Paysages‐Vêtements
Installation de Carole Baillargeon
L’exposition réunit des extraits de quatre installations s’inspirant chacune d’une saison. Vaste projet réunissant arts visuels, scénographie, techniques artisanales, il met en lumière la relation unissant l’individu à son environnement.
Le vêtement, à la fois matière et structure formelle, témoigne de l’humain et de sa capacité à s’adapter aux contraintes de l’environnement et des particularités apportées par les saisons. L’abondance des techniques utilisées fait quant à elle écho aux nombreuses traditions et coutumes développées au fil de tout processus d’occupation du territoire.
Par l’utilisation d’objets qui ont eu préalablement une existence propre, par le temps accordé au développement du projet s’étalant sur une quinzaine d’années, par le protocole de réalisation en quatre phases reproduites par l’artiste pour chaque installation et enfin par l’évocation des saisons, le temps est ressenti comme une matière ayant façonné l’oeuvre. C’est particulièrement la notion de temps cyclique que Carole Baillargeon investit et propose aux visiteurs d’expérimenter en déambulant d’une saison à l’autre.
Qu’elle soit collective ou individuelle, la notion de mémoire est en étroite relation avec celle du temps. Comme celui‐ci, c’est une substance intangible présente dans ses oeuvres. Le visiteur apprécie la présence de l’absence par la découverte des multiples finitudes qui trouvent ici une continuité de vie dans l’oeuvre, à l’instar de la mémoire ressentie par les vivants à l’égard de leurs proches disparus.
Carole Baillargeon
Figure constante du milieu artistique de Québec depuis plus de 20 ans, Carole Baillargeon est reconnue pour ses recherches en sculpture traitant de l’humain, par une pratique artistique hybride mêlant parfois la sculpture, la scénographie, les métiers d’art, l’artisanat et par le recours à l’usage d’objets comme matière des oeuvres. Son approche pluridisciplinaire sert occasionnellement le théâtre et surtout une recherche sur la mise en mouvement de ses oeuvres, amorcée avec différents interprètes de la scène : théâtre, danse, chant, marionnette dans le projet Paysages‐vêtements en quatre temps.
Elle a reçu plusieurs distinctions et bourses dont le prix de Rayonnement international pour la région de Québec, décerné par le Conseil de la culture en 2000, et le Premier prix de la Biennale Découverte en 1993 pour l’oeuvre La main qui prend.
La traversée/Ashu-takusseu
À partir du 17 juin prochain, la maison de la culture Frontenac présente l’exposition La traversée/Ashu-takusseu de Michel Depatie.
Il s’agit d’un projet photographique qui questionne la représentation des Premières Nations d’Amérique. Ce travail de Michel Depatie est une réponse à l’oeuvre du photographe-pictorialiste Edward Curtis qui réalisa un corpus de 40 000 photos de 80 nations autochtones, il y a plus de 100 ans. La traversée/Ashu-takusseu constitue le résultat d’une collaboration entre Michel Depatie et les Autochtones de diverses communautés qui ont réalisé leurs autoportraits (selfies) et les ont envoyés à l’artiste par le biais d’un site web. Ces autoportraits ont par la suite été recomposés en mosaïques avec des milliers d’images provenant des vidéos des communautés autochtones réalisées dans le cadre du projet Wapikoni mobile.
Quatre photographies de Curtis sont également recomposées en mosaïques et insérées dans un encadrement précieux autrefois réservé aux nobles. Le face à face créé entre ces deux représentations des Autochtones tente un ébranlement et une déconstruction du regard colonisateur : les autochtones ont surtout été vus tel que l’homme occidental souhaite s’en souvenir. Ce projet se veut une réaction à la méthode de travail de Curtis qui souhaitait avant tout figer les Premières Nations dans leur culture ancienne et traditionnelle. Le choix de Depatie de ne réaliser lui-même aucune photo de l’Autre ouvre une réflexion sur les objectifs du photographe et de ce qu’il considère digne d’être retenu iconographiquement. Cette posture permet la création d’un espace où la rencontre et le dialogue deviennent possibles.
