Façades
Petits commerces. Immeubles abandonnés. Des portraits architectureaux. Je dévisage ma ville à la recherche de ces lieux désolés et désolants. Architectures modestes et devantures barricadées. Accès interdits et portes closes. Facades aveugles. Ruines modernes, recouvertes de journaux, de grillages, de métal, de tissus, de graffitis. Non-lieux, anonymes et sans adresse. Symboles des changements urbains, du déplacement du capital, du désinvestissements dans les quartiers populaires. Illustrations flagrantes de la dégradation du tissu social de certains quartiers montréalais (et de la gentrification des autres), ces lieux livides et invisibles sont maintenant voués à la destruction.
Et pourtant, ces lieux mattirent, beaux par leur silence. Des tableaux plats, riches de textures et des signes presque organiques, véritables installations urbaines aux matières sculpturales. Vocabulaire de rectangles et de lignes: une porte, deux fenêtres. Un chaos symétrique. Dans ces images sans profondeur de champ, jexacerbe la frontalité documentaire et la planéité des choses. Dans ces modestes façades, je retrouve aussi la suite et léquivalent urbain des bunkers allemands que je photographiais depuis 2 ans sur les côtes de Normandie, le long du Mur Atlantique. Mêmes apparences glauques. Mêmes visages menacants dans la pierre grise. La suite logique dun travail sur des paysages occupés.
Et, malgré laspect statique des sujets, jai le sentiment de devoir faire vite. Lusine, léchangeur, le petit dépanneur, sont tous promis à une destruction éminente. Je documente frénétiquement autant que je met en valeur la nature sculpturale des sujets. Je laisse ensuite sopérer le charme du réel. Images rétives, résistance visuelle, rage de voir. Je photographie pour la mémoire du réel, tentant de donner une certaine noblesse un aspect monumental à ces lieux voués à la disparition.
Né à Ottawa en 1957, Bertrand Carrière a étudié en communications graphiques au Collège Ahuntsic de Montréal puis a obtenu sa maîtrise en communications de l’Université du Québec à Montréal en 1996. Entre 1980 et 1995, il travaille comme photographe de plateau sur de nombreux films québécois et étrangers. Depuis 1992, il enseigne la photographie au CÉGEP André Laurendeau de Montréal. Il vit à Longueuil. Au cours des vingt-cinq dernières années, Bertrand Carrière a su créer une uvre photographique personnelle et variée. Son travail est caractérisé par la disponibilité du regard, une recherche de lintime et une capacité constante à faire surgir du visible les signes rétifs. Ses recherches se déploient en ensembles sériels autour de la mémoire, de lhistoire et dune proximité avec le cinéma. Son travail a été exposé au Québec, au Canada et en Europe. Ses oeuvres se retrouvent dans de nombreuses collections. Il a déjà publié trois livres de ses photographies aux éditions 400 coups: Témoin de lombre photographies de tournage (1995), Voyage à Domicile (1997) et Signes de jour (2002). Sa quatrième monographie, Dieppe : paysages et installations paraîtra à lautomne 2005. En juillet 2002, il réalise un vaste projet d’installation photographique, Jubilee, où il pose 913 portraits sur la plage de Dieppe, en France, en mémoire du raid raté de 1942. En 2004, il réalise 913, un film documentaire de 30 minutes sur ce sujet. Il reçoit le Prix de la création en région 2005 du CALQ pour la Montérégie. Le magazine CV Ciel variable lui consacre 8 pages dans son plus récent numéro (no. 68). Les uvres de Bertrand Carrière sont représentées à Montréal par la Galerie Simon Blais, à Toronto par la Stephen Bulger Gallery et sont distribuées par lagence VU à Paris.
Le centre SAGAMIE remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec, la Ville dAlma, le Fonds de stabilisation et de consolidation des arts et de la culture du Québec, le CRCD, Emploi Québec, le CRC, le CLD, ainsi que ses 200 membres pour leur soutien financier.
