Pablo Rodriguez, photo : Parti libéral du Canada

Culture : les conservateurs coupent encore selon Pablo Rodriguez

Culture : les conservateurs coupent encore
Pablo Rodriguez, porte-parole libéral responsable du patrimoine canadien
 
Fidèles à leurs visées idéologiques, les conservateurs de Stephen Harper s’attaquent encore aux arts, en coupant cette fois dans les programmes de soutien à la diversité de la musique canadienne. Pour les conservateurs, seule la musique populaire, ou rentable, mérite d’être encouragée. Dans cet esprit, la musique classique, le folk, le jazz ou la musique expérimentale sont relégués au second plan. Concrètement, ce sont des centaines d’artistes canadiens qui se verront privés d’une aide gouvernementale précieuse pour l’enregistrement et la diffusion de leurs productions.
 
Après avoir écouté de nombreux témoins, dont les artistes eux-mêmes, le Comité parlementaire du patrimoine canadien a déposé il y a quelques jours un rapport sur la question, dans lequel les trois partis d’opposition appellent le gouvernement à réinjecter les fonds nécessaires pour soutenir la musique spécialisée, en réintégrant dans le Fonds de la musique du Canada le volet Diversité de la musique canadienne.
 
Comme l’ont souligné de nombreux artistes lors des audiences du comité, la culture musicale est un écosystème dont la musique spécialisée fait partie. Les artistes de la musique spécialisée innovent, recherchent, découvrent et inventent de nouvelles musiques, alimentant par leur créativité l’ensemble de la production musicale au pays. C’est pourquoi l’importance de la musique spécialisée dépasse de loin le simple divertissement, comme l’a d’ailleurs souligné le Conseil des arts du Canada.
 
Certes, le soutien à la musique populaire demeure important, et les artistes populaires ont besoin de soutien afin de développer de nouveaux marchés numériques et internationaux. Mais ce soutien ne doit pas se faire au détriment de la musique spécialisée. D’autant plus que les sommes dont il est question ici sont loin d’être faramineuses. Le volet Diversité de la musique canadienne était doté d’un budget de 1,3 million de dollars, ce qui se traduisait, à chaque année, par des subventions cruciales pour une centaine d’artistes. Une aide qui permettait à bon nombre d’entre eux de faire leurs premiers pas sur la scène musicale, ici et à l’étranger.
 
1,3 million de dollars. Est-ce vraiment trop demander lorsque les conservateurs dépensent quelque 100 millions de dollars pour faire la promotion de leur Plan d’action économique ? De toute évidence, le gouvernement de Stephen Harper préfère dépenser cent fois plus d’argent à faire son autopromotion à coup de pancartes et de chèques géants qu’à soutenir les artistes de la scène alternative.
 
Pas étonnant, de la part d’un gouvernement qui croit que la culture doit être au service de son idéologie. Rappelons-nous le projet de loi C-10, qui prévoyait censurer les productions cinématographiques dont le contenu était contraire à « l’ordre public » par le refus de subventions. Rappelons-nous les coupes sauvages et non justifiées de 45 millions de dollars dans les programmes culturels. Rappelons-nous enfin comment les conservateurs se sont montrés impitoyables en refusant d’aider Radio-Canada à traverser une situation économique difficile qui s’est traduite par la mise à pied de 800 employés.

Ne soyons pas dupes de l’opération de relations publiques que tente actuellement de mener Stephen Harper, celui-là même qui traitait, il y a moins d’un an, les artistes de riches enfants gâtés. Espérons que cette fois, le gouvernement saura entendre les trois partis d’opposition et la très grande majorité des personnes venues témoigner en commission parlementaire, et qu’il acceptera 1) de rétablir dans son intégralité le volet Diversité de la musique canadienne au sein du Fonds de la musique du Canada, et 2) d’allouer des crédits supplémentaires au Conseil des Arts du Canada pour continuer à soutenir le programme de subventions à l’enregistrement et à la distribution de musique spécialisée.

Abonnez-vous au bulletin du Réseau art Actuel