Quelques jours avant l’ouverture de l’exposition, l’artiste a réalisé une performance dans la salle consistant à briser près de 75 miroirs. Reprenant le miroir, objet qui fut au centre des échanges commerciaux entre Autochtones et Occidentaux, Michel Depatie réalise un geste symbolique qui s’offre comme un rituel de rupture dans le travail de représentation du photographe.
L’exposition La traversée/Ashu-takusseu fait partie d’un projet plus vaste, débuté il y a quelques mois, avec comme objectif de créer un corpus de 30 000 autoportraits des Premières Nations d’Amérique. Les milliers d’images recueillies seront présentées dans des espaces publics urbains. Une première présentation prendra place à l’occasion du 25e anniversaire du Festival Présence autochtone en août 2015.
L’ARTITSTE
Michel Depatie a une pratique artistique depuis plus de 20 ans. Son travail, principalement axé sur la photographie, la vidéo et l’installation, a été exposé à de nombreuses reprises tant au Québec qu’à l’étranger. Une partie importante de son oeuvre a été inspirée de la culture autochtone et du territoire occupé par les Innus dans la partie nord-est du Québec, le Nitassinan. Il a créé au fil des ans plusieurs installations in situ, dans la nature, dont La Rencontre-Natishkatun, présentée au symposium international de la Fondation Derouin en 2007.
Son corpus d’oeuvres photographiques est composé de plusieurs projets d’impression sur des matériaux tels que le verre ou le tissu. Ses compositions sont le résultat de superpositions et de fragmentations qui amènent souvent la photographie à une esthétique près de la peinture. Depuis quelques années, Michel Depatie interroge la photographie en tant que simple oeuvre iconographique susceptible de perdre toute trace du réel, et donc de nous-mêmes.
Michel Depatie est aussi concepteur de plusieurs événements culturels sur le territoire montréalais, dont Paysages éphémères et Nuit Blanche sur Tableau Noir.
WAPIKONI MOBILE
Cofondé par le Conseil de la nation atikamekw, le Conseil des jeunes des Premières Nations et Manon Barbeau, le Wapikoni mobile prenait la route vers les communautés autochtones du Québec en 2004. Dix ans plus tard, plus de 3500 jeunes participants de 9 nations et de 25 communautés ont réalisé plus de 782 courts métrages dont plusieurs ont été traduits en espagnol, en portugais, en italien et même en mandarin. Ces oeuvres ont remporté 88 prix et mentions dans de prestigieux festivals nationaux et internationaux. Le travail du Wapikoni a été récompensé à plusieurs reprises dont en 2014 pour le Prix de l’Innovation interculturelle 2014, décerné par l’Alliance des civilisations des Nations Unies (UNAOC) et le groupe BMW. www.wapikoni.ca
EDWARD CURTIS
Entre 1896 et 1930, Edward Sheriff Curtis photographie quelque quatre-vingts peuples amérindiens et publie 2 228 photogravures dans sa grande encyclopédie en vingt volumes, The North American Indian (1907-1930) – oeuvre gigantesque mais inclassable, associant des photogravures très ouvragées à des milliers de pages de texte ethnographique. D’abord connu pour ses portraits de la bourgeoisie locale de Seattle, Edward Curtis réalise sa vaste saga pictorialiste du monde amérindien dans le contexte des politiques assimilationnistes menées par le gouvernement fédéral. À rebours de ces politiques de détribalisation, Edward Curtis tente dans ses clichés d’occulter les signes de déculturation, poursuivant l’ambition de « retrouver » l’Indien d’avant le contact – cet Indien exotique, censément préindustriel et prémoderne, et largement fantasmatique. Pour cette raison, on lui doit une photographie extrêmement construite et parfois lourdement scénarisée, traversée par un puissant imaginaire. Ses multiples stratégies de pose, de mise en scène et d’accessoirisations le placent en effet du côté des pratiques photographiques dites « mixtes », « créatives » ou « interventionnistes ».
