Jef Cornelis et le médium de la télévision
Le réalisateur belge Jef Cornelis est l’auteur d’un nombre impressionnant de films et d’émissions réalisés pour la chaîne flamande de la Radio-Télévision Belge (la BRT ‒ aujourd’hui la VRT)1. De 1964 à 1996, il a créé plus d’une centaine de films sur un vaste éventail de sujets associés à l’art contemporain et à la culture, au paysage et à l’architecture des Flandres ainsi qu’à la littérature et à la musique. Si les réalisations de Cornelis fascinent tant aujourd’hui, c’est à cause de cette volonté d’expérimentation qu’elles laissent transparaître, sur le format, la technique et le style télévisuels, les sujets abordés, ainsi que la façon de présenter les débats et les conflits. On peut affirmer en effet que bon nombre sont le produit d’un esprit prescient. Fait étonnant, toutes furent réalisées par la télévision publique, plutôt que de manière indépendante, une chose impensable de nos jours.
Jef Cornelis a étudié à la Film Academy à Amsterdam, mais c’est surtout son expérience de vie loin d’Anvers, sa ville natale, et l’intérêt qu’il portait alors au cinéma français qui l’inciteront à s’orienter vers le travail filmique. À l’âge de 22 ans, il est recruté par la section des émissions artistiques et éducatives de la BRT à Bruxelles. Peu de temps après, on lui donne carte blanche pour le tournage d’un film sur l’Abbaye du Parc, située près de Louvain (Abdij van Park Heverlee, 1964). À l’instar d’autres œuvres primées du cinéaste, le film révèle une manière incisive et pénétrante d’utiliser la caméra pour se concentrer sur ce qui dépasse, échappe ou se situe en marge du sujet – une stratégie qui deviendra une signature. Cornelis était un grand admirateur d’Alexandre Astruc, à qui l’on doit l’expression caméra-stylo pour définir une théorie du cinéma d’auteur qui sera associée au cinéma de la Nouvelle Vague. Dans ce premier film, la caméra transforme les détails architecturaux, les volumes et les passages en protagonistes du film. Il adoptera le même procédé avec la présentation d’œuvres d’art et de contextes artistiques, conférant à ses sujets une autonomie qui se reporte sur le spectateur.
Cornelis était habité par une curiosité insatiable pour le médium de la télévision, ses propriétés communicatives et ses modes de présentation; il était avide de tout explorer. En témoigne la diversité de ses sujets : œuvres et événements d’art contemporain, patrimoine architectural, planification urbaine, culturisme, sentimentalisme, exotisme, culture des magazines, parapsychologie, associations musicales, politique culturelle, intoxication, musique de transe. Cornelis était fasciné par différentes formes de savoir et de construction sociale, et comment elles s’imbriquaient dans la culture et la société contemporaines. Il a expérimenté le cadre télévisuel pour mettre en scène des rencontres entre ces sphères, leur offrir un cadre ou leur donner libre cours dans une approche critique et bien souvent provocatrice. Son désir de susciter le débat, de capter l’essentiel d’une discussion et d’associer l’image et le lieu le conduisit, dans les années 1980, à réaliser en direct par liaison satellite des émissions dont la série Brise-glace (Ijsbreker, 1983-1984), notamment, ainsi qu’un film marathon de six heures, The Longest Day (De langste dag, 1986).
http://ellengallery.concordia.ca/?exposition=dans-le-vestibule-avec-jef-cornelis
Jef Cornelis et le médium de la télévision
Le réalisateur belge Jef Cornelis est l’auteur d’un nombre impressionnant de films et d’émissions réalisés pour la chaîne flamande de la Radio-Télévision Belge (la BRT ‒ aujourd’hui la VRT)1. De 1964 à 1996, il a créé plus d’une centaine de films sur un vaste éventail de sujets associés à l’art contemporain et à la culture, au paysage et à l’architecture des Flandres ainsi qu’à la littérature et à la musique. Si les réalisations de Cornelis fascinent tant aujourd’hui, c’est à cause de cette volonté d’expérimentation qu’elles laissent transparaître, sur le format, la technique et le style télévisuels, les sujets abordés, ainsi que la façon de présenter les débats et les conflits. On peut affirmer en effet que bon nombre sont le produit d’un esprit prescient. Fait étonnant, toutes furent réalisées par la télévision publique, plutôt que de manière indépendante, une chose impensable de nos jours.
Jef Cornelis a étudié à la Film Academy à Amsterdam, mais c’est surtout son expérience de vie loin d’Anvers, sa ville natale, et l’intérêt qu’il portait alors au cinéma français qui l’inciteront à s’orienter vers le travail filmique. À l’âge de 22 ans, il est recruté par la section des émissions artistiques et éducatives de la BRT à Bruxelles. Peu de temps après, on lui donne carte blanche pour le tournage d’un film sur l’Abbaye du Parc, située près de Louvain (Abdij van Park Heverlee, 1964). À l’instar d’autres œuvres primées du cinéaste, le film révèle une manière incisive et pénétrante d’utiliser la caméra pour se concentrer sur ce qui dépasse, échappe ou se situe en marge du sujet – une stratégie qui deviendra une signature. Cornelis était un grand admirateur d’Alexandre Astruc, à qui l’on doit l’expression caméra-stylo pour définir une théorie du cinéma d’auteur qui sera associée au cinéma de la Nouvelle Vague. Dans ce premier film, la caméra transforme les détails architecturaux, les volumes et les passages en protagonistes du film. Il adoptera le même procédé avec la présentation d’œuvres d’art et de contextes artistiques, conférant à ses sujets une autonomie qui se reporte sur le spectateur.
Cornelis était habité par une curiosité insatiable pour le médium de la télévision, ses propriétés communicatives et ses modes de présentation; il était avide de tout explorer. En témoigne la diversité de ses sujets : œuvres et événements d’art contemporain, patrimoine architectural, planification urbaine, culturisme, sentimentalisme, exotisme, culture des magazines, parapsychologie, associations musicales, politique culturelle, intoxication, musique de transe. Cornelis était fasciné par différentes formes de savoir et de construction sociale, et comment elles s’imbriquaient dans la culture et la société contemporaines. Il a expérimenté le cadre télévisuel pour mettre en scène des rencontres entre ces sphères, leur offrir un cadre ou leur donner libre cours dans une approche critique et bien souvent provocatrice. Son désir de susciter le débat, de capter l’essentiel d’une discussion et d’associer l’image et le lieu le conduisit, dans les années 1980, à réaliser en direct par liaison satellite des émissions dont la série Brise-glace (Ijsbreker, 1983-1984), notamment, ainsi qu’un film marathon de six heures, The Longest Day (De langste dag, 1986).
http://ellengallery.concordia.ca/?exposition=dans-le-vestibule-avec-jef-cornelis