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Russell, McCurley et Mestari

Vernissage le jeudi 31 mars à 18h à l'Écart

« Lo que digo nunca es lo que digo sino otra cosa » d’Anna Irina Russell

En marge d’une information tangible, évidente, voir criarde, sied la communication inconsciente, le message résiduel et non hégémonique. C’est sur ces codes qui nous filent sous le nez, mais qui pourtant s’infiltrent et s’accumulent en nous et partout que l’artiste Anna Irina Russell fonde sa recherche. Derrière l’arbre, la forêt…  

Les mammifères, les végétaux et le cosmos communiquent. Par l’émission d’ondes, de codes vibratoires, ou de faisceaux de lumière, le vivant jase. Parfois, c’est à ses propres périls qu’il émet des signaux, des messages. Dès lors que l’animal ou la plante, dont les besoins primaux, intrinsèques à sa survie, se manifeste, il, elle, se place en état de vulnérabilité en attirant possiblement vers lui, vers elle, les prédateurs. Anna Irina Russell capte ces moments de tension vive.  

Par le biais de matériaux extensibles, les entretiens indiscernables environnants sont captés dans des enveloppes extensibles, des membranes qui gonflent jusqu’au point limite, jusqu’au trop plein, au débordement. Si la pellicule tient, menace alors la congestion, peut-être l’hémorragie, pire, la crise extérieure.
– Texte d’Alexandre Castonguay

 

Skull Island de Jon McCurley
Commissaire : Jenn Jackson

En 2021, Jonathan McCurley et son œuvre Skull Island  sont rattrapés par l’embarrassante et très actuelle question de la fraude identitaire. Telle une mauvaise blague, les origines autochtones de la conservatrice de la galerie qui présente son travail s’avèrent fausses, alors que Skull Island  traite de l’identité double et du sentiment d’imposture qui vient avec. Pure coïncidence ou échantillon d’un enjeu social inscrit dans le réel, l’artiste annule l’exposition prévue, pour laquelle le contexte devient inapproprié. 

Précédé de cette histoire, l’Écart accueille pour une première fois l’artiste et son œuvre. 

L’impérialisme cinématographique hollywoodien s’approprie la matière culturelle étrangère, en extrait la moelle et y insère son système de valeurs occidentales. Sans subtilité, derrière la façade inoffensive du divertissement, est dissimulée une machine de propagande éthiquement douteuse doublée une conquérante des mœurs aussi dommageable qu’une armée, qu’une épidémie. L’artiste Jonathan McCurley récupère les récits manufacturés du septième art impérialiste pour en faire naitre le discours original d’un trauma personnel. Il nous propose avec l’exposition Skull Island, une incursion dans son histoire familiale. 

Décoloniser les esprits en récupérant les symboles du conquérant et les retourner contre lui. Ces fables douteuses sont dépliées par la vidéo, la sculpture, la littérature, et traversées d’un humour tranchant et moqueur mis en scène par un filou téméraire. 
– Texte d’Alexandre Castonguay

Sam & Angèle de Laïla Mestari

Il est inapproprié de mettre en boîte, de nommer savamment ce collectif d’artistes quand l’œuvre à laquelle il s’use porte, entre autres, sur l’identité fourmillante, fugueuse, composite. Sovann Rochon se fait, dans le cadre de la création Sam et Angèle, peut-être instigateur, peut-être créateur de contexte, peut-être meneur de jeu, peut-être… 

Iels sont de disciplines et trajectoires différentes. De la danse au chant, de la vidéo au textile, quatre maillons, quatre artistes dépareillé.e.s se rencontrent et se recoupent dans des espaces pluriels et intermédiaires où les langages s’abouchent. Samantha Hinds, Angélique Willkie, Laïla Mestari et Sovann Rochon forment un quatuor d’art vivant sans précédent, neuf. 

Sam et Angèle opère hors les pistes,sur une plaine où est projeté le cinéma fictif de la construction identitaire. À travers l’exploration du doute, de l’amour propre et du sacré, le soi patenté se dissipe laissant apparaître l’image du soi floue, un reflet vague dans une fenêtre embuée. Parce qu’ainsi peut-être perle la face cachée d’une chose, la part d’indicible d’un mot, la fraction de l’autre qui nous glisse entre les doigts et le mystère que nous représentons pour nous-même.

D’abord performance, Sam & Angèle se transforme par la suite en installation visuelle de l’artiste Laïla Mestari.– Texte d’Alexandre Castonguay