[Entendre des voix] Carboniser le blême de suzan vachon, vernissage le samedi 10 septembre à 14h à Diagonale

Сню тебя иль снюсь тебе

au sujet des textes-images
Je cherchais à parler du travail de création, de ses franges, de ses marges. De ce qui l’éclaire, le prend en écharpe, et des voix qui parfois nous réveillent la nuit. Je voulais dé-couvrir manifestement certains espaces littéraires qui ont veillé sur l’image dans le noir inaugural de ce chant : leviers de désirs nyctalopes.

Ces rencontres du texte et de l’image sont des archives du journal de recherche de chant [dans les muscules du chant] * dont le titre générique, à l’instar du processus, est La patiente solitude des archives.

au sujet de chant [dans les muscules du chant]
Pour chant [dans les muscules du chant], je suis entrée dans ce vaste dortoir d’images orphelines (Prelinger) ou, selon les jours, dans cette caverne d’Ali Baba, le coeur battant à la recherche d’images chargées de matières vivantes, pour nos corps, nos désirs, nos pensées, des substances et des turbulences qui nous parleraient de et depuis le monde (Klotz). Opérant un travail comparable aux recherches du spéléologue, avançant d’abord dans le noir, ce travail de mise à jour des images m’est d’abord apparu comme ce phénoménal et paradoxal fondu au clair-obscur de l’Immémoire (C. Marker).

chant [dans les muscules du chant] est composée principalement d’archives filmiques de la première moitié du XXe siècle (British Pathé News) : années brûlantes de diaspora, années des grandes inventions, puis de libérations exaltées. Ces images en exil (extirpées de leur contenu d’origine), tisonnées par des segments de poésie, lue ou chantée, de l’entre deux guerres (Lorca, Apollinaire, Rilke, Tsvétaeva), sont littéralement traversées par le moteur conceptuel de l’archive combustible, une matière ardente. Ainsi, cette fièvre mémorielle se déploie-t-elle en plusieurs séquences comme autant de degrés de la brûlure tant historique, métaphorique, que celle matérielle du support filmique.

Suzan Vachon
* Titre : extrait d’un poème de Zéno Bianu.
Extraits littéraires : Beauté Baroque, Claude Gauvreau.
Le poème de l’air, Marina Tsvétaeva.

Notes biographiques
Artiste interdisciplinaire, Suzan Vachon enseigne depuis 1992, la sculpture, la vidéo, ainsi que différents cours multidisciplinaires en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal. Elle a aussi enseigné la vidéo au département d’histoire de l’art, section arts plastiques, de l’Université de Montréal de 1991 à 2002, puis au département d’études cinématographiques en 2004. Considérant sa pratique comme espace polyphonique de recherche, elle questionne certains rapports de résonance et d’interpénétration entre la littérature et divers médias dont la sculpture, la vidéo, le cinéma, le son, la photographie. Depuis 1993, elle a réalisé de nombreux projets d’intégration des arts à l’architecture. De façon générale, ses oeuvres témoignent d’un intérêt manifeste pour la mise en scène de la lumière et élaborent diverses stratégies de spatialisation de l’image révélée sur des écrans de nature différenciée et intégrant divers corps lumineux. Boursière du Conseil des arts du Canada et du Québec, ses oeuvres vidéographiques sont régulièrement diffusées dans différents festivals internationaux. Boursière de l’UQAM en 2009-2010, elle poursuit présentement une recherche sur l’archive. Sa récente vidéo chant [dans les muscules du chant] s’inscrit dans le projet Domaine Public de Saw Video en collaboration avec Bibliothèques et Archives Canada et soutenue par le Conseil des Arts du Canada. Candidate sélectionnée pour la bourse Exploration surround du Centre d’arts médiatiques PRIM, elle y tiendra un laboratoire de recherche sonographique sur le « toucher du son ».

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