Paysages‐Vêtements
Installation de Carole Baillargeon
L’exposition réunit des extraits de quatre installations s’inspirant chacune d’une saison. Vaste projet réunissant arts visuels, scénographie, techniques artisanales, il met en lumière la relation unissant l’individu à son environnement.
Le vêtement, à la fois matière et structure formelle, témoigne de l’humain et de sa capacité à s’adapter aux contraintes de l’environnement et des particularités apportées par les saisons. L’abondance des techniques utilisées fait quant à elle écho aux nombreuses traditions et coutumes développées au fil de tout processus d’occupation du territoire.
Par l’utilisation d’objets qui ont eu préalablement une existence propre, par le temps accordé au développement du projet s’étalant sur une quinzaine d’années, par le protocole de réalisation en quatre phases reproduites par l’artiste pour chaque installation et enfin par l’évocation des saisons, le temps est ressenti comme une matière ayant façonné l’oeuvre. C’est particulièrement la notion de temps cyclique que Carole Baillargeon investit et propose aux visiteurs d’expérimenter en déambulant d’une saison à l’autre.
Qu’elle soit collective ou individuelle, la notion de mémoire est en étroite relation avec celle du temps. Comme celui‐ci, c’est une substance intangible présente dans ses oeuvres. Le visiteur apprécie la présence de l’absence par la découverte des multiples finitudes qui trouvent ici une continuité de vie dans l’oeuvre, à l’instar de la mémoire ressentie par les vivants à l’égard de leurs proches disparus.
Carole Baillargeon
Figure constante du milieu artistique de Québec depuis plus de 20 ans, Carole Baillargeon est reconnue pour ses recherches en sculpture traitant de l’humain, par une pratique artistique hybride mêlant parfois la sculpture, la scénographie, les métiers d’art, l’artisanat et par le recours à l’usage d’objets comme matière des oeuvres. Son approche pluridisciplinaire sert occasionnellement le théâtre et surtout une recherche sur la mise en mouvement de ses oeuvres, amorcée avec différents interprètes de la scène : théâtre, danse, chant, marionnette dans le projet Paysages‐vêtements en quatre temps.
Elle a reçu plusieurs distinctions et bourses dont le prix de Rayonnement international pour la région de Québec, décerné par le Conseil de la culture en 2000, et le Premier prix de la Biennale Découverte en 1993 pour l’oeuvre La main qui prend.
La traversée/Ashu-takusseu
À partir du 17 juin prochain, la maison de la culture Frontenac présente l’exposition La traversée/Ashu-takusseu de Michel Depatie.
Il s’agit d’un projet photographique qui questionne la représentation des Premières Nations d’Amérique. Ce travail de Michel Depatie est une réponse à l’oeuvre du photographe-pictorialiste Edward Curtis qui réalisa un corpus de 40 000 photos de 80 nations autochtones, il y a plus de 100 ans. La traversée/Ashu-takusseu constitue le résultat d’une collaboration entre Michel Depatie et les Autochtones de diverses communautés qui ont réalisé leurs autoportraits (selfies) et les ont envoyés à l’artiste par le biais d’un site web. Ces autoportraits ont par la suite été recomposés en mosaïques avec des milliers d’images provenant des vidéos des communautés autochtones réalisées dans le cadre du projet Wapikoni mobile.
Quatre photographies de Curtis sont également recomposées en mosaïques et insérées dans un encadrement précieux autrefois réservé aux nobles. Le face à face créé entre ces deux représentations des Autochtones tente un ébranlement et une déconstruction du regard colonisateur : les autochtones ont surtout été vus tel que l’homme occidental souhaite s’en souvenir. Ce projet se veut une réaction à la méthode de travail de Curtis qui souhaitait avant tout figer les Premières Nations dans leur culture ancienne et traditionnelle. Le choix de Depatie de ne réaliser lui-même aucune photo de l’Autre ouvre une réflexion sur les objectifs du photographe et de ce qu’il considère digne d’être retenu iconographiquement. Cette posture permet la création d’un espace où la rencontre et le dialogue deviennent possibles.
