A. A. A. L’art après l’apocalypse : D.T. à la périphérie des temps, vernissage le vendredi 5 février à 17h chez Séquence

Depuis près d’une décennie, [Séquence] consacre en début d’année ses espaces d’exposition à des artistes aux racines régionales. Nous poursuivons la tradition. Nationaliste et régionaliste, l’oeuvre de Denys Tremblay en est représentative à plusieurs niveaux. C’est avec plaisir que nous l’accueillons en résidence de création, depuis le 5 janvier dernier. Son travail sera présenté lors du vernissage, le 5 février dès 17h. L’exposition se déroulera jusqu’au 28 février.

« L’apocalypse, c’est pas la fin du monde, c’est juste l’épuisement du sens et de l’événement : plus rien jamais n’advient, même dans la frénésie épidermique de nouveau qui s’est emparée de nos sociétés. Le présent a tout englouti et nous flottons comme des mouches à sa surface gluante, à ne plus savoir quoi inventer pour nous divertir, puisque l’art et la culture ne nous servent plus qu’à ça.

Mais après l’apocalypse, il y a encore une vie, celle de l’artiste et celle de l’oeuvre qui a l’insolence des faits et ainsi tutoie l’éternité: rien ne pourra jamais effacer le fait que le coup d’éclat artistico-politique et mystico-symbolique du Roi de L’Anse ait eu lieu. Rien ne pourra jamais faire qu’il n’ait troué le réel. Rien n’abolira cette souveraineté d’un individu qui s’est enfin fait sujet, mais au nom d’une collectivité, sujet dans le plein sens du terme c’est-à-dire aussi objet — de discussion, par exemple, ou de dérision, comme il arrive à toutes les royautés. Car sujet, dans ce cas, veut dire roi. Et roi, en l’occurrence, signifie serviteur. De la petite communauté saguenéenne qui l’a élu. Mais aussi, comme tout artiste véritable, serviteur de son oeuvre. Et sur cette passion moderne qui fait de l’individu un martyr (d’un mot grec qui veut dire «témoin» et non simplement victime) l’apocalypse du présent n’a pas de prise.

L’homme qui a donné une couronne à la modeste Rrose Sélavy, l’artiste qui, à la suite de Duchamp, mais de façon plus large, plus radicale, a pratiqué l’autofiction avant que cela ne devienne une manie postmoderne, le roi déçu relance la question du sens par une mise en regard, un jeu souverain sur la référence et cette imperturbabilité — qui déjà caractérisait la ‘Pataphysique’ — où l’acteur met en jeu son jeu même en lui donnant tous les traits de l’énigme.

Ici, Denys Tremblay se souvient de son avenir en imaginant son passé. » Jean-Pierre Vidal

Originaire de Chicoutimi, Denys Tremblay aura su faire sa place dans l’imaginaire des gens d’ici, tant sur la scène culturelle que politique, artistique et sociale. Docteur en art plastique, professeur émérite de l’UQAC, commissaire d’événement international et plus encore, l’artiste ne cesse de surprendre son auditoire par des projets d’envergure, créatifs et innovateurs. Du sauvetage de la maison d’Arthur Villeneuve où il a su mobiliser les différents paliers gouvernementaux, en passant par l’Illustre Inconnu jusqu’au Roi de L’Anse St-Jean, Denys Tremblay aura grandement contribué à assurer la pérennité d’une culture régionale, celle du Saguenay-Lac- St-Jean. Il nous présente cette fois, une réflexion décapante sur la création d’aujourd’hui et sa création de demain. À noter que l’artiste est également en exposition à la Pulperie de Chicoutimi et ce, jusqu’au 10 avril 2010.

Abonnez-vous au bulletin du Réseau art Actuel