l’espace qu’elles occupent. Alors qu’elle recouvre la surface ou le rebord de ses tableaux d’épaisses couches de peinture, les corps ou les paysages fragmentés qui apparaissent dans les marges réussissent toujours à s’imposer malgré le peu d’espace qu’on leur accorde.
Fanny Desroches remercie le Conseil des arts du Canada de son appui financier.
Amélie, Charlotte, Claudine, Bijan, Alix, Sédrick, Antoine, Kat et toutes les autres personnes inestimables qui sont toujours là, devant ma caméra.