Quelques jours avant l’ouverture de l’exposition, l’artiste a réalisé une performance dans la salle consistant à briser près de 75 miroirs. Reprenant le miroir, objet qui fut au centre des échanges commerciaux entre Autochtones et Occidentaux, Michel Depatie réalise un geste symbolique qui s’offre comme un rituel de rupture dans le travail de représentation du photographe.
L’exposition La traversée/Ashu-takusseu fait partie d’un projet plus vaste, débuté il y a quelques mois, avec comme objectif de créer un corpus de 30 000 autoportraits des Premières Nations d’Amérique. Les milliers d’images recueillies seront présentées dans des espaces publics urbains. Une première présentation prendra place à l’occasion du 25e anniversaire du Festival Présence autochtone en août 2015.
L’ARTITSTE
Michel Depatie a une pratique artistique depuis plus de 20 ans. Son travail, principalement axé sur la photographie, la vidéo et l’installation, a été exposé à de nombreuses reprises tant au Québec qu’à l’étranger. Une partie importante de son oeuvre a été inspirée de la culture autochtone et du territoire occupé par les Innus dans la partie nord-est du Québec, le Nitassinan. Il a créé au fil des ans plusieurs installations in situ, dans la nature, dont La Rencontre-Natishkatun, présentée au symposium international de la Fondation Derouin en 2007.
Son corpus d’oeuvres photographiques est composé de plusieurs projets d’impression sur des matériaux tels que le verre ou le tissu. Ses compositions sont le résultat de superpositions et de fragmentations qui amènent souvent la photographie à une esthétique près de la peinture. Depuis quelques années, Michel Depatie interroge la photographie en tant que simple oeuvre iconographique susceptible de perdre toute trace du réel, et donc de nous-mêmes.
Michel Depatie est aussi concepteur de plusieurs événements culturels sur le territoire montréalais, dont Paysages éphémères et Nuit Blanche sur Tableau Noir.
WAPIKONI MOBILE
Cofondé par le Conseil de la nation atikamekw, le Conseil des jeunes des Premières Nations et Manon Barbeau, le Wapikoni mobile prenait la route vers les communautés autochtones du Québec en 2004. Dix ans plus tard, plus de 3500 jeunes participants de 9 nations et de 25 communautés ont réalisé plus de 782 courts métrages dont plusieurs ont été traduits en espagnol, en portugais, en italien et même en mandarin. Ces oeuvres ont remporté 88 prix et mentions dans de prestigieux festivals nationaux et internationaux. Le travail du Wapikoni a été récompensé à plusieurs reprises dont en 2014 pour le Prix de l’Innovation interculturelle 2014, décerné par l’Alliance des civilisations des Nations Unies (UNAOC) et le groupe BMW. www.wapikoni.ca
EDWARD CURTIS
Entre 1896 et 1930, Edward Sheriff Curtis photographie quelque quatre-vingts peuples amérindiens et publie 2 228 photogravures dans sa grande encyclopédie en vingt volumes, The North American Indian (1907-1930) – oeuvre gigantesque mais inclassable, associant des photogravures très ouvragées à des milliers de pages de texte ethnographique. D’abord connu pour ses portraits de la bourgeoisie locale de Seattle, Edward Curtis réalise sa vaste saga pictorialiste du monde amérindien dans le contexte des politiques assimilationnistes menées par le gouvernement fédéral. À rebours de ces politiques de détribalisation, Edward Curtis tente dans ses clichés d’occulter les signes de déculturation, poursuivant l’ambition de « retrouver » l’Indien d’avant le contact – cet Indien exotique, censément préindustriel et prémoderne, et largement fantasmatique. Pour cette raison, on lui doit une photographie extrêmement construite et parfois lourdement scénarisée, traversée par un puissant imaginaire. Ses multiples stratégies de pose, de mise en scène et d’accessoirisations le placent en effet du côté des pratiques photographiques dites « mixtes », « créatives » ou « interventionnistes ».