© Reynold Reynolds & Patrick Jolley, Burn (détail) (2002)

Chantal duPont et Reynold Reynolds, vernissage le jeudi 19 février à 19h à Dazibao

Dazibao consacre une exposition aux 25 ans de pratique vidéographique de Chantal duPont en présentant 11 vidéos réalisées entre 1990 et 2015. Choisies avec beaucoup de liberté et assemblées par association d’idées plutôt que dans une chronologie, les œuvres réunies dans ces deux heures de projection mettent en lumière de nombreuses facettes du parcours de l’artiste.

 
À travers sa pratique, comme professeure voire même mentor, Chantal duPont est de toutes les étapes du développement de la vidéo puis des arts numériques à Montréal, tant du côté des contenus que de l’émergence des réseaux de recherche et de diffusion. Elle contribue à de nombreux institutions, centres d’artistes et groupes de recherches tels que Vidéographe, le CIAM, Hexagram, La Centrale Galerie Powerhouse, Studio XX et Les rendez-vous du Cinéma québécois pour n’en nommer que quelques-uns. Membre fondatrice du Groupe de recherche en arts médiatiques, elle dirige le projet de recherche interuniversitaire « Nouvelles formes narratives et création audio-vidéo » et participe à la rédaction du premier dictionnaire québécois des arts médiatiques paru en 1996 sous la direction de Louise Poissant.
 
La question de l’identité du territoire et de ses frontières, en particulier les frontières entre différents champs artistiques, entre nature et culture, privé et public, traverse toute l’œuvre de Chantal duPont. Ses vidéos abordent l’identité familiale et culturelle, la vulnérabilité du corps comme celle de la mémoire, à travers l’autoreprésentation, la performance, l’écriture. Depuis les dernières années, elle s’intéresse tout particulièrement aux diverses formes narratives que peut engendrer le passage entre la réalité et la fiction amené par le numérique.
 
Pour ajouter d’autres voix, enrichir la lecture et contextualiser par diverses filiations ce travail nous avons réuni dans un programme complémentaire composé grâce à la précieuse  collaboration du GIV (Anne Golden) et de Vidéographe (Denis Vaillancourt) des œuvres de Laetitia Bourget, Belinda Campbell, Bertrand R. Pitt, Victoria Stanton, Lisa Steele et Esther Valiquette.
 
Programme vidéo
 
Le marché de l’amour (1990), 21 min
Voir au bout des doigts (2004), 6 min
Pemesu (2007), 10 min
40 jours à rebours (2004), 47 min
Karma (2006), 1 min 32
M’vois-tu? (2007), 7 min 44
Voir au-delà (2008), 1 min 15
Trois tours et puis s’en vont (1992), 9 min 25
Visages (2013), 2 min 15
Du front tout le tour de la tête (2000), 30 min
Cartes et territoires, un parcours (2015)
Programme complémentaire
 
Belinda Campbell, Dis-moi donc ce qui regarde? (2006), 4 min 39
Lisa Steele, Birthday Suit with Scars and Defects (1974), 13 min
Bertrand R. Pitt, Rémanence (2005), 10 min
Laetitia Bourget, (…) (2001), 9 min
Victoria Stanton, Arrest (2012), 2 min
Esther Valiquette, Le récit d’A (1990), 20 min
 
Chantal duPont a d’abord été formée à l’École des Beaux-Arts de Montréal avant de compléter une maîtrise à l’Université Concordia. De 1985 à 2008, elle a été professeure à l’École des arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal. Artiste multidisciplinaire, ses œuvres sont primées dans de nombreux festivals vidéo en Belgique, en Colombie, en France, au Portugal de même qu’à Montréal où elle obtient entre autres en 2001 le Prix à la Création artistique du Conseil des arts et des lettres du Québec pour Du front tout le tour de la tête. En 2006, elle remporte le Prix Bell Canada d’art vidéographique remis par le Conseil des arts du Canada pour sa contribution exceptionnelle à l’art vidéo. Son travail a également fait l’objet d’expositions individuelles et collectives ici comme à l’étranger, plus récemment au Centre culturel de l’Université fédérale de Goiás (Brésil, 2014), dans le cadre de la Biennale internationale d’art numérique de Montréal (2012), à OBORO (2012), au Kunstpavillion (Innsbruck, Autriche, 2009) et à Vtape (Toronto, 2007). Site Internet : chantal-dupont.ca
 
Laetitia Bourget détient une maîtrise en arts plastiques de l’Université de Bordeaux (1998). Sa pratique, en partie autobiographique, est multidisciplinaire et comprend la vidéo et la performance, aussi bien que l’illustration et le dessin. Site Internet : laetitiabourget.org
 
Belinda Campbell détient une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’UQAM (2006). C’est une artiste multidisciplinaire dont la pratique englobe la vidéo, la performance, la musique, la poésie et le dessin. Site Internet : campbellbelinda.com
 
Bertrand R. Pitt détient une maîtrise en arts plastiques de l’UQAM (1996). Par des dispositifs interactifs minimalistes, ses installations vidéographiques et sonores proposent des rapports inattendus entre les sons et les images et interroge nos habitudes perceptuelles. Site Internet : bertrandrpitt.net
 
Victoria Stanton détient un baccalauréat en arts visuels de l’Université Concordia (1995). La performance se trouve au cœur de la recherche de cette artiste multidisciplinaire, qu’il soit question d’actions directes, de vidéo, de film, de photographie, de dessin ou d’écriture. Site Internet : bankofvictoria.com
 
