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Karin Jones, "Dread", 2018, acier, cheveux humains, laiton et cuir. Image par Katarina Marinic
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Body of work de Karin Jones

Vernissage le vendredi 1er novembre à 17h à La Centrale

(body of work) est une série de huit objets de décoration et de contrainte montés sur des panneaux en bois noirci. Les colliers font référence à l’identité diasporique africaine, ayant un lien avec l’assujettissement des pièces africaines dans les Amériques. Les matériaux utilisés dans l’œuvre (entre autres, maïs séché, cuir usé, fer rouillé et cheveux) ont été choisis pour évoquer les sensations de cette période sombre, représentée dans d’innombrables films et livres. J’ai créé un support individuel en laiton pour chaque pièce, que j’ai attaché au panneau en bois au niveau du cou, faisant allusion au corps absent et suggérant un étalage muséologique.

Avec cette œuvre, simplement intitulée (body of work) [signifiant « ensemble de travaux »], je pose une série de questions complexes sans offrir de réponses évidentes. Comment les récits historiques façonnent-ils nos identités ? Dans quelle mesure choisissons-nous d’afficher certains aspects de nos identités ? En créant une série d’objets décoratifs faisant référence aux contraintes et aux matériaux utilisés durant la période d’esclavage des peuples africains dans les Amériques, j’examine ma propre relation avec ce chapitre d’histoire. En tant que descendante de certaines de ces personnes soumises, j’ai grandi avec la perception que ce discours historique fait partie de qui je suis, ou peut-être plus précisément, qu’il forme la manière dont le monde me voit.
Lorsque j’ai commencé à travailler sur cette œuvre, la question que je me posais avant tout était : pourquoi porte-t-on cette identité de manière si fière ? Il me semblait que nous retournons constamment à ce passé pour tenter de mettre en avant notre force en tant que survivant(e)s de cette période horrifiante. Les symboles de l’esclavage présentés comme bijoux est une expression de cette fierté. En creusant davantage le sujet, j’ai toutefois commencé à me demander si j’ai créé ces objets pour exprimer le soulagement que je ressens lorsque je les ôte de mon corps, délaissant ainsi le fardeau du passé qui m’a été imposé. La réponse se repose, bien sûr, quelque part au milieu. Finalement, je présente quelques émotions complexes que je ressens lorsque je réfléchis sur cette période de l’histoire : fierté et honte, pitié et empathie, horreur et fascination, manque et appartenance.

Karin Jones (MFA, NSCAD University 2018) est née et a grandi à Vancouver (Colombie-Britannique). En 1993, elle obtient un diplôme en joaillerie du Vancouver Community College. En 1995-1996, elle est apprentie des maîtres-orfèvres Heinz et Hermann Laatzen à Hambourg (Allemagne). Après avoir travaillé dans la joaillerie traditionnelle pendant plusieurs années, elle porte son attention vers l’art contemporain. Ses travaux ont été présentés au Canada, aux États-Unis, en Finlande, en Corée et au Japon. Ils font également partie des collections du Royal Ontario Museum à Toronto, et du National Ornamental Metal Museum à Memphis (Tennessee). Elle est actuellement directrice du département de joaillerie du Vancouver Community College.