La vue que l’on a dépend de l’endroit où l’on naît …

Marie-Ève G. Rabbath
Vernissage le dimanche 23 janvier à 14 h
Conférence et débat social sur le thème du Tibet à 15 h 30

Artiste en arts visuels, Marie-Ève Rabbath est également psychologue et c’est dans le cadre de cette profession qu’elle est entrée en contact avec des drames humains lorsqu’elle oeuvrait dans l’organisme Médecins sans frontières. La nouvelle installation qu’elle expose se présente comme une transposition esthétique des émotions qu’elle a éprouvées dans les pays dits en voie de développement dans lesquels règnent les inégalités sociales les plus criantes et la violation fragrante des droits humains.

« Quoique j’aie pu être touchée par ces événements, un monde me sépare de cette femme, là-bas, qui a mon âge, les mêmes aspirations que les miennes, le même goût de vivre…mais moi, par contre, j’ai toujours le choix de repartir…quelle faute a-t-elle commise? Simplement, elle n’a pas eu la chance de naître là où je suis née. »

Marie-Ève Rabbath recourt au symbolisme de la chaise qui représente la stabilité, voire l’immobilisme, comme dans le poème Les assis de Rimbaud ou la précarité d’une situation, comme dans l’expression « assis entre deux chaises ». Mais, de même que dans le travail psychanalytique sur les rêves, les interprétations que chacun peut faire du concept « chaise » , tel qu’il est opéré par Marie-Ève Rabbath, ne sont ni vraies, ni fausses, elles manifestent au contraire la richesse du propos de l’artiste. Ainsi la chaise se substitue à l’image devenue banale de l’échelle sociale, mais elle représente aussi cette pièce de mobilier qui semble une nécessité dans les pays industrialisés mais qui est un luxe encore inaccessible pour bien des habitants du tiers-monde.

Les hautes chaises sont pour les riches et les petites aux pieds tordus sont pour les pauvres qui regardent le soleil passer à travers la réalité des nantis. Marie-Ève Rabbath se penche, en particulier, sur l’exemple du peuple tibétain dont les richesses naturelles sont spoliées par l’envahisseur chinois qui prive cette nation vouée à la spiritualité à la fois de contacts avec l’étranger et de sa culture traditionnelle. La procréation des femmes est également contrôlée et c’est ce dont rendent compte les empilements de petites chaises qui se lisent comme des statistiques. L’installation nous invite à la fois à prendre conscience des abus qui se commettent dans le monde et à apprécier le bonheur matériel dont nous jouissons ici.

Marie-Ève Rabbath a participé à de nombreuses expositions collectives. Elle a exposé en solo des installations à la galerie Maraya à Beyrouth en 2000, au Vieux-Palais à Saint-Jérôme en 2001 et à la Maison de la culture à Mont-Laurier en 2002. Ses œuvres font partie de la collection de la ville de Savigny-Le-Temple en France, de la ville de Verdun et du Conseil de la culture des Laurentides.

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