Artiste et professeure, récipiendaire de nombreux prix, Lisa Steele est également la cofondatrice de Vtape, qu’elle dirige avec Kim Tomczak. Avant de fonder le duo Steele+Tomczak au début des années 1980, elle réalise en solo des œuvres qui ont posé un jalon dans l’histoire de la vidéo canadienne. Site Internet : steeleandtomczak.com
 
Réalisatrice de courts métrages, Esther Valiquette (1962-1994) a également travaillé comme assistante à la caméra et éclairagiste. En 1993, elle a remporté le prix du meilleur court métrage des Rendez-vous du cinéma québécois ainsi qu’un Genie pour Le singe bleu. Elle est décédée des suites du sida.
 
Cette exposition a été organisée pour Dazibao par France Choinière en étroite collaboration avec l’artiste. Nous remercions l’artiste de sa généreuse collaboration ainsi que ses membres pour leur soutien. Dazibao reçoit l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts de Montréal et du Ministère de la Culture et des Communications.
 
 
REYNOLD REYNOLDS | ALMOST SIX PIECES

La galerie est ouverte du mardi au samedi, de midi à 17 h
 
Almost Six Pieces réunit, pour la première fois au Canada, cinq installations vidéo de l’artiste américain Reynold Reynolds. Dans un chaos minutieusement contrôlé, mais exacerbé par l’abondance de références — historiques, artistiques, scientifiques, etc. — Reynolds développe une sorte d’esthétique du malaise. Un malaise entretenu par une confusion persistante entre bluff et réalité, nourri par des tourments inexprimés, voire inavoués… Sans nommer d’apocalypse ni être complètement dystopiques, les cinq œuvres réunies annoncent un monde contigu à la catastrophe, faisant de l’idée même du progrès l’allégorie de la chute.
 
Seven Days ‘Til Sunday forme un triptyque avec Burn et The Drowning Room — trois œuvres co-réalisées avec Patrick Jolley (1964-2012). Tour à tour, comme poussées par une force implacable, des formes humaines tombent dans une cage d’escalier, s’écrasent du haut d’un silo à grains, brûlent ou explosent, sont jetées dans l’eau du haut d’un pont. Git aussi un corps inerte sur le quai de métro d’une ville hallucinée. La bande sonore, le noir et blanc, l’effet de ralenti nous poussent à attendre une chose déjà survenue, exaltant l’angoisse.
 
Dans Burn un appartement et ses habitants, tout en vaquant à leur quotidien, se consument dans un état de latence inquiétant. Dans cet univers clos où vivre ressemble à une punition, un homme asperge d’essence l’édredon et le lit où dort sa femme, y met le feu puis s’immole, sans se consumer. Pour les spectateurs l’apathie effarante des personnages s’impose comme la seule révolte possible.
 
Dans Six Apartments les habitants de six logements vivent leurs vies solitaires tandis que les voix des télévisions et des radios renvoient sur le ton d’une conversation polie des constats alarmants sur la destruction prochaine de la planète. Le texte s’insinue dans l’image, la rendant ambigüe et métaphorique. Utilisant pourtant la caméra d’une manière stoïque, quasi médicale, Reynolds accentue, voire esthétise dans une boucle parfaite la mutation et la dégénérescence qui ont cours dans le film, jusqu’à rendre envoûtant l’étouffement qui en résulte.
 
Dans les œuvres suivantes, Secrets Trilogy (composée de Secret LifeSecret Machine et Six Easy Pieces) et la toute récente 1 Part 7, Reynold Reynolds explore les liens entre art et science. Ainsi, à travers la métaphore du temps et de sa mesure, du rôle de celui-ci dans la recherche et l’expérimentation, le mouvement et l’image en mouvement, l’artiste révèle et dissimule alternativement les différents jeux mathématiques ou d’illusion qui sous-tendent toute représentation par l’image.
 
Originaire de l’Alaska, Reynold Reynolds détient un baccalauréat en physique et une maîtrise de la School of Visual Arts de New York. Son travail a fait l’objet d’expositions sur la scène internationale, notamment au Kunstlerhaus Bethanien (Berlin), au MoMA PS1 (New York), au Centre de la photographie (Genève), au Christopher Grimes Gallery (Californie) et au Museu de Arte Moderna (Rio de Janeiro). Il a participé à plusieurs biennales dont la Biennale de l’Image en Mouvement (Genève), la Berlin Biennale, la Bienal de Arte Contemporaneo del Fin del Mundo (Argentine) et la Moscow Biennale of Contemporary Art. The Drowning Room, présentée dans le cadre de Home Sweet Home. À propos de l’inquiétude (exposition inaugurant les nouveaux espaces de Dazibao) a été notre première incursion du côté de son œuvre. Pour de plus amples informations, consultez son site Internet (artstudioreynolds.com). Reynolds a réalisé plusieurs œuvres en collaboration avec Patrick Jolley (patrickjolleyestate.com).
 
Cette exposition a été organisée pour Dazibao par France Choinière en étroite collaboration avec l’artiste. Nous remercions l’artiste de sa généreuse collaboration ainsi que ses membres pour leur soutien. Dazibao reçoit l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts de Montréal et du Ministère de la Culture et des Communications.
 

 

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