Einfühlung
L’autre jour, j’ai vu un homme dans le métro; il portait des écouteurs et pleurait. C’était peut-être la musique qu’il écoutait. Chaque quelques secondes, les muscles de son visage se crispaient et il haletait légèrement lorsqu’il inspirait. Il n’était pas émotif, il vivait une émotion. Il le faisait juste en face de moi.
La première fois que j’ai vu Christian Messier performer – un duel tensif et précis entre son souffle et un objet ordinaire –, je me souviens de m’être sentie comme lorsque je regardais cet homme dans le métro. L’émotion était complètement différente, l’intensité intérieure que je ressentais était la même.
Les performances de Messier sont des constructions simples et saisissantes qui engagent le public à deux niveaux. Le premier niveau est visuel. Attentif aux formes et aux compositions, il active des objets soigneusement choisis pour opérer matériellement ainsi que symboliquement à l’intérieur du travail. Un objet peut être utilisé pour sa forme, ensuite pour ce qu’il évoque et finalement pour sa couleur.
Il peut aussi ne pas être utilisé. Au fur et à mesure que la performance se déploie, les éléments qui semblaient disparates se lient entre eux; de nouvelles formes émergent grâce à leurs singularités respectives. Actions et images entrent en relation, sans pour autant proposer un récit. Cet effet laisse le spectateur en suspens et l’amène dans un état d’observation envoûtant, perpétué par la référence que l’artiste convoque : l’empathie (einfühlung). Deuxième niveau de communication.
Profondément engagé, Messier propose des performances qui interpellent – ou provoquent – le spectateur. Ses exploits d’endurance, de risque et d’exubérance génèrent des états d’être facilement intériorisés chez celui qui l’observe. Le spectateur vit les émotions au même titre que l’artiste qui les performe : il se concentre, lutte ou s’abandonne.
Ainsi, les performances de Messier sont vues et ressenties. Cette nouvelle pièce, structurée autour d’une playlist de six chansons, ne fait pas exception.
– Essai par Michelle Lacombe
Christian Messier vit et travaille à Montréal. En performance, il a participé à de nombreux évènements dans une douzaine de pays. On l’a également vu à LIVE Biennale (Vancouver), à VIVA! Art Action (Montréal), à la Biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda, à 7a*11d (Toronto), à Manif d’art — La Biennale de Québec et à la Rencontre internationale d’art performance de Québec en 2000 et 2002. En peinture, son travail a été présenté entre autres à l’Œil de Poisson (Québec), au centre d’artistes Verticale (Laval) dans le cadre de Pan! Peinture, symposium dont il est l’un des fondateurs, à l’Écart (Rouyn-Noranda), ainsi qu’à la galerie Laroche/Joncas (Montréal) qui le représente. Plus récemment, il a exposé à la Galerie l’Œuvre de l’Autre et au Lobe (Chicoutimi), à Regart (Lévis), ainsi qu’à Clark (Montréal), en plus de réaliser une résidence de création à Est-Nord-Est (Saint-Jean-Port-Joli). Il était aussi l’auteur du magazine virtuel Punctum qui traitait des arts visuels au Québec.
Einfühlung
L’autre jour, j’ai vu un homme dans le métro; il portait des écouteurs et pleurait. C’était peut-être la musique qu’il écoutait. Chaque quelques secondes, les muscles de son visage se crispaient et il haletait légèrement lorsqu’il inspirait. Il n’était pas émotif, il vivait une émotion. Il le faisait juste en face de moi.
La première fois que j’ai vu Christian Messier performer – un duel tensif et précis entre son souffle et un objet ordinaire –, je me souviens de m’être sentie comme lorsque je regardais cet homme dans le métro. L’émotion était complètement différente, l’intensité intérieure que je ressentais était la même.
Les performances de Messier sont des constructions simples et saisissantes qui engagent le public à deux niveaux. Le premier niveau est visuel. Attentif aux formes et aux compositions, il active des objets soigneusement choisis pour opérer matériellement ainsi que symboliquement à l’intérieur du travail. Un objet peut être utilisé pour sa forme, ensuite pour ce qu’il évoque et finalement pour sa couleur.
Il peut aussi ne pas être utilisé. Au fur et à mesure que la performance se déploie, les éléments qui semblaient disparates se lient entre eux; de nouvelles formes émergent grâce à leurs singularités respectives. Actions et images entrent en relation, sans pour autant proposer un récit. Cet effet laisse le spectateur en suspens et l’amène dans un état d’observation envoûtant, perpétué par la référence que l’artiste convoque : l’empathie (einfühlung). Deuxième niveau de communication.
Profondément engagé, Messier propose des performances qui interpellent – ou provoquent – le spectateur. Ses exploits d’endurance, de risque et d’exubérance génèrent des états d’être facilement intériorisés chez celui qui l’observe. Le spectateur vit les émotions au même titre que l’artiste qui les performe : il se concentre, lutte ou s’abandonne.
Ainsi, les performances de Messier sont vues et ressenties. Cette nouvelle pièce, structurée autour d’une playlist de six chansons, ne fait pas exception.
– Essai par Michelle Lacombe
Christian Messier vit et travaille à Montréal. En performance, il a participé à de nombreux évènements dans une douzaine de pays. On l’a également vu à LIVE Biennale (Vancouver), à VIVA! Art Action (Montréal), à la Biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda, à 7a*11d (Toronto), à Manif d’art — La Biennale de Québec et à la Rencontre internationale d’art performance de Québec en 2000 et 2002. En peinture, son travail a été présenté entre autres à l’Œil de Poisson (Québec), au centre d’artistes Verticale (Laval) dans le cadre de Pan! Peinture, symposium dont il est l’un des fondateurs, à l’Écart (Rouyn-Noranda), ainsi qu’à la galerie Laroche/Joncas (Montréal) qui le représente. Plus récemment, il a exposé à la Galerie l’Œuvre de l’Autre et au Lobe (Chicoutimi), à Regart (Lévis), ainsi qu’à Clark (Montréal), en plus de réaliser une résidence de création à Est-Nord-Est (Saint-Jean-Port-Joli). Il était aussi l’auteur du magazine virtuel Punctum qui traitait des arts visuels au Québec.
Montréal (Québec) H3B 1A2