Façades
Petits commerces. Immeubles abandonnés. Des portraits architectureaux. Je dévisage ma ville à la recherche de ces lieux désolés et désolants. Architectures modestes et devantures barricadées. Accès interdits et portes closes. Facades aveugles. Ruines modernes, recouvertes de journaux, de grillages, de métal, de tissus, de graffitis. Non-lieux, anonymes et sans adresse. Symboles des changements urbains, du déplacement du capital, du désinvestissements dans les quartiers populaires. Illustrations flagrantes de la dégradation du tissu social de certains quartiers montréalais (et de la gentrification des autres), ces lieux livides et invisibles sont maintenant voués à la destruction.
Et pourtant, ces lieux mattirent, beaux par leur silence. Des tableaux plats, riches de textures et des signes presque organiques, véritables installations urbaines aux matières sculpturales. Vocabulaire de rectangles et de lignes: une porte, deux fenêtres. Un chaos symétrique. Dans ces images sans profondeur de champ, jexacerbe la frontalité documentaire et la planéité des choses. Dans ces modestes façades, je retrouve aussi la suite et léquivalent urbain des bunkers allemands que je photographiais depuis 2 ans sur les côtes de Normandie, le long du Mur Atlantique. Mêmes apparences glauques. Mêmes visages menacants dans la pierre grise. La suite logique dun travail sur des paysages occupés.
Et, malgré laspect statique des sujets, jai le sentiment de devoir faire vite. Lusine, léchangeur, le petit dépanneur, sont tous promis à une destruction éminente. Je documente frénétiquement autant que je met en valeur la nature sculpturale des sujets. Je laisse ensuite sopérer le charme du réel. Images rétives, résistance visuelle, rage de voir. Je photographie pour la mémoire du réel, tentant de donner une certaine noblesse un aspect monumental à ces lieux voués à la disparition.
Né à Ottawa en 1957, Bertrand Carrière a étudié en communications graphiques au Collège Ahuntsic de Montréal puis a obtenu sa maîtrise en communications de l’Université du Québec à Montréal en 1996. Entre 1980 et 1995, il travaille comme photographe de plateau sur de nombreux films québécois et étrangers. Depuis 1992, il enseigne la photographie au CÉGEP André Laurendeau de Montréal. Il vit à Longueuil. Au cours des vingt-cinq dernières années, Bertrand Carrière a su créer une uvre photographique personnelle et variée. Son travail est caractérisé par la disponibilité du regard, une recherche de lintime et une capacité constante à faire surgir du visible les signes rétifs. Ses recherches se déploient en ensembles sériels autour de la mémoire, de lhistoire et dune proximité avec le cinéma. Son travail a été exposé au Québec, au Canada et en Europe. Ses oeuvres se retrouvent dans de nombreuses collections. Il a déjà publié trois livres de ses photographies aux éditions 400 coups: Témoin de lombre photographies de tournage (1995), Voyage à Domicile (1997) et Signes de jour (2002). Sa quatrième monographie, Dieppe : paysages et installations paraîtra à lautomne 2005. En juillet 2002, il réalise un vaste projet d’installation photographique, Jubilee, où il pose 913 portraits sur la plage de Dieppe, en France, en mémoire du raid raté de 1942. En 2004, il réalise 913, un film documentaire de 30 minutes sur ce sujet. Il reçoit le Prix de la création en région 2005 du CALQ pour la Montérégie. Le magazine CV Ciel variable lui consacre 8 pages dans son plus récent numéro (no. 68). Les uvres de Bertrand Carrière sont représentées à Montréal par la Galerie Simon Blais, à Toronto par la Stephen Bulger Gallery et sont distribuées par lagence VU à Paris.
Le centre SAGAMIE remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec, la Ville dAlma, le Fonds de stabilisation et de consolidation des arts et de la culture du Québec, le CRCD, Emploi Québec, le CRC, le CLD, ainsi que ses 200 membres pour leur soutien financier.
Alma, QC, G8B 5W1