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Ismaïl Bahri, James Benning, Ralitsa Doncheva et Miriam Sampaio

Vernissage le vendredi 7 septembre à 17 h à Dazibao

IIsmaïl Bahri

Comme en périphérie du regard puisque souvent ce qui interpelle se situe hors champ, les œuvres d’Ismaïl Bahri, James Benning, Ralitsa Doncheva et Miriam Sampaio réunies ici documentent soigneusement l’occupation d’un lieu qui serait pour des motifs tant politiques que personnels seul témoin, voire légataire, d’évènements passés ou anticipés, figurant un exil souhaité ou imposé, permanent ou passager.

Dénouement (2011) donne à voir une image comme une page blanche, scindée en deux d’un trait noir agité par de petites vibrations. Lentement, dans une profondeur de champ minimale et réduite au centre de l’image, se révèle un paysage enneigé dans lequel se tient un personnage lointain tiré vers nous par une ficelle. Progressivement, l’arrière-plan oblitère complètement l’espace du paysage et ne reste plus que l’image d’un enchevêtrement de ficelle et de mains. Ce nœud final, qui conclut Dénouement, figure avec finesse que toute représentation recèle des espaces temporels insoupçonnés ou des détails cachés… mais pourrait aussi induire qu’en toutes choses un rapprochement est possible.

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James Benning

Entre l’été 2007 et 2008, Benning construit la réplique de deux cabines emblématiques : celle d’Henry David Thoreau, un philosophe, naturaliste et poète américain reconnu pour sa position antiségrégationniste et son mode de vie qui inspire encore les adeptes de la simplicité volontaire, et celle de Theodore John Kaczynski (le «Unabomber»), un mathématicien, militant écologiste et néoluddite accusé d’avoir commis 16 attentats sur presque 20 ans, causant plusieurs morts et blessés.

L’œuvre Two Cabins (2011) juxtapose très simplement la vue d’une fenêtre de chacune des deux cabanes et, bien qu’à première vue ce soit la valeur transcendantale de la nature qui semble invoquée, ce sont symboliquement certains principes fondamentaux propres à la culture américaine qui sont incarnés et confrontés par ces images: la portée, le sens et les limites de la liberté individuelle, le rapport entre la démocratie et la désobéissance civile, entre l’évolution technologique et la protection de l’environnement.

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Ralitsa Doncheva

Avec le programme (almost) impossible worlds Ralitsa Doncheva propose trois œuvres qui explorent l’espace entre le réel et l’imaginaire, le passé et le présent, à la recherche de nouvelles significations. Par leurs vibrantes textures granuleuses et la douceur de la lumière, ses films induisent une méditation intérieure sur la fragilité et l’impermanence de nos identités et de nos sentiments.

Desert Islands (2018) tisse un mouvement en spirale, dérive entre des lieux et des histoires, des images et des sons, tant personnels que collectifs pour tenter de créer une connexion entre le présent et le passé.

Baba Dana Talks To The Wolves (2016) est un portrait impressionniste de Baba Dana, une femme de 85 ans qui a choisi de passer sa vie dans la montagne, loin des habitants et des villes, dans l’un des plus anciens monastères de Bulgarie. Il n’y a pas de loups dans ce film. Il n’y a plus de loups en Bulgarie.

Composé à partir d’images issues de films documentaires ukrainiens des années 1970 et de films de propagande communistes, Unfortunately It Was Paradise (2013) cherche à créer une expérience hypnotique qui dans une progression en boucle simule le cycle d’une vie. Troublant de familiarité – et pourtant anonyme – le film suscite à la fois un sentiment de présence et d’absence.

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Miriam Sampaio

L’installation I am the Daughter of Dead-fathers (2018) présente des images tournées dans le centre de détention de l’ancienne police d’état portugaise, la PIDE, à Lisbonne, tout juste avant que celui-ci ne soit rénové pour être transformé en appartements de luxe. Sampaio détaille les vestiges de cet espace où les antifascistes ont été interrogés et vraisemblablement torturés, et où elle soupçonne son propre père d’avoir été détenu dans les années soixante.

Initialement en format Super 8, puis reproduites sur 16mm, recadrées et parfois même inondées de lumière, les images finales explorent différentes temporalités matérielles, révèlent des couches invisibles, introduisant les récits spectraux d’une histoire politique – et familiale – traumatique en tentant de rebâtir dans l’espace d’exposition un lieu alternatif.

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