Élégance – General Electric, circa 1982 de Jean-Pierre Aubé et Close Quarters de Adele Chong, du 4 novembre au 10 décembre

4 NOVEMBRE – 10 DÉCEMBRE 2005:

galerie principale:

Elégance – General Electric, circa 1982
Jean-Pierre Aubé

Domestication des propriétés sonores d’un électroménager

Depuis quelques années, j’utilise un réfrigérateur de marque General Electric modèle Elégance fabriqué au début des années 1980. Ce frigo occupe l’espace sonore de mon appartement et au fil du temps, diverses altérations mécaniques ont modifié ses propriétés acoustiques.

Pour expliquer les phénomènes captés par les récepteurs de Save the Waves (2004-2005), j’utilisais l’analogie des bruits produits par les réfrigérateurs, objet domestique commun qui vibre au hasard des déclenchements du compresseur. En effet, les appareils électroménagers oscillent à la même fréquence que le système qui lui fournit son énergie, c’est-à-dire 60 cycles par seconde (60 Hz). Elégance – General Electric, circa 1982 utilise les techniques de sonorisation propres au studio d’enregistrement. Enfermés à l’intérieur de mon réfrigérateur, coupés du monde, des microphones sont disposés à différents endroits stratégiques. Sous haute surveillance, mon frigo fera donc l’objet d’une analyse méticuleuse; ses moindres vibrations seront épiées et amplifiées des milliers de fois.

Dans The Soundscape : Our Sonic Environment and the Tuning of the World (1994), R. Murray Schafer explique que certaines études ont démontré la capacité que nous possédons d’éluder certains sons de notre environnement sonore; parmi eux, on retrouve les vibrations induites par le 60 Hz des électroménagers. Depuis la révolution » électrique « , les milieux urbains vibrent à l’unisson de tous ces appareils électriques. Des simples lumières jusqu’aux plus gros générateurs, tous participent à produire un paysage sonore aux harmoniques complexes. Depuis quelque temps lorsque la ville est endormie, j’écoute attentivement mon frigo.

-Jean-Pierre Aubé

salle multidisciplinaire:

Close Quarters
ADELE CHONG

M’inspirant en grande partie de mon histoire personnelle, je traite de l’idée du déplacement dans mon travail. Ma famille ayant souvent déménagé, j’ai navigué d’une culture à l’autre pendant pratiquement toute ma vie. Enfant, je tenais un journal et je documentais mes voyages. Cette documentation prenait la forme d’écrits, de dessins ou de bandes dessinées. Bien que les voyages fussent de nature différente, je nourrissais le même enthousiasme envers divers modes d’exploration dans ma documentation, allant du » entrailles » de mon quartier de banlieue aux messages secrets inscrits sur les pavés de Venise. Même si j’étais fascinée par les structures » impossibles « , ces exploits architecturaux apparemment considérés de nature divine en raison de leur complexité technique, je privilégiais les espaces plus discrets. Je me sentais attirée par les coins oubliés, les niches, et par tout ce qui évoquait une existence précaire. Bien sûr, cette attirance aux espaces subalternes était également attribuable au fait qu’ils représentaient des issues pour m’évader des structures urbaines rigides, quoique temporaires, qui régissaient mon quotidien. Ces non-espaces constituaient un territoire non revendiqué et, au fur et à mesure qu’ils s’accumulaient, ils composaient un monde sur lequel j’avais le contrôle. Alors que je menais une vie de plus en plus nomade, sachant que la permanence résidentielle serait toujours une impossibilité, des règles inconscientes s’établissaient en prévision d’aménagements ouverts. Un respect tenace pour ces règles ainsi que les implications psychologiques et culturelles d’une vie définie par le rituel contribuent à alimenter ma pratique artistique.

Close Quarters a vu le jour lorsque j’ai commencé à produire une maquette pour la salle multidisciplinaire d’Optica. À partir de cette maquette centrale, l’Oeuvre revendique l’espace qui lui a été attribué à la manière d’un enfant : en construisant de petites divisions vulnérables qui affirment fermement leur droit de propriété.

-Adele Chong

Abonnez-vous au bulletin du Réseau art Actuel